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La meunerie passe à la haute technologie
Une usine de transformation alimentaire en Zambie, soutenue par la Chine, accroît la sécurité alimentaire et facilite le transfert de technologie.
La farine de maïs reste extrêmement populaire dans une grande partie de l’Afrique orientale et australe. Beaucoup mangent deux ou trois fois par jour de ce produit phare communément appelé nshima en Zambie, nsima au Malawi, sadza au Zimbabwe, papa ou pap en Afrique du Sud et au Lesotho, et ugali au Kenya.
Selon un rapport intitulé Africa Maize Market – Growth, Trends, COVID-19 Impact, and Forecasts (2022-27), le continent consomme 30 % du maïs produit dans le monde, l’Afrique subsaharienne représentant à elle seule 21 % de la consommation. L’application de technologies de pointe dans les usines de mouture est essentielle pour garantir la disponibilité de produits à base de maïs abordables sur le continent.
L’Université de Zambie (UNZA) a récemment lancé la production de farines à l’aide de son usine de mouture ultra-moderne financée par le gouvernement chinois. La direction de l’UNZA a révélé que ce projet servirait deux objectifs : le développement de programmes universitaires en science de la mouture, qui ne sont proposés que par l’Afrique du Sud et le Kenya dans la région, ainsi que la transformation du maïs en produits à base pour générer des revenus.
Une farine abordable
En 2017, le gouvernement zambien a décidé d’allouer l’usine financée par la Chine à l’université dans le cadre de l’initiative présidentielle de meunerie. Deux autres usines sont situées à Mpika dans le nord du pays et à Monze dans le sud. Les trois usines sont le résultat d’un accord signé par les dirigeants des deux pays lorsque l’ancien Président Edgar Lungu s’est rendu en Chine en 2015.
L’université a ouvert un point de vente sur son campus à Lusaka, capitale de la Zambie, pour vendre de la farine de maïs ainsi que d’autres produits céréaliers comme le son de maïs. « Avoir un point de vente de farine de maïs au sein de l’UNZA est une initiative bien pensée, car cela permet à la plupart d’entre nous, étudiants, d’avoir accès à des produits abordables sur le campus. C’est aussi une décision bienvenue car elle élargira notre horizon de recherche », a partagé Monica Chomba, étudiante en deuxième année à l’École d’ingénierie, à CHINAFRIQUE.
Par rapport au prix local de 150 kwachas zambiens (9,25 dollars) par sac de farine de maïs de 25 kg, l’usine vend sa farine de petit-déjeuner à un prix inférieur à 135 kwachas zambiens (8,32 dollars) par sac de 25 kg. La meunerie a une capacité de production de 40 tonnes de farine de maïs par jour.
Daniel Simate, propriétaire d’une épicerie à Lusaka, a bon espoir que la minoterie de l’UNZA contribuera à faire baisser les prix des produits céréaliers vendus dans la région. « Étant donné que le point de vente de l’UNZA est le moins cher de la ville, de nombreux autres meuniers seront obligés de proposer des prix plus compétitifs », a-t-il souligné.
Selon l’ancien vice-chancelier de l’UNZA, Luke Mumba, l’aide de la Chine à la minoterie aurait des retombées positives pour les personnes vivant à proximité, car elle créera des emplois, fournira un marché prêt pour les agriculteurs, améliorera les moyens de subsistance des communautés environnantes et deviendra une source de revenu fiscal pour le gouvernement. M. Mumba révèle que l’usine, qui a été achevée l’année dernière, a été testée et évaluée pour son efficacité et son efficience.
Développement des compétences
En comparaison des 1 000 meuneries à énergie solaire qui ont été installées dans diverses parties de la nation d’Afrique australe depuis 2015, l’usine de l’UNZA est unique en ce sens qu’elle devrait améliorer les compétences des étudiants du campus de Great East Road. Selon les experts en éducation, une carrière en science et gestion de la minoterie offre de grandes opportunités car la demande de produits reste élevée dans le pays.
Moffat Goma, un académicien local, explique qu’avec un diplôme en science de la meunerie, les étudiants peuvent choisir de poursuivre une carrière dans la production ou d’entrer dans les domaines de la recherche et du développement ou du contrôle qualité. « Si ce cours est introduit à l’UNZA, il offrira à la fois des opportunités professionnelles et académiques qui contribueront grandement à améliorer nos capacités de recherche dans la production et la chaîne de valeur des céréales. Les domaines clés de la science de la meunerie comprennent l’utilisation du laboratoire de classement des grains du département, des laboratoires de chimie des céréales et des laboratoires d’essais de pâte, entre autres », a-t-il indiqué.
Lors d’une récente réunion avec la vice-chancelière par intérim de l’UNZA, Anne Sikwibele, l’ambassadeur de Chine en Zambie, Du Xiaohui, a souligné que l’ambassade était disposée à prendre en charge la mise en œuvre des neuf programmes de coopération sino-africaine proposés par le Président chinois Xi Jinping, y compris le renforcement des capacités et les échanges humains et culturels. Ceci afin d’aider la Zambie à cultiver des talents exceptionnels dans divers domaines en co-créant des instituts Confucius, en offrant des bourses, en menant divers programmes de formation et en aidant à libérer les ressources humaines et le développement socio-économique de la Zambie.
De son côté, Mme Sikwibele a remercié la Chine pour son soutien et a souhaité approfondir la coopération avec l’ambassade pour promouvoir les échanges éducatifs et culturels entre la Zambie et la Chine.
Avec un investissement de 26 millions de kwachas zambiens (1,6 million de dollars), la meunerie de l’UNZA contribuera à la sécurité alimentaire du pays grâce à la transformation du maïs en produits de base, et aidera à établir des programmes de science de la minoterie qui amélioreront le transfert de technologie dans l’industrie agroalimentaire zambienne.
Source:Chinafrique |