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La 8e Conférence ministérielle du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA), qui s’est tenue fin novembre 2021 au Sénégal, a donné le cap du développement des relations sino-africaines au cours des trois prochaines années et au-delà. À cette occasion, Abdallah Abdillahi Miguil, doyen par intérim du Corps diplomatique africain et Ambassadeur de Djibouti en Chine, a accordé une entrevue à La Chine au présent et s’est exprimé sur la tenue du FCSA à Dakar et sur les relations sino-africaines.
La Chine au présent: La 8e Conférence ministérielle du FCSA s’est tenue à Dakar du 29 au 30 novembre. Les réalisations dans le développement des relations sino-africaines depuis le Sommet de Beijing ont été passées en revue et la direction du développement des relations au cours des trois prochaines années et au-delà a été planifiée. Que pensez-vous des acquis de cette rencontre ? Quels aspects spécifiques ont particulièrement attiré votre attention ?
Abdallah Abdillahi Miguil: Les résultats obtenus sont à la hauteur de nos espérances et de nos attentes. Pour la première fois, le Groupe des Ambassadeurs africains en Chine a pleinement travaillé avec le ministère des Affaires étrangères, particulièrement son département des affaires d’Afrique et le ministère du Commerce pour la mise en œuvre des « huit initiatives majeures », fait le bilan des résultats obtenus au Sommet de Beijing, mais également en réfléchissant aux grands projets et orientations de notre coopération prioritaires. Le discours du Président chinois Xi Jinping a tracé les grandes lignes et les priorités du FCSA en citant particulièrement beaucoup de points, à savoir : la lutte contre la COVID-19 (la Chine s’est engagée solennellement à fournir un milliard de doses supplémentaires de vaccins anti-COVID à l’Afrique), la réduction de la pauvreté et le renforcement de la coopération numérique, la promotion du développement vert et le maintien de l’équité et de la justice.
Dans la perspective de la Vision 2035 de la Coopération Chine-Afrique, la Chine s’est engagée solidairement avec les pays africains avec neuf programmes allant de la santé, de la réduction de la pauvreté, du développement de l’agriculture, de la promotion du commerce, de la promotion de l’investissement, de l’innovation numérique, du développement vert, du renforcement des capacités, des échanges humains et culturels ainsi que de la paix et de la sécurité. Par ces dispositions, la République Populaire de Chine a spécifié clairement les différents projets qu’elle compte mettre en œuvre et ce en étroite collaboration et coopération avec les pays africains à travers la plateforme du FCSA. Je qualifierai personnellement notre coopération avec la Chine de dynamique, amicale, sincère et qui reflète parfaitement nos priorités africaines. Ainsi, nous comptons pouvoir renforcer davantage cette coopération par la mise en place d’un mécanisme permanent de concertation et de suivi des engagements et des résultats obtenus lors de la 8e Conférence Ministérielle du FCSA à Dakar, mais également en réfléchissant à la 9e conférence qui se tiendra dans trois ans.
Quelle importance la tenue du Forum de Dakar a-t-elle pour la coopération sino-africaine à l’avenir ? En tant que doyen par intérim du Corps diplomatique africain et Ambassadeur de Djibouti en Chine, comment comptez-vous favoriser la mise en œuvre des engagements et des initiatives pris au cours de cette réunion ?
Le FCSA épouse parfaitement les priorités de la Vision 2063 de l’Union africaine (UA) et le travail entamé aujourd’hui par les deux parties va dans ce sens. Nous pensons continuer à l’avenir dans un esprit d’amitié et de renforcement de nos liens afin que tout ce travail important réalisé depuis ces 2 dernières décennies puisse permettre à l’Afrique de concrétiser ses aspirations et ambitions en 2063 en atteignant un niveau de développement qui pourra lui permettre d’être en concurrence sur tous les plans avec les autres continents. Cette locomotive Chine-Afrique du FCSA sera un puissant moteur qui va indéniablement réduire la pauvreté et les effets du réchauffement climatique qui touchent de plus en plus notre continent.
C’est dans cet esprit que j’ai initié moi-même au nom du Groupe des Ambassadeurs africains un symposium qui se tiendra le 18 janvier à Beijing en collaboration étroite avec le ministère chinois des Affaires étrangères et la Représentation des Nations unies sur le plan technique. Ce symposium nous permettra de réfléchir techniquement à l’opérationnalisation et à la mise en œuvre des résultats obtenus lors de la 8e Conférence ministérielle du FCSA et ce dans l’objectif de garder intacte cette flamme, mais également à réfléchir sur la façon et le comment d’impliquer le Système des Nations unies, qui est par essence l’émanation de nos États et ce par le biais de ses représentations au niveau des pays dans le renforcement des capacités des récipiendaires.
Djibouti a été l’un des premiers pays africains à répondre à l’initiative « la Ceinture et la Route ». À l’heure actuelle, quels résultats les deux pays ont-ils obtenus dans le cadre de cette initiative ? Quels sont les projets en cours et à venir ?
Effectivement, en juin 2012, le Président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, était venu en Chine sur invitation du Président chinois en vue de participer à la 5e Conférence ministérielle du FCSA et avait signé à cette occasion un accord de partenariat stratégique avec la Chine, faisant de Djibouti l’un des premiers pays africains à répondre à cette initiative. Dès lors, beaucoup de projets ont été initiés à Djibouti tels que la construction des ports, du premier chemin de fer électrique en Afrique reliant Djibouti à l’Éthiopie, de la plus grande zone franche en Afrique etc….
Présentement, nous sommes en train de travailler davantage afin que dans le cadre du FCSA, la place financière et bancaire de Djibouti puisse capter une partie des flux financiers importants entre la Chine et l’Afrique du fait de sa monnaie nationale indexé au dollar américain depuis 1947 à un taux de change fixe sans fluctuation ni dévaluation. Dans ce sens, Djibouti abrite depuis peu une branche de Bank of China. D’autre part, nous sommes également en train de travailler pour attirer le maximum d’entreprises chinoises dans notre plus grande zone franche en Afrique. L’ambition qui nous anime nous Djiboutiens est de faire de Djibouti le meilleur endroit où les Africains pourront venir acheter les produits chinois plus facilement et sans contrainte.
L’autre engagement avec la construction de tous ces ports que nous avons construits et que nous sommes en train de construire, c’est de faire de Djibouti un centre du trafic maritime international par l’opérationnalisation de notre objectif d’être un hub de transbordement et une base logistique en captant une partie du cargo transitant par le Bab El Mandeb pour tous les produits chinois à l’endroit de l’Europe, du Moyen-Orient et de l’Afrique et vice-versa.
Depuis 2011, vous êtes en poste en Chine. Vous y avez visité de nombreuses villes et été le témoin de l’évolution et des changements du pays au cours de ces dix dernières années. Quels sont ceux qui vous ont le plus touché ? Comment expliquez-vous ces changements ?
La Chine est un grand pays continent. Le développement initié par les autorités chinoises m’a fortement impressionné sur le plan des infrastructures tels que les routes, les rails, les aéroports, les ports, etc…. et au niveau social, la construction des logements, l’éducation, la formation professionnelle et la couverture sanitaire et ce pour une population qui avoisine aujourd’hui 1,4 milliard de personnes mais aussi au niveau industriel et de la recherche dans son ensemble. La Chine a fait un grand bond en avant très important sur tous les plans, depuis surtout ces 40 dernières années.
Certaines personnes pensent que la faiblesse de l’Afrique réside dans le fait que le continent est constitué de 54 pays, mais ce que les gens ne comprennent pas, c’est que cette diversité est une richesse pour nous et nous sommes en train de réunir toutes nos forces à travers le parapluie de l’UA afin que nous puissions parler d’une seule voix pour concurrencer sur un même pied d’égalité les autres puissances continentales. Le développement de la Chine est pour nous une source d’inspiration. La Chine a un leadership visionnaire et patriote qui a mis en place une gouvernance puissante au service de son pays et de son peuple tout en érigeant la lutte contre la corruption et la pauvreté en priorités nationales et qui a réveillé l’esprit patriotique et nationaliste des Chinois pour que tout le monde puisse travailler au profit du pays dans un esprit nationaliste. Honnêtement, il m’est impossible d’énumérer et de lister toutes les réalisations positives de la Chine.
Source:La Chine au Présent |