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Le dialogue stratégique Chine-France insuffle une énergie positive aux relations sino-européennes

French.china.org.cn | Mis à jour le 18. 01. 2022 | Mots clés : Chine,France

Le 13 janvier, durant sa visite en Chine, Emmanuel Bonne, conseiller diplomatique du président français Emmanuel Macron, s’est entretenu en vidéoconférence avec le vice-président chinois Wang Qishan et le vice-premier ministre Liu He. Il a également coprésidé le 22e dialogue stratégique sino-français avec le ministre chinois des Affaires étrangères et membre du Conseil d’État Wang Yi à Wuxi, donnant à la relation sino-française un bon départ en ce début d’année 2022 et insufflant une énergie positive au développement des relations entre la Chine et l’Europe.

Les deux pays ont à l’ordre du jour plusieurs événements politiques et diplomatiques de premier plan en 2022. En Chine, le 20e Congrès national du Parti communiste chinois se tiendra au deuxième semestre et les Jeux olympiques d’hiver de Beijing seront inaugurés en février. Côté français, le pays assurera la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne au premier semestre, 13 ans après son dernier mandat à ce poste. En cette période importante, les deux pays ont voulu communiquer tôt sur les questions clés de leurs relations bilatérales et définir l’orientation des relations entre la Chine et l'Union européenne, ce qui explique la date avancée et l’importance spéciale du dialogue stratégique par rapport aux années précédentes.

Dans le contexte de la pandémie de COVID-19 et de changements que le monde n’avait pas connus en un siècle, le voyage de M. Bonne en Chine a mis une nouvelle fois en évidence la perspective ouverte et pragmatique de la France à l’égard de la Chine. Depuis la Seconde Guerre mondiale, la France s’est imposée comme un pays contribuant à l’équilibre des puissances. Charles de Gaulle a refusé l’opposition de blocs de la guerre froide et a été le premier chef d’État d’un grand pays occidental à reconnaître la nouvelle Chine, créant ainsi une « troisième voie » entre les États-Unis et l’Union soviétique. En 2003, Jacques Chirac s’est illustré en s’opposant à la guerre en Irak et ainsi à l’hégémonie des États-Unis, et a ouvert une décennie d’or des relations sino-françaises.

Emmanuel Macron, qui est arrivé au pouvoir en 2017, est un héritier de la doctrine gaulliste en matière de diplomatie et porte un regard indépendant sur l’ordre international et les relations entre grandes puissances. Il a évoqué « la fin de l’hégémonie occidentale » et a décrit la montée en puissance de la Chine comme un événement qui change le monde et qui façonnera la vie d’une génération. En tant que force d’équilibre, la France préfère le dialogue à la confrontation et ouvre la voie à l’élaboration d’un « partenariat sino-européen du XXIe siècle ». Emmanuel Macron avait émis le souhait au début de son mandat de se rendre en Chine au moins une fois par an, et s’il n’a pu le faire en raison de la pandémie, il a maintenu une communication étroite avec les plus hauts dirigeants chinois, participant à sept vidéoconférences en deux ans et deux réunions en vidéoconférence avec le président chinois Xi Jinping et l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel. Après son arrivée à la Maison-Blanche, le président américain Joe Biden a exhorté ses alliés européens à s’unir pour « contenir la Chine ». Le président français a réfuté à plusieurs reprises ce raisonnement de guerre froide durant des rencontres internationales, en soulignant que la Chine est un partenaire important en matière de gouvernance mondiale.

2022, année clé de la coopération sino-française et sino-européenne

L’année 2022 sera tout d’abord cruciale dans la sphère politique. La Chine et la France sont toutes deux parmi les pays membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies et ont un rôle important à jouer dans la promotion de la paix et de la sécurité internationales en prônant le renforcement de la confiance mutuelle stratégique et en s’opposant à la confrontation et à la rivalité entre la Chine et l’Europe. La Chine continuera à soutenir la France en faveur de l’autonomie stratégique européenne, et la France s’est engagée à continuer de mener une politique active vis-à-vis de la Chine au sein de l’UE. Au cours de sa visite, Emmanuel Bonne a souligné que la France était opposée à la politisation du sport et qu’elle adhérait au principe d’une seule Chine sur les questions liées à Taiwan.

Deuxièmement, l’année 2022 revêt une importance de taille en matière d’économie et de commerce. En réponse à la pandémie, le gouvernement français a défini un plan de développement de la France visant à accélérer la reprise et améliorer le marché de l’emploi. Il a notamment proposé des plans économiques nommés « France Relance » et « France 2030 » pour promouvoir une croissance économique innovante. Le pays a fait vœu de redoubler ses efforts en matière de développement pendant sa présidence du Conseil de l’UE. La présidence française de l’UE est pour le pays l’occasion de souligner la nécessité d’accélérer la stratégie de transition écologique et numérique de l’économie européenne. Ces initiatives s’inscrivent également dans le cadre du 14e plan quinquennal et des objectifs de long terme à l’horizon 2035 de la Chine. Au cours de leur dialogue stratégique, les deux parties sont convenues d’approfondir la coopération dans plusieurs domaines, notamment l’énergie nucléaire, l’aviation, l’aérospatiale, l’agroalimentaire et les marchés dans des pays tiers, ainsi que d’explorer une coopération dans des domaines émergents tels que l’informatique en nuage et les grandes données.

Troisièmement, l’année 2022 comptera dans la sphère multilatérale. Emmanuel Macron a souligné à plusieurs reprises que la Chine et la France ont des points de vue similaires sur les grandes questions internationales et a proposé une coopération sur mesure avec la Chine pour ouvrir la voie à un multilatéralisme de type nouveau. Ces dernières années, la Chine et la France ont renforcé leur coordination dans la lutte mondiale contre la pandémie et contre le changement climatique, en faveur de la protection de la biodiversité et de l’allègement de la dette africaine. Dans les années à venir, la Chine, la France et l’Union européenne poursuivront le renforcement de leur coopération pour les enjeux multilatéraux et continueront à jouer un rôle de premier plan dans la gouvernance mondiale.

Toutefois, les relations sino-françaises et sino-européennes présentent également de nombreux défis. L’opinion publique en faveur d’Emmanuel Macron reste stable et sa réélection est attendue, mais dans le contexte d’une grave pandémie et de perspectives incertaines en matière de reprise économique, les tensions sociales et la lutte entre les partis politiques en France s’intensifient, ce qui rend incertain le résultat des prochaines élections. En Allemagne, le départ de la chancelière Angela Merkel a vu la stabilité de la politique intérieure et de la politique extérieure du pays diminuer considérablement, ce qui pourrait avoir pour effet d’affaiblir l’axe franco-allemand. Reste donc à voir si les deux pays parviennent ensemble à maintenir leur rôle stabilisateur dans les relations sino-européennes.

L’administration Biden aux États-Unis poursuit ses efforts antichinois, et l’Europe fait encore preuve d’une indépendance diplomatique limitée vis-à-vis du pays, ce qui peut donner lieu à une plus grande coordination avec les États-Unis sur les questions liées à la Chine. En outre, certains États membres de l’UE et certains responsables politiques tentent à des fins personnelles de remettre en question la souveraineté de la Chine, ce qui entraîne des frictions constantes entre la Chine et l’Europe sur des questions sensibles liées à Taiwan, à Hong Kong, au Xinjiang et au Tibet. Ces tensions sont susceptibles de créer des obstacles à une partie du programme de coopération entre la Chine et l’Union européenne.

Dans l’ensemble, il existe plus de points communs que de différences entre la Chine et la France, et les opportunités de coopération l’emportent sur les défis. L’esprit d'ouverture et le pragmatisme manifestés dans le dialogue stratégique sino-français devraient conduire à un développement sain et stable des relations sino-européennes et à la prospérité commune de la Chine, de la France et de l’Europe.


Par Mu Yangzi, assistant-chercheur à l’Institut d’études européennes de l’Institut chinois des relations internationales contemporaines. L'auteur est seul responsable des opinions exprimées dans ce texte. Le site French.china.org.cn ne pourra en aucun cas être tenu pour responsable de son contenu.


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Source:french.china.org.cn