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Wang Kun, directeur adjoint de la Faculté des études françaises et francophones de l’Université des langues étrangères de Beijing
En 2021, la pandémie n’a pas disparu, l’impasse entre la Chine et les États-Unis a pris un nouveau tour et les relations sino-européennes ont vu les espoirs coexister avec les difficultés. Les relations sino-françaises ont résisté aux épreuves de l’année et ont conservé un ton stable et positif, avec de nombreux points forts qui méritent notre attention.
Face à l’évolution rapide de la situation internationale, les dirigeants chinois et français ont échangé à quatre reprises en vidéoconférence et par téléphone dans des cadres bilatéraux et multilatéraux ; ils ont maintenu une communication étroite en temps opportun sur les questions majeures. Cela a fourni un leadership stratégique aux relations bilatérales et assuré une certaine stabilité sur la scène internationale.
Le partenariat stratégique global sino-français s’approfondit continuellement et donne des résultats tangibles. La coopération dans les domaines traditionnels de l’énergie nucléaire civile, de l’aérospatiale et des produits agricoles et alimentaires s’est consolidée, et elle s’est étendue en matière d’intelligence artificielle, de biopharmacie et d’affaires maritimes.
La question du changement climatique et de la conservation de la biodiversité a été l’un des grands sujets des échanges bilatéraux cette année. La Chine et la France ont réaffirmé leur soutien mutuel et leur collaboration lors du Congrès mondial de la nature de l’UICN à Marseille, à l’occasion de la 15e Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique à Kunming et de la 26e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques à Glasgow.
En tant que pays dont les capitales seront hôtes des Jeux olympiques d’hiver de 2022 et des Jeux olympiques d’été de 2024, la Chine et la France ont une coopération dans le domaine des sports et des compétitions qui est digne d’attention et d’attentes.
Réduire les malentendus et gérer les différences
Le leadership dans l’Union européenne est en train de changer avec le départ de la chancelière allemande Angela Merkel et le retour de la France à la présidence tournante du Conseil de l’UE, 13 ans après son dernier mandat à ce poste. Dans ce contexte, l’importance des affaires européennes dans les relations sino-françaises s’élève. En mars, la Chine a imposé des sanctions visant dix individus et quatre entités pour avoir malicieusement répandu des mensonges et de la désinformation dans l’UE, en raison de propos erronés tenus par certains représentants politiques européens sur des questions liées au Xinjiang, à Hong Kong et à Taiwan. La visite de quelques politiciens français à Taiwan, qui ne saurait être fortuite, et l’ingérence flagrante de certains médias dans les affaires intérieures de la Chine ont entraîné un degré d’instabilité et de discorde dans les relations sino-françaises et sino-européennes.
Pour remédier à cette situation, les deux parties ont communiqué en temps opportun, en cherchant à éliminer les malentendus et à gérer les différences. La Chine a réitéré sa position sur le principe d’une seule Chine et a souligné que la réalisation de la réunification complète du pays est dans l’intérêt supérieur de la paix et de la stabilité régionales, tout en saluant l’adhésion de la France au principe central de la coopération sino-européenne. La partie française préconise une approche constructive du développement des relations Chine-UE et s’engage à jouer un rôle de premier plan dans la bonne gestion et la résolution des différends en renforçant le dialogue à tous les niveaux. La Chine a tenu deux réunions en ligne avec le président français et la chancelière allemande, durant lesquelles elle a souligné que la Chine et l’Europe sont des partenaires stratégiques globaux et non des concurrents ; elle a appelé la France à jouer un rôle actif dans le maintien de la communication et du dialogue de haut niveau, l’amélioration de la compréhension et de la confiance mutuelle, et le renforcement de la direction politique, afin de garantir la stabilité et la portée des relations sino-européennes.
Un bon développement des relations économiques et commerciales
La Chine et la France sont d’importants partenaires commerciaux qui approfondissent depuis 2015 leur coopération dans les domaines de l’énergie nucléaire civile, de l’aérospatiale, de la biomédecine, de l’agriculture, de la culture et de l’innovation. La Chine a été le pays d’Asie qui a le plus investi en France pendant plusieurs années consécutives, créant plusieurs milliers d’emplois dans des coentreprises sino-françaises. Il y a plus de 1 300 entreprises françaises en Chine. Depuis le début de la pandémie, la tendance des échanges commerciaux entre la France et la Chine a commencé à s’inverser, certaines entreprises françaises connaissant une croissance sans précédent sur le marché chinois. Le partenariat stratégique global sino-français enregistre sans cesse de nouveaux progrès.
En 2021, les deux parties se sont attachées à répondre aux besoins de leurs entreprises et de leurs populations, en déployant le potentiel de coopération dans les domaines de la connectivité, de la technologie numérique, de la protection de l’environnement, de l’innovation scientifique et technologique et de la santé, et en élargissant le champ de la coopération bilatérale. Le 27 mai, le vice-Premier ministre chinois Hu Chunhua et le ministre français de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire ont discuté en vidéoconférence des priorités de la coopération économique et commerciale sino-française dans la nouvelle ère, et de l’approfondissement de la coopération dans le commerce, l’investissement, la finance, l’agriculture moderne et l’économie numérique. Le 28 juin, le président français Emmanuel Macron, à l’occasion d’une visite d’usine du constructeur automobile Renault près de la ville septentrionale de Douai, a salué l’investissement réalisé par une succursale du groupe chinois Envision en vue de la construction d’une usine de batteries à proximité. La France et la Chine ont des intérêts communs dans les domaines de l’innovation scientifique et technologique, de l’investissement, de l’économie, de la finance et des activités bancaires, et les deux pays se sont engagés dans une coopération étendue. En outre, la France a manifesté un grand intérêt cette année pour la première Foire de Hainan consacrée aux biens de consommation et à la 4e Exposition internationale d’importation de la Chine (CIIE), et le nombre de trains de marchandises se rendant en France depuis différentes régions de Chine est en augmentation.
Le retour en force des échanges humains
L’année 2021 a été marquée par une reprise progressive des échanges culturels ; la coopération dans les domaines de l’éducation, des sciences et de la culture s’est progressivement intensifiée. En février, la Poste française a émis des timbres de célébration de l’année du Buffle à l’occasion du Nouvel An chinois. En mars, le Conseil supérieur de l’audiovisuel français a approuvé la demande de licence de la chaîne chinoise CGTN. Du mois d’avril au mois de juillet, la 15e édition du festival culturel sino-français Croisements a pu se dérouler comme prévu. Cet événement printanier annuel a vu l’organisation d’activités culturelles dans 14 villes de Chine, avec 78 projets couvrant un large éventail de programmes dans les arts visuels, la musique, le théâtre, le cinéma, la danse, la mode, les livres et la pensée.
En outre, des échanges culturels et des séminaires universitaires dans les domaines de l’espace, des sciences et technologies, des langues et du patrimoine culturel ont été organisés en ligne.
Travailler ensemble pour la biodiversité et la réduction des émissions
La coopération sino-française dans les domaines de l’écologie, de la réduction des émissions et des réponses aux changements climatiques ne cesse d’avancer ces dernières années, à la fois au niveau bilatéral et au niveau multilatéral. En juin, la China Datang Corporation et le groupe français EDF ont signé un Accord-cadre de coopération stratégique globale en matière d’écologie et de faible émission de carbone, afin de renforcer leur coopération en Chine et sur les marchés internationaux. En octobre, le 8e mois sino-français de l’Environnement a donné lieu à des activités dans plus de 20 villes chinoises. Du 11 au 15 octobre, la première phase de la 15e Conférence des parties (COP15) de la Convention sur la diversité biologique s'est tenue à Kunming, dans la province du Yunnan. Les chefs d’État chinois et français ont assisté ensemble à l’événement par vidéo.
La partie française a adressé ses félicitations à la partie chinoise pour l’organisation de la conférence et a appelé à une coordination encore plus étroite en vue du sommet des dirigeants du G20 à Rome et de la conférence des Nations Unies sur les changements climatiques à Glasgow. Lors du sommet sur le climat de Glasgow en novembre, la Chine a participé activement à la mise en œuvre de l’Accord de Paris et a apporté sa contribution décisive au lancement du pacte sur le climat de Glasgow. En novembre également, les petites jumelles pandas nées au zoo français de Beauval, symboles de l’amitié sino-française et de la biodiversité, ont été nommées Huan Lili et Yuan Dudu.
Bilan et perspectives
En 2021, les relations sino-françaises sont allées de l’avant, avec une reprise progressive de la coopération dans divers domaines, une communication de haut niveau en temps opportun et une gestion efficace des différences, ce qui a garanti le bon développement des relations bilatérales. Les relations économiques et commerciales se sont approfondies, les domaines de coopération se sont élargis et les échanges humanistes ont retrouvé une dynamique claire. Au niveau international, les deux pays ont promu de manière conjointe la coopération internationale en matière de lutte contre la pandémie et d’aide à la vaccination, se sont unis pour réduire les émissions et lutter contre les changements climatiques, ont soutenu l’allègement de la dette africaine au niveau international et l’aide au développement du continent, ont favorisé les échanges sino-européens, ont appelé à la mise en œuvre rapide de l’accord global sur les investissements Chine-Europe, ont défendu l’ordre international multilatéral, ont encouragé la consultation et la coopération mondiales et ont promu la paix et le développement dans le monde.
En 2022, le développement des relations sino-françaises devra encore composer avec la pandémie, la « diplomatie en nuage » deviendra la norme, et les relations économiques et commerciales devraient évoluer en trajectoire positive malgré les obstacles persistants. Les Jeux olympiques d’hiver de Beijing seront l’occasion pour la Chine de montrer ses réalisations en matière de développement ; la France, en tant qu’hôte des JO de 2024, pourra lui apporter son soutien. Les élections présidentielles françaises créeront un certain suspense et le nouveau gouvernement devrait faire du développement des relations sino-françaises l’une de ses priorités diplomatiques. La présidence française du Conseil de l’UE au premier semestre devrait également être bénéfique aux relations sino-françaises. La France devrait donner la priorité à la relance de l’économie européenne et à l’accord global sur les investissements Chine-UE. Elle devrait aussi mettre en œuvre une transformation verte et numérique, ce qui ouvrira un nouvel espace de coopération avec la Chine dans la protection de l’environnement. Elle devrait mettre l’accent sur la souveraineté européenne et l’autonomie stratégique de l’UE et pourrait adopter une approche conservatrice par rapport à la stratégie de l’OTAN visant à contenir le développement de la Chine.
Source:french.china.org.cn |