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Pourquoi la Lituanie ne cesse-t-elle de contester la ligne fondamentale de la Chine ?

French.china.org.cn | Mis à jour le 12. 08. 2021 | Mots clés : Lituanie
Photo : CFP

Le 10 août, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a annoncé la décision de la Chine de rappeler son ambassadeur en Lituanie. Plus tard dans la soirée, le site officiel du ministère lituanien des Affaires étrangères a publié une réponse indiquant qu’il regrettait la décision de la Chine, mais que tout en respectant le principe d’une seule Chine, il réitérait sa détermination à rechercher des relations mutuellement bénéfiques avec Taiwan, à l’image d’autres pays de l’Union européenne et du reste du monde.

La Chine et la Lituanie ont établi des relations diplomatiques en 1991. Cette année coïncide avec le 30e anniversaire de l’établissement de relations diplomatiques dans un esprit de neutralité. Ces dernières années cependant, les relations auparavant stables entre les deux pays ont radicalement changé.

Cui Hongjian, directeur du département d’études européennes de l’Institut chinois d’études internationales, a déclaré à Beijing News que le changement d’attitude observé à l'égard de la Chine est principalement dû à la politique différente du nouveau gouvernement lituanien, à sa « dépendance sécuritaire » vis-à-vis des États-Unis et à l’évolution de son environnement extérieur. Zhou Yongsheng, professeur à l’Institut des relations internationales de l’Université des affaires étrangères de Chine, a estimé que la Lituanie renforce ses liens avec Taiwan principalement en raison de son alignement politique.

Pourquoi ce changement d’attitude ?

Le 14 septembre 1991, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Tian Zengpei et le premier adjoint du ministre lituanien des Affaires étrangères Valdemaras Katkus ont signé le communiqué conjoint sur l'établissement de relations diplomatiques entre la République populaire de Chine et la République de Lituanie.

Dans ce texte, le gouvernement de la République de Lituanie reconnaît le gouvernement de la République populaire de Chine comme le seul gouvernement légitime de la Chine et Taiwan comme une partie inséparable du territoire chinois. La Lituanie s’engage ainsi à ne pas établir de relations et à ne pas procéder à des échanges entre son gouvernement et Taiwan.

Cui Hongjian a rappelé que les relations diplomatiques entre la Chine et la Lituanie ont été relativement fluides dans le passé. Toutefois, la politique de la Lituanie à l’égard de la Chine a connu quelques changements depuis l’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement.

Selon Xinhua, l’arrivée au pouvoir en octobre 2020 de la coalition dirigée par le parti de centre-droit Union de la patrie - Chrétiens-démocrates lituaniens a donné lieu à un net changement, vers une radicalisation de la politique lituanienne vis-à-vis de la Chine.

En 2017, la Lituanie saluait l’initiative chinoise « la Ceinture et la Route », en souhaitant qu'elle renforce la connectivité entre l’Asie et l’Europe.

Mais en février 2019, le ton a changé. Dans un rapport, les services de sécurité lituaniens ont qualifié la Chine de « menace pour la sécurité nationale ». En juillet suivant, le président Gitanas Nauceda a déclaré qu’il n'était pas favorable à l’attraction d’investissements chinois pour moderniser le port de Klaipeda, car il considérait ceux-ci comme « susceptibles de menacer la sécurité nationale de la Lituanie ».

Cui Hongjian a souligné que le contexte international a beaucoup changé ces dernières années. La concurrence actuelle entre la Chine et les États-Unis fait que ces derniers veulent influencer l’UE par l’intermédiaire des États baltes, également utilisés comme une ligne de front contre la Russie.

Il a indiqué que le changement d’attitude de la Lituanie à l’égard de la Chine ne s’était pas produit soudainement, mais qu’il était le résultat de la combinaison de ces facteurs et de la succession de questions problématiques.

Zhou Yongsheng a déclaré à Beijing News que la Lituanie est venue renforcer ses liens avec Taiwan principalement pour des raisons politiques. Certains pays européens ont critiqué de manière injustifiée Hong Kong pour l’adoption de la loi sur la sécurité nationale et d’autres questions. La mentalité a changé en Lituanie vers un éloignement de la Chine dans cette atmosphère, et les forces de droite ont commencé à glisser vers une rhétorique antichinoise.

Que penser de la réponse du ministère lituanien des Affaires étrangères ?

Le 10 août en fin d’après-midi, le ministère lituanien des Affaires étrangères a publié une déclaration sur son site officiel, indiquant qu’il avait été informé de la décision de la Chine de rappeler son ambassadeur et qu’il regrettait cette décision. Tout en réaffirmant respecter le principe d’une seule Chine, la Lituanie restait déterminée à rechercher des relations mutuellement bénéfiques avec Taiwan, à l’image d’autres pays de l’Union européenne et du reste du monde.

Cui Hongjian a souligné que l’affirmation faite par la Lituanie sur le respect du principe d’une seule Chine ne peut pas être une simple phrase vide. En vertu de ce principe, elle ne peut pas autoriser les autorités taiwanaises à mettre en place un « bureau de représentation » au nom de « Taiwan ». Cette affirmation est un sophisme.

Cette déclaration montre également que la partie lituanienne évalue la réaction de la partie chinoise et n’a pas encore décidé de la prochaine étape. Le gouvernement lituanien n’ose pas violer ouvertement le principe d’une seule Chine ni assumer le coût et les conséquences de la violation de ce principe.

Toutefois, la Lituanie réitère son intention d’établir des relations mutuellement bénéfiques avec Taiwan. En réalité, de nombreux pays qui ont établi des relations diplomatiques avec la Chine entretiennent une coopération économique et commerciale mutuellement bénéfique avec Taiwan, mais cette relation ne peut être qu’économique et commerciale, et ne saurait être élevée au rang de relation gouvernementale. Autoriser Taiwan à établir un soi-disant « bureau de représentation » est une violation inacceptable de la ligne fondamentale de la Chine.

La déclaration mentionne également que la Lituanie est « déterminée à rechercher des relations mutuellement bénéfiques avec Taiwan, à l’image d’autres pays de l’Union européenne et du reste du monde », ce qui consiste, selon Cui Hongjian, en une tentative d’inclure l’UE dans le tableau. Sur la question de Taiwan, les pays de l’UE n’ont pour la plupart pas de contradictions ou de différences avec la Chine, seuls quelques pays se sont individuellement livrés à de « petites manœuvres » occasionnelles. À l'heure actuelle, la Lituanie est le seul pays européen à entrer en telle contradiction avec la Chine à ce niveau gouvernemental. Il est donc peu probable qu’elle puisse entraîner les autres pays de l’UE dans cette affaire.


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Source:french.china.org.cn