Chine-États-Unis : non au jeu d’échecs géopolitique sur l’origine du COVID-19

Nous reprenons ici la tribune de Sun Xi, commentateur chinois indépendant vivant à Singapour.

Afin de mieux comprendre les causes et les conséquences de la pandémie et d’éviter que des crises similaires ne se reproduisent, il est crucial d’identifier l’origine du coronavirus SRAS-CoV-2 à l’origine de la maladie de COVID-19, mais la recherche de l’origine du virus doit faire appel à la rigueur scientifique et ne pas devenir un jeu géopolitique.

Premièrement, nous devons respecter l’enquête conjointe de l’OMS et de la Chine. S’il est exact que le premier cas de nouveau coronavirus rapporté officiellement est apparu à Wuhan, en Chine, en décembre 2019, cela ne signifie pas nécessairement que la Chine est à l'origine du nouveau virus. Le syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA) a été découvert aux États-Unis en 1981, mais les scientifiques ont ensuite retracé l’origine du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) sur des chimpanzés en Afrique.

Le 9 février 2021, le groupe conjoint d’experts de l’OMS et de Chine menant l’enquête sur le nouveau coronavirus a tenu une conférence de presse à Wuhan pour présenter les résultats préliminaires de son étude de terrain de quatre semaines. Son rapport de 300 pages soutient la théorie de l’origine naturelle du virus et conclut que l’hypothèse la « plus probable » est que le coronavirus a été introduit chez l’homme via un hôte intermédiaire, qu’il est « possible » qu’il ait été introduit directement ou indirectement par des aliments de la chaîne du froid, et juge « hautement improbable » la théorie d’une fuite de laboratoire.

Sans surprise, la Chine a accueilli ces conclusions, tandis que l’Occident, qui affirmait que la Chine était « coupable », a été déçu. Si l’on ne peut faire confiance à l’OMS, la plus haute autorité en matière de santé publique internationale sous l’égide des Nations unies, faut-il faire confiance à un Occident qui se montre subjectif depuis le début, ou aux États-Unis qui voient le mal partout ?

Deuxièmement, il est temps de cesser le deux poids, deux mesures. Certains Occidentaux ont qualifié de manière irresponsable le nouveau coronavirus de « virus chinois » ou « virus de Wuhan » et ont appelé les gens à demander des dommages et intérêts à la Chine, encouragés par l’ancien président américain Donald Trump.

Bien que l’OMS ait souligné que la recherche de l’origine du virus devait être dépolitisée pour permettre aux scientifiques de se concentrer sur la recherche de preuves fiables, certains responsables politiques occidentaux ont délibérément ignoré les conclusions de l’OMS et ont demandé à plusieurs reprises une nouvelle enquête sur la Chine. Le président américain Joe Biden a donné l’ordre aux agences de renseignement de mener une enquête approfondie.

Cependant, une récente étude des National Institutes of Health (NIH) américains suggère que le coronavirus pourrait s’être propagé aux États-Unis dès décembre 2019. Il s’ensuit qu’en cas de nouvelle enquête sur l’origine du virus, l’accent devrait être mis en premier lieu sur les États-Unis et non sur la Chine. En réponse, le ministère chinois des Affaires étrangères a publiquement exhorté les États-Unis à mener une enquête approfondie dans trois domaines : la source de l’épidémie aux États-Unis, les causes et les responsables de l’inefficacité de la réponse américaine à la pandémie, ainsi que les problèmes survenus à Fort Detrick et sur plus de 200 sites d’expérimentation biomédicale américains à l’étranger.

Enfin, nous devons nous efforcer de promouvoir la coopération plutôt que la confrontation. Malheureusement, les déclarations erronées et hostiles sur le coronavirus par les sociétés occidentales ont conduit à de multiples incidents de violence xénophobe contre les Chinois et les Asiatiques aux États-Unis et en Europe.

Pour faire preuve de bonne foi dans la coopération, il faut d’abord cesser de politiser la question de l’origine du virus, car ce travail scientifique est d’importance vitale pour l’humanité et ne doit pas devenir un jeu politique entre grandes puissances.