La France portera le fardeau de l’épidémie jusqu’en 2021

L’année 2020 aura été celle de la propagation mondiale du COVID-19. Comme la plupart des pays d’Europe ainsi que les Etats-Unis, la France est durement touchée par l’épidémie où elle a fluctué tout au long de l’année. Le président Emmanuel Macron a récemment reçu un diagnostic de COVID-19 et a été isolé. La France portera donc le lourd fardeau de l’épidémie jusqu’en 2021.

Le 17 décembre, l’Elysée a publié un communiqué annonçant que le président M. Macron avait été testé positif au COVID-19 « après avoir montré les premiers symptômes » et qu’il s’était isolé pendant 7 jours, conformément à la réglementation nationale. Le communiqué a ajouté que M. Macron séjournait à la résidence présidentielle de la Lanterne à Versailles, et qu’il continuera à travailler et à mener des activités à distance pendant la période d’isolement. En raison de l’infection, sa visite prévue au Liban ainsi que d’autres activités diplomatiques ont été annulées.

M. Macron a fait une nouvelle apparition le lendemain dans une vidéo de 3 minutes sur les réseaux sociaux pour donner de ses nouvelles. Il semblait fatigué et parlait lentement. Il a dit qu’il se sentait mieux, mais qu’il avait encore des symptômes, notamment de la toux, des maux de tête et la gorge sèche. « Tout le monde peut être infecté par le COVID-19. J’ai pris des mesures de protection : porter un masque, maintenir une distanciation sociale et appliquer fréquemment de l’alcool et du désinfectant, mais j’ai quand même été infecté », a-t-il dit. Il a appelé les gens à se protéger davantage, personne n’étant à l’abri du COVID-19. Brigitte Macron n’a pas été infectée, mais elle s’est aussi isolée. 

Les gens ne peuvent s’empêcher de se dire que depuis l’épidémie, le gouvernement français a appelé la population à prendre une série de mesures préventives strictes, avec le port de masques, le maintien de la distanciation sociale et le lavage fréquent des mains, et qu’en tant que président, les précautions personnelles de M. Macron devaient être très strictes. Comment a-t-il pu être infecté ?

La réponse donnée par le ministre français des Solidarités et de la Santé Olivier Véran est que le président a probablement été infecté lors de sa participation au sommet du Conseil européen à Bruxelles le 10 décembre. Un autre dirigeant participant à ce sommet, le président du gouvernement slovaque Igor Matovič, a posté un message sur les réseaux sociaux le 18, confirmant qu’il était infecté par le COVID-19, confirmant que le sommet européen avait été effectivement une source importante d’infection.

On constate à la vue des vidéos accessibles au public qu’il y a eu de nombreuses lacunes dans la prévention de l’épidémie lors de ce sommet. Par exemple, le journal Le Parisien a rapporté que le sommet avait organisé une minute de silence en hommage à l’ancien président français Valéry Giscard d’Estaing. Pendant cet hommage, 20 des 25 dirigeants qui y étaient présents ne portaient pas de masques. Il y a aussi des photos montrant que si les dirigeants portaient des masques lors de discussions en privé, ils ne respectaient pas la distanciation sociale et presque tous discutaient de manière rapprochée. 

M. Macron a déjeuné avec le président du Conseil européen Charles Michel, le premier ministre espagnol Pedro Sánchez, le premier ministre portugais António Costa, le premier ministre belge Alexander De Croo et le premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel lors du sommet européen à Bruxelles. A Paris, il a reçu en visite le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Après l’infection de M. Macron, les dirigeants concernés ont été testés et isolés. 

Après l’annonce de l’infection de M. Macron, l’opinion publique a remis en question les mesures de prévention prises par la France. Reuters a souligné que M. Macron avait fait très tôt le namasté indien au cours de ses activités sociales, mais qu’après bientôt un an de lutte contre l’épidémie, il avait baissé la garde. En mars de cette année, quelques jours avant d’annoncer que le pays allait être confiné, M. Macron avait remplacé la traditionnelle poignée de main par le namasté lors de la réception du roi et de la reine d’Espagne à Paris. A Londres, en juin, il avait également maintenu la distanciation sociale lors de ses contacts avec le premier ministre britannique Boris Johnson. Mais en octobre, après l’annonce du second confinement, il avait fait preuve de laxisme dans la distanciation sociale, avec des photos le montrant dans la cour de l’Elysée serrant la main et étreignant José Ángel Gurría, le secrétaire général de l’OCDE, âgé de 70 ans. L’épidémie n’était pas terminée, mais M. Macron avait hâte de retrouver ses habitudes de contact corporel avec ses hôtes. 

Un article de Reuters le 17 intitulé « Du salut en s’inclinant à la poignée de main, comment M. Macron s’est relâché sur la distanciation sociale » a souligné que bien que le gouvernement exige qu’il n’y a pas plus de six personnes ensemble pendant les fêtes de fin d’année, M. Macron a déjeuné avec une vingtaine de parlementaires à l’Elysée. Si les politiques ne peuvent pas appliquer strictement la réglementation, comment peuvent-ils convaincre le grand public de le faire ? De plus, le port du masque, la réduction des sortie et les rassemblements suscitent une vive polémique, et maintenant que le président ne s’y conforme pas strictement, de telles règlementations vont rester lettre-morte. L’efficacité de la lutte contre l’épidémie en France a donc été fortement entamée. 

Les « violations » de M. Macron reflètent également la complexité et la pénibilité des combats répétés de la France contre l’épidémie.

Ce printemps, le COVID-19 s’est propagé dans le monde et l’Europe est devenue la zone la plus durement touchée. Au début, la France discutait pour savoir s’il fallait traiter ou prévenir en priorité. L’accent mis sur le traitement plutôt que sur la prévention a fait perdre un temps précieux dans la lutte contre l’épidémie et les choses ont empiré. Les 12 et 17 mars, M. Macron a prononcé deux discours télévisés consécutifs, annonçant des mesures strictes de prévention et de contrôle de l’épidémie. Le 17 mars, toute la France est entrée en confinement avec interdiction de sortir. Le confinement n’a cependant pas réussi à contenir l’épidémie. Le 9 mai, le nombre total de personnes infectées admises dans les hôpitaux du pays atteignait 95 829, et on comptait 26 310 morts. L’Assemblée nationale avait alors adopté une résolution pour prolonger de deux mois l’urgence sanitaire en réponse à la recrudescence des infections.  

Début octobre, la deuxième vague épidémique a frappé l’Europe et le nombre de nouveaux cas en France a atteint de nouveaux sommets chaque jour. Dans la soirée du 28 octobre, M. Macron a annoncé que la France réimposerait des mesures de confinement à partir du 30 octobre pour faire face au rebond rapide du COVID-19.

Malgré des mesures strictes, l’épidémie continue de se propager et il n’y a aucun signe de repli. L’infection de M. Macron est une nouvelle inquiétante pour le grand public. Les gens attendent avec impatience de passer un réveillon du Nouvel An sûr et paisible pendant les congés de fin d’année et il semble que cet espoir se soit envolé. 

L’année 2020 aura été un coup de masse pour M. Macron. Le gouvernement apparaît tout déconfit. M. Macron a été contraint de mettre de côté son ambitieux plan de réforme. Il doit faire face au ralentissement économique causé par l’épidémie et lutter à la fois sur le front épidémique et économique, deux enjeux majeurs pour lui. 

Dans la vidéo de M. Macron, les gens ont vu sa mine fatiguée, ce qui laisse à penser que sous son leadership, la France avance clopin-clopant vers 2021.  

Par Shen Xiaoquan, chercheur au Centre de recherche des questions mondiales de l’Agence de presse Xinhua.