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L’interdiction de Huawei met le Royaume-Uni dans la « voie lente »

French.china.org.cn | Mis à jour le 15. 07. 2020 | Mots clés : Huawei

L’un des membres du parlement britannique a comparé cette situation à un « carambolage pour l’économie numérique » et Huawei a fait savoir qu’il s’agissait d’une « mauvaise nouvelle pour toute personne ayant un téléphone portable au Royaume-Uni ». Les descriptions varient, mais peu de personnes nient que la décision du gouvernement britannique d’exclure Huawei en tant que fournisseur de 5G aura un impact colossal sur le futur de la technologie en Grande-Bretagne.

Mardi, le secrétaire à la Culture Oliver Dowden a déclaré que les opérateurs mobiles britanniques ne seront désormais plus autorisés à se fournir en kits auprès de Huawei, alors que les sanctions imminentes des Etats-Unis sur le géant chinois des télécommunications menacent de perturber sa chaîne d’approvisionnement. Oliver Dowden a également déclaré que le matériel 5G Huawei existant serait retiré des infrastructures de réseau, annonçant un calendrier étonnamment serré pour ces mesures. 

Faisant partie des entreprises technologiques les plus importantes au monde, Huawei fournit aux vendeurs britanniques près d’un tiers de leurs équipements de réseau. L’opérateur britannique de téléphonie mobile BT avait d’ailleurs fait savoir qu’il lui faudrait être averti d’un boycott de Huawei cinq ans en amont, afin qu’il puisse trouver d’autres fournisseurs lui permettant de s’approvisionner en kits en nombre suffisant. Oliver Dowden a annoncé que cette interdiction prendrait effet à la fin 2020 et que les kits 5G Huawei existants seraient retirés d’ici 2027.

Il a concédé que cette mesure aurait un coût important sur l’économique britannique et entraverait de manière significative le développement de la 5G. Il a estimé que cette interdiction retarderait le déploiement de la 5G en Grande-Bretagne de 2 à 3 ans et coûterait au pays 2 milliards de livres sterling (2,2 milliards d’euros). Toutefois, certains membres du Parlement ont mis en doute l’optimisme de ce chiffre, citant d’autres estimations par des analytes industriels, selon lesquelles les pertes pourraient s’élever à 7 milliards de livres.

La ministre fantôme des Sciences Chi Onwurah a déclaré que la gestion de Huawei par le gouvernement avait créé un « carambolage pour l’économie numérique, visible depuis l’espace ».

« Le Royaume-Uni a réussi à se paralyser de manière effective dans sa course pour déployer la 5G à grande échelle, ainsi que pour tous les avantages supplémentaires que cette avancée technologique fondamentale pourrait apporter. […] Cette décision décevante est une mauvaise nouvelle pour toute personne ayant un téléphone portable au Royaume-Uni. Elle menace de faire passer la Grande-Bretagne dans une voie lente numérique, de faire augmenter les factures et de creuser encore la fracture numérique », a noté Ed Brewster, un porte-parole pour Huawei UK.

Lundi, le président de Huawei UK, John Browne, a annoncé qu’il démissionnerait de son poste, anticipant probablement la décision du gouvernement.

Au-delà de l’impact de cette décision, un grand nombre d’observateurs se posent des questions sur les motivations derrière cet acte d’« automutilation » nationale. Cette mesure fait suite aux sanctions américaines contre Huawei, qui doivent entrer en vigueur en septembre et risquent de réduire de manière effective l’accès du géant technologique chinois aux semiconducteurs fabriqués avec des équipements américains.

Mardi matin, le Premier ministre Boris Johnson a organisé une réunion avec son Conseil de sécurité national, où il a été avisé que les sanctions américaines, annoncées en mai, auraient un impact sur la fiabilité de Huawei en tant que fournisseur de 5G. « Le Royaume-Uni ne peut plus être confiant dans la capacité [de Huawei] à garantir la sécurité de ses futurs équipements 5G », a déclaré Oliver Dowden au Parlement.

La décision de Boris Johnson représente une volte-face par rapport à la précédente mesure prise en janvier, qui ignorait le lobbying insistant de Washington appelant à un boycott de Huawei. Le Royaume-Uni avait alors choisi d’autoriser l’entreprise à poursuivre ses activités sur son territoire en capacité restreinte.

Chi Onwurah a déclaré que l’approche du gouvernement vis-à-vis de Huawei avait été « incompréhensiblement négligente ». Elle a enjoint le gouvernement de Boris Johnson de publier les informations sur lesquelles s’est basée cette décision, notamment les dernières informations données au gouvernement et qui n’étaient pas disponibles précédemment, lorsqu’il avait été décidé d’autoriser Huawei à poursuivre son activité au Royaume-Uni.

« Le secrétaire d’Etat [Dowden] a déclaré que ce changement faisait suite aux sanctions américaines, mais il a souligné par le passé travailler étroitement avec les Etats-Unis. Ces sanctions étaient-elles donc une surprise ? Et notre politique de sécurité est-elle menée par les Etats-Unis ? », a-t-elle demandé.

Ed Brewster a indiqué qu’il regrettait que le futur de l’entreprise au Royaume-Uni ait été « politisé » : « C’est [devenu] une question de politique commerciale américaine et pas de sécurité. Plutôt que de niveler par le haut, le gouvernement nivelle par le bas et nous l’enjoignons de reconsidérer sa position. Nous restons confiants dans le fait que les nouvelles restrictions américaines n’auraient pas affecté la résilience, ni la sécurité des produits que nous fournissons au Royaume-Uni », a-t-il déclaré.

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Source:french.china.org.cn