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Les propos racistes de M. Trump suscitent la haine et alimentent la xénophobie

French.china.org.cn | Mis à jour le 22. 03. 2020 | Mots clés : Donald Trump, xénophobie
[Photo / Xinhua]


Le président américain Donald Trump a qualifié le COVID-19 de « virus chinois » au moins huit fois dans des tweets et des points de presse en seulement deux jours, alimentant une xénophobie généralisée et des sentiments racistes, suscitant même des attaques physiques et verbales contre les Américains d’origine asiatique et sapant les efforts mondiaux pour contenir ce virus mortel.

Les commentaires de M. Trump, qui vont complètement à l’encontre de la science et des faits, pourraient également attiser davantage le populisme et le racisme déjà croissants dans le monde en pleine pandémie, ce qui pourraient plonger les pays et les régions déjà gravement touchés par cette maladie dans un désarroi plus profond et dans de terribles abîmes, ont averti des observateurs.

Après avoir tweeté à plusieurs reprises « virus chinois » pour rejeter la faute sur la Chine, M. Trump a insisté pour l’appeler « virus chinois » car « il vient de Chine », a-t-il précisé en réponse à une question d’un journaliste américain mercredi. Un nombre croissant d’Américains d’origine asiatique sont frustrés par l’apposition d’étiquettes comme «virus chinois» ou « kung flu », qui risquent de les transformer en cible de haine et de représailles alors que la pandémie se propage rapidement dans le pays.

M. Trump a commencé à utiliser le terme « virus chinois » lundi dans six de ses tweets, alors que le vice-président Mike Pence, chef du groupe de travail américain pour la lutte contre le coronavirus, l’appelait encore mercredi « coronavirus ». M. Trump a souligné qu’il s’agissait d’un virus chinois à deux reprises dans ses remarques préliminaires lors d’une réunion de la Maison Blanche mardi et mercredi. La Maison Blanche l’a même soutenu en tweetant que « la grippe espagnole, le virus du Nil occidental, Zika et Ebola ont été nommés en fonction des lieux ». 

On compte déjà 220 000 cas d’infection dans le monde. 

Mis à part M. Trump, d’autres responsables américains, notamment le secrétaire d’Etat Mike Pompeo, les représentants du Parti républicain Tom Cotton, Paul Gosar et le chef du groupe de la minorité républicaine à la Chambre des Représentants Kevin McCarthy, ont utilisé des termes comme « nouveau virus et « virus chinois » en public, stigmatisant intentionnellement la Chine et Wuhan.

Minimisant sa rhétorique raciste, M. Trump a expliqué qu’il voulait être précis car il pensait que le virus venait de Chine, ignorant totalement l’impact sur la communauté asiatique, selon des observateurs, des résidents et certains influenceurs.

Offensif et immoral

Mercredi, M. Trump a évoqué le coronavirus en l’appelant « virus chinois » trois fois en une heure, selon les médias, ce qui a suscité la colère non seulement des Chinois mais aussi de nombreux Américains d’origine asiatique. Compte tenu de l’augmentation des crimes dont sont victimes les communautés asiatiques et chinoises, certains ont demandé la démission de M. Trump, car une incitation aussi brutale au racisme est si dangereuse qu’elle pourrait conduire à de graves fissures dans le monde. 

Des gens ont partagé leurs histoires personnelles sur les réseaux sociaux concernant les insultes ou les attaques dont ils ont été victimes en raison de la couleur de leur peau, de leur groupe ethnique ou de leur nationalité depuis l’épidémie, certains déclarant ne pas se sentir en sécurité et se sentir gravement offensés, car les termes racistes encouragent la xénophobie et la discrimination, qui pourraient durer plus longtemps que la pandémie elle-même.

Jordan Matsudaira, un professeur aux traits asiatique à New York, a posté dans un tweet que « ses enfants sont appelés ‘coronavirus’ à l’école, et c’est raciste, vil et intentionnel ». Et Cenk Uygur, un présentateur de nouvelles en ligne basé à Los Angeles, a expliqué que sa femme étant originaire de Taïwan, les camarades de classe de ses enfants les rendent déjà responsables « pour le virus » et certains leur demandent s’ils mangent des chauves-souris, tout cela à cause de « racistes et de trou du *** comme le sénateur John Cornyn et M. Trump. »

Une Chinoise domiciliée à New York, qui a préféré conserver l’anonymat, a partagé une anecdote avec le Global Times jeudi. Alors qu’elle conduisait et attendait un feu un jour, une Américaine originaire du Mexique a craché sur la vitre de sa voiture en criant « F ** king virus Chinese ». 

Le Digital Forensic Research Lab (DFRLab) du think tank Atlantic Council a fait savoir dans un article récent que continuer d’appeler le COVID-19 « virus chinois » pourrait être utilisé pour dénigrer un groupe et faire implicitement porter la responsabilité de l’épidémie sur les Chinois, malgré les efforts accrus de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour lutter contre les termes de stigmatisation qui divisent inutilement. L’OMS avait élaboré en 2015 des directives sur la dénomination des maladies, affirmant que les emplacements géographiques, les noms des personnes, mais aussi les références aux espèces animales ou variétés alimentaires ainsi que les références culturelles, démographiques, industrielles ou professionnelles et celles qui suscitent une peur excessive devaient être évitées. L’organisation avait en effet constaté que les dénominations de certaines maladies provoquaient une réaction violente à l’encontre les membres de communautés religieuses ou ethniques spécifiques, selon son site Web. Certains scientifiques et experts médicaux américains ont également apporté leur soutien à la désignation par l’OMS du COVID-19, soulignant que cela ne devait soulever aucun débat politique.

Des personnalités de premier plan des milieux scientifiques chinois se sont également jointes à la lutte contre la dénomination calomnieuse de « virus chinois ». Rao Yi, président de l’Université de médecine de la Capitale à Beijing, a posté mercredi un commentaire sur WeChat. Selon la logique du gouvernement américain, le premier cas de sida ayant été signalé aux États-Unis le 5 juin 1981, doit-on appeler le sida « maladie vénérienne américaine » et le VIH « virus vénérien américain » ? Et le spirochète responsable de la syphilis, qui est largement considéré comme étant originaire d’Amérique du Nord et transmis en Europe par les Espagnols, devrait-il être appelé « spirochète nord-américain » ?

« Ces responsables qui l’ont appelé ‘virus chinois’ sont parmi ceux qui possèdent les normes morales les plus abjectes », a remarqué jeudi au Global Times Lü Xiang, chercheur en études américaines à l’Académie chinoise des sciences sociales à Beijing. Ecoutez ce que Wilbur Ross, le secrétaire américain au Commerce, a déclaré le 30 janvier à propos du virus mortel. Il a dit que cela permettrait d’accélérer le retour des emplois aux Etats-Unis. Cette affirmation reflète leurs véritables intentions, et le fait qu’ils souhaitent au plus profond d’eux-mêmes que le virus ne se propage qu’en Chine, afin qu’ils puissent en tirer parti, a affirmé M. Lü.

Les observateurs ont cependant averti que la haine croissante envers certains groupes ethniques, déjà soumis à rude épreuve dans la montée du populisme de droite pendant l’épidémie, accélérerait les divisions et les affrontements à travers le monde, ce qui serait également dangereux et nocif après les actes racistes d’animosité et des décès dus au désespoir pendant l’épidémie. 

Rejeter la faute

Eduardo Bolsonaro, membre du Congrès brésilien, a posté dans un tweet que ce qui se passe actuellement, c’est la série télévisée HBO « Tchernobyl », accusant la Chine pour l’épidémie de coronavirus, ce qui reflète les efforts incessants de certains pays pour faire endosser la responsabilité à la Chine et cacher leur propre incompétence dans la lutte contre la propagation du virus dans les communautés locales, selon les analystes.

Mercredi, on a appris qu’un atelier éducatif danois avait publié une chanson insultante pour présenter le COVID-19 aux enfants, et qui contenait des paroles suivante : « Je suis un nouveau virus, je viens de Chine », déclenchant une réaction violente sur les réseaux sociaux chinois. L’incident s’est produit environ deux mois après qu’un grand journal danois a publié une caricature avec les cinq étoiles du drapeau national chinois, remplacées par cinq représentations du coronavirus.

« Il est inévitable que le populisme se répande à l’avenir, et il est devenu courant que des groupes spécifiques soient ciblés par l’hostilité et la haine, ce qui aura de graves conséquences », a déclaré Zhang Yiwu, professeur de culture à l’Université de Beijing, au Global Times. 

Certains politiciens américains, y compris des démocrates comme Joe Biden, ont pourtant publiquement critiqué une telle rhétorique incendiaire sur le coronavirus, et les médias ont cité ses propos quand il a dit qu’ « étiqueter le COVID-19 comme un virus étranger ne permettra pas à l’administration Trump de se soustraire à ses responsabilités pour les erreurs de jugement qui se sont produites jusqu’à présent ». 

« C’est également une tactique que ces politiciens américains utilisent pour détourner l’attention du grand public en déplaçant les soupçons d’incompétence à leur égard en direction de la haine envers la Chine, mais cela ne fonctionnera pas, et l’effondrement de Wall Street le prouve », a déclaré M. Lü.

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Source:french.china.org.cn