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L’année 2019 qui va bientôt s’achever aura marqué le 55e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques sino-françaises. Depuis que les deux pays ont établi des relations diplomatiques en 1964, les relations sino-françaises n’ont cessé de se consolider et de se renforcer. En 1997, les deux pays ont annoncé la mise en place d’un partenariat global pour le XXIe siècle. En 2004, ce partenariat a été renforcé pour devenir un « partenariat stratégique global ». En 2010, les deux pays ont proposé l’établissement d’un « partenariat stratégique global de type nouveau, mature, stable, basé sur la confiance mutuelle et les bénéfices réciproques, et tourné vers le monde ».
En début d’année dernière, le président français Emmanuel Macron s’était rendu pour la première fois en visite officielle en Chine depuis son accession au pouvoir. Avec le président chinois Xi Jinping, les deux chefs d’Etat sont parvenus à un accord pour continuer à approfondir les relations sino-françaises, ouvrant un nouveau chapitre aux relations sino-françaises dans la nouvelle ère.
Le renforcement des relations stratégiques sino-françaises
Cette année, le président chinois Xi Jinping a effectué une visite officielle en France au mois de mars et le président Macron s’est rendu en Chine en novembre, afin de célébrer solennellement le 55e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques sino-françaises. L’un des moments forts de la visite du président Macron en Chine fut sa présence à la 2e Exposition internationale des importations de Chine (CIIE). Dans le contexte actuel de prévalence du protectionnisme commerciale, de menaces graves pesant sur la libéralisation des échanges commerciaux et de frictions commerciales successives, l’organisation par la Chine d’une exposition internationale des importations possède une signification stratégique forte et exprime son soutien à la libéralisation des échanges commerciaux et au multilatéralisme. La venue du président Macron à cette exposition en tant qu’invité d’honneur démontre quant à elle la position claire de la France à cet égard. Emmanuel Macron est le premier président d’un pays membre du G7 à se rendre à la CIIE, marquant ainsi pleinement la position forte de la France face au protectionnisme des Etats-Unis et à leurs menaces de sanction unilatérales, ainsi qu’un soutien éloquent au multilatéralisme prôné par la Chine.
La Chine et la France sont toutes deux membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et mènent des consultations étroites sur les problématiques internationales majeures. Elles coopèrent et se coordonnent sur les questions internationales et les questions de gouvernance mondiale, comme la fin de la guerre en Iraq, le soutien des négociations sur le nucléaire iranien ou encore la promotion de la signature de l’Accord de Paris sur le climat. Elles promeuvent de manière active la multipolarisation, la mondialisation et le multilatéralisme, empêchant de manière effective la prolifération de l’hégémonie et de l’unilatéralisme, et contribuant ainsi de manière efficace et positive à la paix et à la stabilité dans le monde. Au cours des 55 années depuis l’établissement des relations diplomatiques sino-françaises, les relations entre les deux pays ont été portées à un niveau stratégique.
Une coopération effective tous azimuts
Les 55 années au cours desquelles les relations sino-françaises se sont développées ont permis de renforcer et de consolider continuellement la coopération tous azimuts entre les deux pays. Lorsque la Chine et la France ont établi des relations diplomatiques, les échanges commerciaux entre les deux pays ne dépassaient pas les 110 millions de dollars US (99 millions d’euros). En 2018, les échanges commerciaux ont dépassé la barre des 60 milliards de dollars et atteint un niveau sans précédent à 62,9 milliards de dollars. La Chine est devenue le premier partenaire commercial de la France en Asie, tandis que la France est le 4e partenaire commercial de la Chine au sein de l’Union européenne. La coopération bilatérale économique et commerciale a formé une structure de coopération mutuellement bénéfique de grande envergure, sur de nombreux plans et à de nombreux niveaux. Alors que le développement de la Chine est entré dans une nouvelle étape de mise à niveau visant l’amélioration de la qualité et le renforcement de l’efficacité, le potentiel de la coopération sino-française ne cesse d’être libéré.
La coopération sino-française a également réalisé des progrès importants dans des domaines comme le nucléaire civil ou encore l’aérospatiale. Les deux pays ont ainsi mis en place un modèle de coopération mutuellement bénéfique combinant leurs avantages respectifs et associant la recherche et développement, la production ou encore les financements.
Dans le domaine de l’énergie nucléaire, la coopération de la China General Nuclear Power Corporation (CGN) et d’EDF a permis la mise en service commerciale des réacteurs 1 et 2 de type EPR de la centrale de Taishan, située dans la province de Guangdong. Il s’agit là d’un exemple réussi de construction d’un réacteur de 3e génération. Le projet de coopération de la CGN et d’EDF sur la centrale de Hinkley Point au Royaume-Uni indique par ailleurs que la coopération sino-française dans le domaine de l’énergie s’étend désormais au marché mondial.
Dans le domaine de l’aérospatiale, la coopération de longue date entre les deux pays a permis d’obtenir des résultats majeurs, notamment dans le partage des données orbitales, la conception des moteurs d’aéronefs ou encore la conception et la fabrication de composants essentiels pour la fabrication de satellites. Par ailleurs, le satellite sino-français CFOSAT (Chinese-French Oceanic SATellite) a été lancé avec succès en 2018 et le lancement de l’observatoire spatial gamma et X franco-chinois SVOM est prévu pour 2021. Les deux pays continuent de promouvoir une coopération en profondeur dans des domaines incluant la station spatiale, l’exploration spatiale, les missions sur la Lune et sur Mars, les sciences de la Terre, les sciences spatiales ou encore les changements climatiques.
Dans le domaine de l’aviation, plusieurs sociétés chinoises − comme la Aviation Industry Corporation of China (AVIC) ou encore la Commercial Aircraft Corporation of China (COMAC) − ont mis en œuvre des consultations et développé la coopération bilatérale avec des sociétés françaises dont le Groupement des Industries françaises et aérospatiales (GIFAS), le groupe Airbus et le groupe SAFRAN, autour des avions commerciaux, des hélicoptères, des moteurs d’aéronefs, des dirigeables gros porteurs, de l’avionique, des équipements de contrôle du trafic aérien, ainsi que de l’assemblage et de la production aéronautique. En plus de l’augmentation capacitaire réalisée sur ses lignes de montage final de ses A320 à Tianjin, Airbus a également ouvert en 2017 son premier centre de finition et de livraison des A330 en-dehors de l’Europe, lequel est parvenu en 2019 à un taux de production de deux A330 par mois. Au mois de mars dernier, lors de la visite du président Xi Jinping en France, la société China Aviation Supplies Holding Company (CASC) et Airbus ont en outre signé un contrat portant sur l’achat de 300 appareils Airbus, pour une valeur totale de 35 milliards de dollars.
La complémentarité des secteurs agricoles chinois et français est très forte et le potentiel de coopération est colossal. Lors de la visite du président Emmanuel Macron en Chine au début 2018, les deux pays sont parvenus à un accord de coopération dans le domaine de l’agriculture et des produits agricoles, signant un document sur la « coopération intensive dans le domaine de l’agriculture ». En janvier 2019, le bœuf français est revenu sur le marché chinois après 17 années d’absence. M. Jean-Maurice Ripert, alors ambassadeur de France en Chine, avait déclaré que dans le contexte du 55e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques sino-françaises, le retour du bœuf français sur le marché chinois était le résultat des efforts communs des deux parties et représentait « les liens d’amitié profonde et durable » entre les deux pays. En novembre 2019, lors de sa visite en Chine, Emmanuel Macron s’est rendu à la 2e Exposition internationale des importations de Chine (CIIE) à Shanghai. Il a réaffirmé à cette occasion, que les entreprises françaises étaient « enthousiastes à l’idée de saisir les opportunités du renforcement de l’ouverture de la Chine sur l’extérieur, d’intégrer plus encore le marché chinois et de développer les exportations agricoles vers la Chine ».
Au mois de novembre de cette année, le ministère chinois des Finances a émis à Paris pour 4 milliards d’euros d’obligations souveraines. Il s’agit de la première émission d’obligations souveraines libellées en euros par la Chine depuis 2004 et il s’agit à ce jour de l’émission la plus importante d’obligations souveraines chinoises libellées dans une devise étrangère. C’est également la première émission et mise sur le marché d’obligations souveraines par la Chine en France. Cette réussite a une importance non négligeable, car elle permet à la Chine de réduire sa dépendance vis-à-vis du secteur financier des Etats-Unis et à la France d’établir une « position financière » stable, mais aussi de soutenir l’internationalisation du yuan. Cette émission aide également à faire de Paris un centre financier international et constitue un atout majeur pour le secteur financier français.
La construction sino-française des nouvelles Routes de la soie
L’initiative des nouvelles Routes de la soie a été proposée pour la première fois par le président Xi Jinping en 2013. Elle a suscité une réaction positive de la part de la France et remporté son soutien. En 2016, la France a rejoint la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB) et en est devenue l’un des membres fondateurs. En 2017, au cours du Sommet du G20 à Hambourg, les deux chefs d’Etat chinois et français sont parvenus à un consensus important concernant l’approfondissement de la coopération pragmatique sur les nouvelles Routes de la soie.
En janvier 2018, lors d’une visite officielle du président Macron en Chine, les deux pays ont décidé de renforcer leur coopération dans le cadre des nouvelles Routes de la soie, conformément au principe de coopération gagnant-gagnant. Emmanuel Macron a déclaré que les nouvelles Routes de la soie étaient une initiative proposée par la Chine au reste du monde, conforme aux intérêts de la France et de l’Union européenne. Il a souligné que les nouvelles Routes de la soie, qu’elles soient maritimes ou terrestres, avaient permis depuis l’antiquité de relier la Chine à l’Asie et à l’Europe. Au mois de juin, le Sénat en France a publié un rapport d’étude intitulé « Pour la France, les nouvelles Routes de la soie : simple label économique ou nouvel ordre mondial ? ». Celui-ci énumère une grande quantité de faits en faveur de cette initiative et recommande à la France d’y jouer « un rôle moteur ».
Au cours de ces dernières années, la Chine a pris la tête dans la construction commune des nouvelles Routes de la soie. Elle a approfondi la coopération capacitaire internationale et développé de manière proactive des coopérations avec les pays concernés sur des marchés tiers. En plus de la signature de nombreux documents de coopération, elle est parvenue à réaliser des avancées positives à de nombreux égards.
En janvier 2018, l’Agence française de développement (AFD) et la Banque de développement de Chine ont signé un mémorandum d’entente, afin de financer ensemble des projets en Afrique. En avril 2019, à la veille du 2e Forum des nouvelles Routes de la soie pour la coopération internationale, l’ancien ambassadeur de France en Chine, M. Jean-Maurice Ripert, a déclaré : « La France est prête à promouvoir la convergence de la stratégie d’interopérabilité eurasiatique avec l’initiative des nouvelles Routes de la soie. La France et la Chine sont justement en train de déterminer une liste spécifique de coopérations sur les marchés tiers, qui devrait inclure 13 projets impliquant essentiellement des pays d’Afrique. »
En octobre de cette année, l’ambassadeur actuel de Chine en France, M. Lu Shaye, a déclaré que la Chine souhaitait ouvrir vigoureusement les marchés de pays tiers avec la France et combiner ses avantages politiques, industriels et financiers avec les avantages de la France en matière d’idées, de contacts et de culture, afin de réaliser une alliance puissante apportant une nouvelle dynamique à la croissance économique mondiale et de nouvelles références pour la coopération internationale. Ces coopérations reflètent l’apport au monde de produits de « coopération sino-française » par le biais de la construction commune des nouvelles Routes de la soie, contribuant à un « programme sino-français » pour le développement durable mondial.
Au cours de ces 55 années depuis l’établissement des relations diplomatiques sino-françaises, les relations entre la Chine et la France ont enregistré un développement fructueux, qui n’a pas seulement soutenu de façon vigoureuse le développement global de leur coopération, mais plus encore fait pleinement jouer leur valeur stratégique en faveur du multilatéralisme et contre l’hégémonie sur la scène internationale, jouant un rôle important dans la sauvegarde de la paix dans le monde.
Par Shen Xiaoquan, chercheur au Centre de recherche des questions mondiales de l’Agence de presse Xinhua.
Source:french.china.org.cn |