La sortie américaine de l’accord de Paris est « égoïste et hypocrite »

Leur retrait officiel de l'accord de Paris a suscité les critiques du monde entier

Faisant écho aux critiques de la communauté internationale, les internautes chinois ont également dénoncé mardi l’« hypocrisie » et l’« égoïsme » des États-Unis, deuxième plus grand émetteur de carbone au monde, qui ont renoncé à leur responsabilité de résoudre la crise climatique mondiale.

L’administration du président américain Donald Trump a annoncé lundi qu’elle commencerait à retirer officiellement les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat et a fait savoir qu’elle avait présenté une notification officielle aux Nations unies (ONU).

Le retrait prendra effet un an après la remise de la notification, a rapporté CNN.

Le président Trump avait déjà annoncé son intention de se retirer de l’accord en juin 2017, évoquant un « fardeau économique injuste » pour les États-Unis.

Lors d’une conférence de presse de routine mardi, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Geng Shuang a exprimé ses regrets quant à la décision des États-Unis.

« La Chine espère que les États-Unis assumeront davantage de responsabilités et contribueront davantage au processus de coopération multilatérale au lieu d'envoyer une énergie négative », a déclaré M. Geng.

À l'avenir, la Chine continuera de participer activement au processus multilatéral, maintiendra une communication étroite avec toutes les parties et travaillera avec la communauté internationale pour promouvoir une mise en œuvre globale et efficace de l'accord de Paris, a affirmé le porte-parole.

Sur le réseau social Weibo, équivalent chinois de Twitter, le hashtag « Les États-Unis commencent à se retirer officiellement de l'Accord de Paris sur le climat » avait été vu près de 200 millions de fois au moment de la presse.

De nombreux utilisateurs d'Internet ont associé la décision américaine au slogan de la campagne de Donald Trump, « America First ». D'autres ont dit en plaisantant que les États-Unis finiraient par quitter la Terre et déménageraient sur la Lune ou d'autres planètes.

« Est-ce que c’est ça la démocratie et la liberté américaines? », a posté un utilisateur ironique. « Où est votre esprit de contrat et de responsabilité en tant que grande puissance? C'est du populisme purement américain, les États-Unis ne cherchent que leurs propres intérêts et ne se soucient jamais de savoir s’ils mettent les autres en danger ou non ».

Depuis l'élection de M. Trump, les États-Unis ont quitté le Traité sur les forces nucléaires de portée intermédiaire, le Partenariat transpacifique, l'UNESCO et d'autres organisations de l’ONU.

« Le changement climatique concerne tous les êtres humains, et aucun pays ou individu ne peut échapper à ce problème. Si d'autres pays suivent les États-Unis, la Terre sera détruite comme ce qui est en train d’arriver à sa plus grande forêt tropicale. Où devrons-nous vivre alors? », a posté un autre utilisateur.

Les États-Unis sont le deuxième plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde et leurs alliés pourraient suivre leur décision, a averti Yang Fuqiang, conseiller sur le climat et l'énergie auprès du Conseil sur la défense des ressources naturelles, basé à Beijing.

Selon M. Yang, le retrait officiel des États-Unis affectera lourdement la mise en œuvre de l'accord de Paris ainsi que la réponse mondiale au changement climatique.

Si la Chine et d'autres grandes puissances, en particulier en Europe, s'en tiennent fermement à l'accord, les mesures de réduction des émissions mondiales ne seront alors pas mises en échec, ont pour leur part avancé des experts chinois.

Les économies combinées de la Chine et de l'UE sont plus grandes que l'économie américaine, ont-ils souligné.

Cette sortie américaine n'affectera pas les engagements de la Chine à atteindre son pic d’émissions de dioxyde de carbone d'ici à 2030, a affirmé M. Yang.

L'accord de Paris a été signé par près de 200 pays en 2016 afin de limiter la hausse des températures mondiales et de maintenir un développement durable pour tous les êtres humains.

Certaines voix appelant la Chine à devenir le leader mondial de l'action climatique globale ont émergé depuis 2017, mais le changement climatique est un défi commun à tous les pays qui nécessite une coopération et des efforts multilatéraux, a déclaré Wang Gengcheng, chercheur à l'Institut de physique atmosphérique de l’Académie chinoise des sciences.

La Chine a activement assumé ses responsabilités internationales conformément à son propre stade de développement, a indiqué M. Wang.

« La Chine publie des directives nationales en matière de lutte contre le changement climatique depuis 2012 et fournit activement une aide financière et technologique à d'autres pays en développement par le biais de la coopération climatique Sud-Sud », a-t-il ajouté.

Des experts chinois ont souligné que Beijing avait activement participé au processus de négociation intergouvernemental sur le changement climatique et avait joué un rôle important dans l'adoption et l'application de l'accord de Paris.

Ils ont prédit que la Chine œuvrerait au renforcement des règles afin de garantir la mise en œuvre intégrale de l'accord de Paris ainsi que la tenue des négociations sur les fonds pour le climat lors de la prochaine conférence de l'ONU sur le changement climatique, prévue en décembre à Madrid.

Une étude de la NASA réalisée en février a montré que la Chine et l’Inde, les deux pays les plus peuplés du monde, étaient en tête au niveau mondial en termes d’augmentation du verdissement des terres, concluant que « cet effet provient principalement d’ambitieux programmes de plantation d’arbres en Chine et d’une agriculture intensive dans les deux pays ».

La décision de M. Trump est un signe inquiétant, a publié Le Monde dans un éditorial mardi. Les États-Unis ignorent tout simplement le reste du monde, a conclu le journal français.

Le ministre japonais de l'Environnement, Shinjiro Koizumi, a lui déclaré que le retrait américain était « très décevant », a rapporté mardi le Japan Times.