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Entretien avec Olivier Guyonvarch, consul général de France à Wuhan

French.china.org.cn | Mis à jour le 02. 08. 2019 | Mots clés : Olivier Guyonvarch; Wuhan; Chine; France; relations bilatérales

(Photo : Zhang Wei/Beijing Information)

Beijing Information a interviewé M. Olivier Guyonvarch, consul général de France à Wuhan (Hubei) le 25 juillet pour en savoir plus sur les relations entre la France et le chef-lieu de la province centrale du Hubei. En voici la transcription éditée.

Beijing Information : Pourquoi avez-vous choisi d'étudier le chinois ?

Olivier Guyonvarch : J’ai choisi d’étudier le chinois parce que c’était un rêve d’enfant. J’avais été fasciné par « Le Lotus bleu » quand j’avais 7 ou 8 ans. J’avais été très intéressé par la beauté graphique des caractères chinois. Et puis j’ai décidé d’apprendre le chinois et cela m’a tout de suite passionné. J’ai continué et fait une maîtrise à l’université Paris VII.

Racontez-nous comment le Consulat général de France à Wuhan a été établi.

Nous avons décidé d’installer ce consulat parce qu’il y avait de très importants investissements français dans le domaine de l’automobile, notamment avec l’entreprise Citroën qui en 1992 avait investi et construit des usines à Wuhan. Et autour de Wuhan sont venus s’installer de nombreux équipementiers. Donc Wuhan était une base d’investissements française très importante. La deuxième raison, c’est qu’il y avait déjà une coopération universitaire très importante avec Wuhan, notamment avec l’université Wuda. Et puis à l’époque, Wuhan était une région en pleine croissance économique, plus rapide que la moyenne chinoise. Le gouvernement français a trouvé intéressant d’établir son consulat général ici à Wuhan en 1998.

Quels sont les avantages et les caractéristiques de Wuhan par rapport aux autres grandes villes chinoises ?

Wuhan a été le berceau de l’industrie métallurgique chinoise. Zhang Zhidong a installé ici les premières industries de l’acier en Chine. Wuhan est un nœud de communication avec le fleuve Yangtsé, les voies de chemins de fer, un très grand aéroport avec 56 destinations internationales dont une ligne directe avec Paris depuis sept ans. Les autorités de Wuhan et du Hubei ont des politiques préférentielles pour accueillir les investissements étrangers. En outre, Wuhan est la plus grande ville universitaire au monde. Il y a donc des ressources humaines très riches et de très grande qualité à Wuhan et c’est très intéressant pour les entreprises pour recruter les ingénieurs, les techniciens, les ouvriers locaux.

Vous revenez à Wuhan après de nombreuses années : quels changements vous ont particulièrement impressionné ?

J’ai trouvé que la ville est beaucoup plus propre, plus agréable, plus facile à vivre. Il y a vingt ans, il n’y avait pas de métro et aujourd’hui, il y a de multiples lignes. Quand j’ai quitté Wuhan il y a vingt ans, il n’y avait que deux ponts et aujourd’hui, il y a une douzaine de ponts. Le Lac de l’Est a été aménagé, il y a des voies vertes. La seule chose qui n’a pas changé, c’est que les Wuhanais sont toujours très accueillants.

Quelles initiatives ont-elles été mises en place pour promouvoir la coopération et les échanges économiques entre la Chine et la France à Wuhan ?

Renforcer les liens entre Wuhan, le Hubei et la France, c’est notre travail de tous les jours. Dans le domaine économique, nous avons plutôt un rôle de conseil aux entreprises, mais ce n’est pas nous qui faisons la coopération économique, ce sont les entreprises, les investisseurs qui travaillent sur le terrain. En revanche, dans le domaine culturel, nous faisons beaucoup avec le Festival Croisements par exemple, pendant deux mois de l’année, nous organisons de très nombreux événements culturels, dans tous les domaines, la musique, les expositions de peinture, des expositions photographiques, les arts de la rue. Nous avons par exemple encouragé un jumelage entre la Tour de la Grue Jaune et le Festival de Chamarande dans l’Essonne pour des échanges d’artistes. Nous faisons beaucoup pour la coopération universitaire avec le service Campus France qui fait la promotion des études en France et qui aide les étudiants de Wuhan qui souhaitent venir étudier en France à trouver de l’information, à s’inscrire à l’université. Il y a beaucoup de coopération scientifique aussi, notamment dans le domaine de la médecine, puisque Wuhan accueille une des quatre filières médicales francophones en Chine. Une trentaine d’étudiants de l’école médicale de Wuda choisissent le français et vont faire des stages à Nancy. Nous essayons aussi de faire la promotion du tourisme en France avec notre service des visas qui fait beaucoup pour la promotion du tourisme. Nous incitons les touristes chinois à ne pas aller seulement à Paris, mais à s’intéresser à d’autres régions de France.

Quelles sont les expériences de coopération entre la Chine et la France à Wuhan qui pourraient servir de modèle à d’autres pays ou d’autres villes ?

Par exemple le projet de ville durable franco-chinoise de Caidian, nous espérons bien en faire un modèle pour d’autres villes en Chine et même d’autres villes dans le monde, parce que la population urbaine dans le monde ne cesse de s’accroître et d’ici 2040 à peu près, 75 % de la population mondiale vivra dans des villes. C’est donc un projet qui est tout à fait important pour nous. Nous espérons qu’il pourra servir d’exemple pour d’autres villes en Chine, mais également dans le monde.

Où en est ce projet actuellement ?

Il y a déjà une dizaine d’entreprises françaises qui y ont participé, pour la planification urbaine, des réseaux de froid, de chaleur, d’électricité, etc. Sur la question de la protection des zones des lacs également. Donc en ce moment, on commence à travailler vraiment concrètement sur le terrain. C’est un projet de long terme, assez complexe. Notre travail est de faire connaître ce projet auprès des entreprises françaises qui travaillent dans le domaine du développement durable et les encourager à venir s’intéresser à Wuhan.

Parlez-nous de du fret ferroviaire Chine-Europe à Wuhan.

Quand le premier train est arrivé ici à Wuhan, le premier ministre français M. Cazeneuve a assisté à l’ouverture du containeur dans lequel il y avait du vin. L’entreprise WAE vient de créer un entrepôt sous douane pour le vin, donc c’est intéressant.

Quels autres canaux ou moyens sont utiles pour promouvoir davantage la coopération entre les deux pays dans les domaines économiques et commerciaux ?

Nous encourageons les entreprises françaises à venir s’intéresser à Wuhan et au Hubei. Nous avons organisé un certain nombre de voyages d’étude, on fait venir des entreprises françaises dans un domaine particulier et on leur présente à la fois les autorités locales qui sont spécialistes de ce domaine, et on organise des rendez-vous avec des entreprises locales chinoises de Wuhan en espérant que de ces rendez-vous vont pouvoir naître des échanges et des coopérations entre ces entreprises. Nous ne faisons pas la coopération directement, mais ce sont les entreprises. On joue le rôle d’intermédiaire. On peut faire parfois des analyses, des études de marché. Certaines entreprises nous en demandent et c’est le service économique qui s’en occupe.


(Journaliste : Liu Ting ; rédacteurs : Jacques Fourrier, Yang Jiaqing)  


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Source:Beijing Information