Le boycott américain de Huawei n’enchante pas les pays européens

Alors que le président américain Donald Trump a accepté de permettre à la société Huawei de reprendre certains de ses approvisionnements en composants et logiciels américains, la question de savoir si le Royaume-Uni se joindra ou non au boycott du géant chinois de la technologie semble se poser soudain en des termes moins forts.

La déclaration de M. Trump faisait suite à une période de six semaines au cours de laquelle les sociétés américaines n'étaient pas autorisées à acheter des composants de Huawei. Malgré cela, Huawei restera sur la liste noire jusqu'à ce qu'il en soit officiellement retiré. Même dans ce cas, la société continuera à ne pas pouvoir vendre ses produits aux sociétés américaines et à celles des pays soutenant le boycott orchestré par les Etats-Unis.

Jusqu'à présent, Londres avait refusé de se joindre au boycott, malgré plusieurs mois de pressions de Washington, qui a affirmé avoir identifié des faiblesses dans le matériel de Huawei qui le rend vulnérable à une utilisation par des espions, une affirmation que la société a réfutée avec véhémence.

Liu Xiaoming, ambassadeur de Chine au Royaume-Uni, a affirmé que toute interdiction britannique vis-à-vis de Huawei enverrait un « message négatif » aux autres sociétés chinoises envisageant d'investir dans le pays. « Le Royaume-Uni restera-t-il un environnement favorable aux entreprises pour les entreprises chinoises? Cela enverra un très mauvais signal, non seulement pour le commerce, mais aussi les investissements », a-t-il déclaré dans un entretien télévisé accordé à la BBC.

Huawei, qui emploie 7000 personnes au Royaume-Uni, a ouvert son premier bureau local il y a 16 ans. Entre 2013 et 2017, la société a investi ou effectué des fournitures pour plus de 2 milliards de livres sterling (2,54 milliards de dollars) au Royaume-Uni et, en 2018, elle s'est engagée à investir 3 milliards supplémentaires en technologies et services britanniques au cours d'une période de cinq ans.

Un rapport récent commandé par quatre des plus grandes sociétés britanniques de téléphonie mobile (EE, O2, Three et Vodafone) a révélé qu'une interdiction de Huawei retarderait de deux ans le déploiement de la technologie 5G au Royaume-Uni. L'étude, publiée par le cabinet de conseil en technologies Assembly Research, a noté qu'un tel retard coûterait à l'économie britannique entre 4,5 et 6,8 milliards de livres.

Margot James, ministre britannique des industries numériques et créatives, soutient la participation de Huawei au déploiement de la 5G au Royaume-Uni et a déclaré que le gouvernement devrait donner suite aux recommandations du Centre national de cybersécurité du Royaume-Uni, qui n'a trouvé aucune preuve à l'appui des affirmations des Etats-Unis. .

Huawei continue néanmoins de promouvoir ses produits et services et effectuera sa tournée de présentation au Festival of Speed de Goodwood dans le Sussex, en Angleterre, du 4 au 7 juillet.

Le gouvernement britannique devrait annoncer sa décision concernant Huawei lors de la publication d'un rapport sur la chaîne logistique des télécommunications dans les prochaines semaines.

Des pays de l'Union européenne (UE) considèrent également de prendre position, mais aucun n'a rapidement adhéré au boycott américain. Le président du régulateur allemand des télécommunications a déclaré plus tôt cette année que Huawei ne devrait pas être exclu du réseau 5G du pays. Et le plus gros opérateur néerlandais, KPN, a annoncé son intention d’utiliser des équipements de Huawei. L'UE a publié des recommandations sur la sécurité de la 5G en mars dans lesquelles elle a invité les Etats membres à revoir leurs réseaux d'ici la fin du mois de juin et à rendre compte de leurs conclusions à la Commission européenne. A ce jour, aucun pays de l'UE n'a rejoint le boycott des produits de Huawei.