Le Canada exhorté à prendre des décisions indépendantes dans l'affaire Meng Wanzhou

Alors qu'un tribunal canadien doit entendre jeudi le cas d'extradition de la directrice financière de Huawei Meng Wanzhou, des analystes chinois ont averti que si ce cas n'était pas traité de manière adéquate, les tensions Chine-Canada pourraient ne pas s'atténuer, exhortant ainsi la partie canadienne à prendre des décisions indépendamment de toute influence américaine.

Les relations sino-canadiennes se sont dégradées après l'arrestation de Mme Meng à la demande des Etats-Unis, et des experts chinois ont souligné mercredi que les décisions diplomatiques et le système juridique du Canada étaient fortement influencés par les Etats-Unis et n'avaient donc pas réussi à élaborer des politiques fondées sur leurs propres intérêts qui auraient pu être bénéfiques pour les relations sino-canadiennes.

L'ambassadeur de Chine au Canada, Lu Shaye, a déclaré mardi que la Chine n'était pas responsable des « difficultés » auxquelles font face les relations bilatérales, mais a affirmé qu'elle était disposée à aider la partie canadienne à les résoudre.

M. Lu a indiqué estimer que le Canada était en mesure de gérer de manière adéquate ses relations tant avec la première qu’avec la seconde plus grande économie du monde. L’ambassadeur a tenu ces propos lors d'une interview avec des médias canadiens et chinois.

Lu Shaye quittera son poste à Ottawa plus tard ce mois-ci, ont rapporté des médias canadiens.

Le jour de la conférence de presse, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a exprimé « ses réelles inquiétudes concernant le comportement de la Chine vis-à-vis des droits de l'Homme », a rapporté Reuters.

Mercredi, l'ambassade de Chine au Canada a entrepris des démarches et a fait part de son mécontentement, affirmant que les propos de M. Trudeau interféraient de manière flagrante dans les affaires intérieures de la Chine et enfreignaient les normes fondamentales régissant les relations internationales.

Li Haidong, professeur à l'Université des affaires étrangères de Chine à Beijing, a avancé que les propos de M. Trudeau laissaient penser qu'il ne comprenait pas la complexité de la Chine en tant que pays immense avec une population énorme ainsi que le mode de développement propre à la Chine.

Les liens économiques et commerciaux ont également été affectés, alors que la Chine va renforcer ses inspections des porcs et des produits porcins en provenance du Canada, ouvrant tous les conteneurs d'importations canadiennes et, dans certains cas, en inspectant tout le contenu. La Chine a temporairement suspendu les permis d'importation de deux usines de viande de porc au début du mois de mai, a rapporté mardi CBC News.

Ces rebondissements suggèrent que les tensions pourraient ne pas s'atténuer rapidement, a déclaré M. Li, qui a avancé que le gouvernement fédéral du Canada avait montré sa dépendance aux Etats-Unis (à l'égard de la diplomatie et de l'application de la loi). Selon lui, une amélioration des relations bilatérales résidera donc dans les échanges économiques et culturels entre les provinces des deux pays.

Le Premier ministre de la province canadienne de Nouvelle-Ecosse, Stephen McNeil, s'est rendu à la mi-mai dans la province chinoise du Guangdong (sud) pour une visite de cinq jours, marquant la première visite d’un homme politique canadien en Chine depuis l'arrestation de Mme Meng.