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Intellectuel italien : les échanges sino-italiens renforcés par l’initiative de « La Ceinture et la Route »

French.china.org.cn | Mis à jour le 22. 03. 2019 | Mots clés : Chine,Italie

Note d’éditeur : le 21 mars, le président chinois Xi Jinping est arrivé à Rome pour une visite d’Etat en Italie. En amont de sa visite, une tribune intitulée L'Orient rencontre l'Occident : un nouveau chapitre de l'amitié sino-italienne, a été publiée mercredi dans le journal italien Corriere della Serra, dans lequel le président chinois a indiqué que « la Chine et l'Italie, exemples prestigieux des civilisations orientale et occidentale, ont toutes les deux écrit de splendides chapitres dans l'histoire des progrès humains ». China.org.cn a invité Guido Cappelli, professeur de littérature italienne à l’Université de Naples - L’Orientale pour écrire cette tribune où il retrace l’histoire des échanges entre la Chine et l’Italie et évalue l’importance de l’initiative de « La Ceinture et la Route ».

Le premier Occidental connu à avoir mis les pieds en Chine fut un Italien : Marco Polo. L’explorateur laissa ses aventures extraordinaires gravées dans un livre immortel qui connut le succès : Milione, connu en français sous le titre de Le Devisement du monde ou Livre des merveilles, un livre qui pendant des siècles a formé l’imaginaire occidental face à la Chine.  

L’homme occidental, et l’Italien en particulier, a toujours été fasciné par l’Orient, notamment la Chine. Aujourd’hui, cet imaginaire se fond avec l’image ultramoderne d’un pays immense qui, depuis quelques décennies, a recommencé à fasciner le monde. La Chine émerveille en effet un grand nombre d’observateurs de cette partie du monde, avec une fougue impressionnante, avec la sagesse tranquille de celui qui se sait destiné à jouer le rôle principal.

Ainsi, dans la Chine d’aujourd’hui, pour nous Européens et Italiens se fondent et se confondent en une image unique et polyvalente deux dimensions : l’historique, d’une civilisation antique que l’Italie a eu la chance de connaitre et d’approfondir de première main, avec entre autres les visites au XVIIe siècle en Chine de Matteo Ricci, le prêtre géographe dont la sépulture est honorée à Beijing. Il y a ensuite l’image contemporaine, qui associe le pays à la haute technologie, au sport olympique, ou à des projets extraordinaires comme le récent atterrissage de la sonde lunaire Chang’e 4 sur la face cachée de la Lune. 

La grande puissance asiatique, désormais protagoniste sur la scène planétaire, représente sans aucun doute une occasion à saisir pour le reste du monde, et essentiellement pour une Europe qui s’interroge depuis des décennies sur sa propre identité géopolitique, sur son propre rôle dans le monde. Il est salutaire et réconfortant que la puissance et l’influence dans le monde soient, comme disent les diplomates, multipolaires, ou multilatérales. C’est pourquoi on peut considérer comme une circonstance favorable qu’une grande nation millénaire et pacifique qui, gardant ses distances tout en ayant la main tendue et les bras ouverts, propose des échanges d’idées et de biens à l’avantage de toutes les parties. C’est une façon nouvelle, plus vertueuse et efficace, de mener une concurrence tout en coopérant.

Voilà le sens de l’initiative de « La Ceinture et la Route », héritière de cette Route de la Soie très ancienne, ce treillis maritime, terrestre et fluvial qui, presque spontanément, exploitant les moyens de communication les plus faciles et les plus sûrs, créée par les commerçants et les voyageurs pour relier les deux plus grands empires et les deux plus hautes civilisations de l’Antiquité : Rome et la Chine. C’est une route traversée par les siècles entre l’Orient et l’Occident, qui s’est développée et a fini par devenir un chemin de fer, à l’enseigne de la soie, mais aussi à l’enseigne de tant et tant de marchandises, de biens, de connaissances, et non seulement de biens matériels, mais également d’idées, d’inventions, de pensées et de sentiments.

Aujourd’hui, l’initiative de « La Ceinture et la Route » rappelle et actualise une relation d’amitié antique et solide entre la Chine et l’Italie. Mais pour un intellectuel appartenant à une grande civilisation millénaire comme celle de l’Italie, le sens définitif de cette alliance, de cette amitié basée sur des intérêts communs et une même vision culturelle plus encore que politique, sur une affinité entre les deux peuples qui, au niveau des comportements et des attitudes, est encore plus étroit qu’on ne puisse l’imaginer -- pour un intellectuel italien, donc, le sens est peut-être encore plus important et prometteur. Parce que, si par discrétion et par euphémisme, nous parlons de mémorandum économique, il s’agit en réalité de grandes retrouvailles culturelles et spirituelles, d’un approfondissement des rapports sur les voies de la modernité mondiale, mais avec en mémoire un passé d’échanges, de rencontres, et de croisements. 

Bien sûr, les bénéfices au niveau économique seront remarquables : l’Italie a avantage à augmenter ses échanges commerciaux avec la Chine. Les visiteurs chinois apprécient Leonard de Vinci ou Dante Alighieri autant que la Ferrari, la mode ou l’art. Le même mélange de choses anciennes et modernes qui fascine les Italiens quand, aujourd’hui, ils pensent à la Chine. La sensibilité artistique, l’expérience esthétique, la profondeur culturelle : sur ces terrains également, les deux peuples se rencontrent encore. Cet heureux mélange d’ancien et de nouveau renforce de façon extraordinaire les relations culturelles aux plus hauts niveaux. Que ce soit entre les instituts culturels ou par les conventions entre les universités des deux pays, les relations sont en croissance constante. C’est un honneur que d’avoir non seulement contribué à créer le premier doctorat en Etudes italiennes en Chine (à l’université des Etudes étrangères de Beijing, BFSU), mais aussi d’assister à la croissance continuelle des relations entre étudiants et jeunes intellectuels qui, toujours plus nombreux, passent par les deux pays. 

La Chine s’ouvre à l’Italie, dit-on. Mais vu de l’Occident, il est encore plus enthousiasmant de voir que l’Italie s’ouvre de nouveau, finalement et définitivement, à la Chine qui est grande, pacifique et millénaire.


Par Guido Cappelli, professeur de littérature italienne à l’Université de Naples - L’Orientale. Texte traduit de l’italien par Lisa Carducci, édité par China.org.cn


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Source:french.china.org.cn