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Le potentiel de la relation sino-française au 55e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays

French.china.org.cn | Mis à jour le 22. 01. 2019 | Mots clés : Chine,France,relations diplomatiques

Le 27 janvier 1964, les gouvernements chinois et français ont annoncé l'établissement de leurs relations diplomatiques, et la France est ainsi devenue la première puissance occidentale à établir des relations diplomatiques au niveau d’ambassade avec la Chine nouvelle. L’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays témoigne de l’esprit visionnaire de leurs dirigeants, qui ont pris une initiative majeure au service de leurs intérêts stratégiques.

En janvier 2018, le président Xi Jinping a déclaré lors de la visite en Chine du président français Emmanuel Macron que « les relations entre la Chine et la France peuvent exploiter pleinement leur potentiel dans la nouvelle ère ». Cette phrase est une affirmation complète du bien-fondé du développement des relations sino-françaises depuis plus d'un demi-siècle, mais aussi une expression d’attentes et un point de vue clair sur la tendance de développement de cette relation dans la nouvelle ère. Il ne s’agit en aucun cas de rhétorique diplomatique, mais bien d’une conclusion basée sur l’observation de la situation mondiale actuelle, l’évolution des relations entre les grandes puissances et l’adaptation de leurs stratégies diplomatiques respectives. C'est la décision stratégique majeure et le choix important de la Chine, de promouvoir la diplomatie entre grandes nations dans l'ère nouvelle.

Analyse des relations sino-françaises en trois éléments de contexte

La phrase sur la réalisation du plein potentiel des relations sino-françaises dans la nouvelle ère devrait être analysée selon le prisme de trois grands éléments qui forment son contexte.

Tout d'abord, à l'automne 2017, le 19e Congrès national du Parti communiste chinois s'est tenu avec succès. Faire progresser la diplomatie aux caractéristiques chinoises de grande puissance dans la nouvelle ère est devenu un objectif principal du travail diplomatique de la Chine. Xi Jinping a souligné le 28 décembre 2017, lors de sa rencontre avec les représentants des missions diplomatiques chinoises à l’étranger, la nécessité de saisir en profondeur l'esprit du 19e Congrès national et la pensée socialiste aux caractéristiques chinoises dans la nouvelle ère, afin de comprendre correctement les tendances de l’époque et la scène internationale, et afin de promouvoir la diplomatie de grand pays de la Chine. Le président Xi a aussi souligné la nécessité d'approfondir la structure diplomatique globale, d'élargir le réseau de partenariat et d'étendre en permanence le cercle de pays amis de la Chine. De toute évidence, le développement de la diplomatie avec les grands pays européens tels que la France constitue une partie importante du travail diplomatique.

La France est l'un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, elle fait partie du G7 et est l'une des principales puissances de l'UE. Ce statut particulier fait que les relations sino-françaises et sino-européennes constituent un élément important de la promotion des relations à caractéristiques chinoises entre grandes nations, ainsi que l'élargissement du réseau de partenariat et du cercle d'amis de la Chine.

Cette année marque le 70e anniversaire de la proclamation de la République populaire de Chine. En quatre décennies de réforme et d'ouverture, de grands changements visibles du monde entier se sont produits sur le territoire chinois. Cela a montré que tant que nous continuons d’approfondir résolument les réformes et que nous étendons notre ouverture, le socialisme aux caractéristiques chinoises suivra la voie d’un avenir encore meilleur. La Chine d'aujourd'hui se rapproche du centre de la scène internationale et participe activement à la gouvernance mondiale en proposant ses propres solutions. En tant que membre permanent des Nations Unies, le pays s'engage à travailler avec la plupart des autres nations pour sauvegarder la Charte des Nations Unies, renforcer le rôle de l’ONU, lutter contre l'hégémonisme et l'unilatéralisme, soutenir le multilatéralisme et préconiser le dialogue plutôt que la confrontation dans la résolution des conflits, ainsi que s’opposer à l’utilisation ou la menace de la force. La Chine s'efforce de jouer son rôle de grand pays responsable dans les affaires internationales.

Ceci correspond à la stratégie d’application de la stratégie diplomatique de grande puissance aux caractéristiques chinoises telle qu’elle a été définie par le 19e Congrès national du PCC. Cela constitue également le cadre le plus important pour l'avènement d'une nouvelle ère dans les relations sino-françaises.

Le deuxième grand élément est la montée de l’incertitude géopolitique en Europe.

On peut dire sans fard que ces dernières années, l'Europe a été secouée par des crises multiples. Le Royaume-Uni a décidé par référendum en 2016 de sortir de l'Union européenne. L'année dernière, lorsqu’il est devenu évident que la chancelière allemande Angela Merkel ne renouvellerait pas son mandat après des revers politiques répétés, le statut de ces deux grandes puissances est apparu considérablement affaibli. L'élection présidentielle française a mis en échec les forces populistes d'extrême droite, en élisant un candidat défendant le projet d'intégration européenne, a évité un désastre pour l’Europe et fait de la France le pays porteur de l'espoir de la poursuite du projet européen. Mis ensemble, ces événements ont renforcé le statut de la France comme puissance essentielle de l'UE.

Après l'entrée en fonction de Donald Trump, les relations transatlantiques sont devenues tendues. Le « repli stratégique » des États-Unis a bouleversé le paysage géopolitique traditionnel en Europe, remis en question le rôle de l'OTAN et enveloppé d’ombre celle de la sécurité européenne. Dans ce contexte, la France a réaffirmé que les pays de l'UE prenaient très au sérieux la défense commune européenne et que les vingt-cinq signataires de la disposition de défense commune qu’est la coopération structurée permanente (CSP), en soulignant le sentiment d'urgence qu’a l'Europe à assurer sa propre sécurité. L’Europe doit se confronter à la réalité et procéder à des ajustements stratégiques. La position dominante de la France, qui préconise cette approche depuis le début, est devenue évidente au sein de l’UE.

Le troisième grand élément est la nécessité de répondre en commun à l'hégémonisme et à l'unilatéralisme de Donald Trump.

Depuis l’année dernière, l’hégémonisme et l’unilatéralisme du président américain dans les affaires mondiales, en particulier envers la Chine et l’Europe, ont déclenché ou menacé de déclencher une guerre commerciale. Cela a suscité de vives réactions : plusieurs pays s'y sont fortement opposés, la Chine, la France et d’autres pays européens en premier lieu. Dans le discours qu’il a prononcé devant l'Assemblée générale des Nations unies, Emmanuel Macron a fermement exprimé son opposition à la « loi du plus fort » voulue par Donald Trump. Lors de la commémoration du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, le président français a appelé à faire avancer le projet de défense européenne autonome. Le ministre français des Affaires étrangères a récemment écrit un article appelant à « restaurer un multilatéralisme efficace ».

Lorsque le président Xi Jinping a rencontré le premier ministre français Édouard Philippe à Beijing en juin dernier, il a affirmé que la Chine et la France devaient brandir ensemble la bannière du multilatéralisme, défendre l'équité et la justice et protéger conjointement les principes fondamentaux des relations internationales. Il a également souligné que la Chine souhaite agir pour assurer la stabilité des relations sino-européennes. Édouard Philippe a répondu qu'il était inestimable d'avoir des partenaires stables aujourd'hui, alors que le multilatéralisme est mis au défi. Il a ajouté que la France était prête à travailler avec la Chine pour promouvoir la paix et la stabilité dans le monde et renforcer la coopération sino-européenne.

Dans ces trois éléments de contexte, la France a rapidement adapté sa politique envers la Chine. L’importance accordée à la Chine dans la diplomatie d’Emmanuel Macron est clairement plus haute, et la mise en place d’une coopération stratégique avec la Chine est devenue un élément important de sa politique étrangère. Le président français a souligné que face aux grands changements en cours dans le monde, à la crise économique mondiale, à l’affaiblissement des instances internationales et à la rupture de l’équilibre du monde, la Chine et l'Europe, et en particulier la France au sein de l’Europe, ont un grand rôle à jouer. Le journal français Le Monde a publié un article intitulé « La Chine et la France peuvent créer un des axes moteurs du monde post-américain », qui affirme que Paris et Beijing peuvent s'unir et employer des outils politiques et économiques pour créer un nouveau modèle mondial.

Une coopération stratégique élargie

En 2013, la Chine a présenté son initiative de « la Ceinture et la Route » (aussi connue comme l’initiative des Nouvelles Routes de la soie), qui ne cherche pas à reproduire le jeu d’échecs géopolitique traditionnel, qui n’exporte pas un système de société ni un modèle de développement. L’ancien vice-premier ministre Zeng Peiyan a souligné que cette initiative ne constituait pas un outil géopolitique, ni un programme d'aide extérieure, mais une plateforme de coopération pragmatique et une initiative de développement des liens entre pays, tout en créant des opportunités de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies. Ces dernières années, l’initiative a été comprise et reconnue par un nombre croissant de pays. La France est le pays d’Europe qui a répondu de manière la plus positive et la plus engagée.

En janvier 2018, lors de la visite d'État d’Emmanuel Macron en Chine, les deux pays ont décidé de renforcer leur coopération dans le cadre des Nouvelles Routes de la soie, conformément au principe de coopération gagnant-gagnant. Le président français a reconnu que cette initiative chinoise d’ampleur mondiale était dans l’intérêt de la France et de l’Union européenne. Il a affirmé que les destins de l'Europe et de la Chine étaient liés et que l'Europe devrait participer activement aux Nouvelles Routes de la soie, car celles-ci contribueront au multilatéralisme et à la promotion d’un monde multipolaire. 

À la veille du 19e Congrès national, le Forum asiatique de Bo’ao a tenu à Paris une conférence thématique sur la coordination stratégique Asie-Europe dans le cadre des Nouvelles Routes de la soie. Cet événement a été l’occasion de discuter des liens entre « la Ceinture et la Route » et le plan Juncker, ainsi que des plans de développement des différents pays d’Europe. Lors d’une rencontre de représentants de la Chine à l'Élysée, Emmanuel Macron a déclaré que les Nouvelles Routes de la soie avaient permis de construire un pont pour le développement du continent eurasiatique et que la France souhaitait participer activement à l’initiative sur la base du respect mutuel des règles et normes en vigueur, afin d’encourager la prospérité et le développement stable du continent eurasiatique et de l'Afrique.

En juin dernier, le Sénat français a présenté un rapport d’information intitulé « Pour la France, les Nouvelles Routes de la soie : simple label économique ou nouvel ordre mondial ? ». Le rapport cite un grand nombre de faits positifs sur l’initiative et suggère qu’en matière de construction d'infrastructures dans les domaines de l'aérospatiale et de la haute technologie numérique, la France est confrontée à une situation potentielle de concurrence, mais qu’elle peut jouer un rôle moteur grâce à ses propres atouts.

Le consensus atteint par la Chine et la France sur l’initiative a jeté des bases solides pour la future coopération stratégique entre les deux pays et a élargi leur espace de coopération. Cela montre bien que « les relations entre la Chine et la France peuvent exploiter pleinement leur potentiel dans la nouvelle ère ». 


par Shen Xiaoquan, maître de recherche au Centre de recherche sur les problématiques mondiales de l’agence Xinhua


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Source:french.china.org.cn