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Jean-Jacques de Dardel, l’ambassadeur de Suisse en Chine (Crédit Photo : Liang Chen/China.org.cn)
Le 19e Congrès national du Parti communiste chinois (PCC) s'est ouvert le 18 octobre à Beijing. Le président chinois Xi Jinping y a présenté un rapport et a déclaré que des « avancées historiques » avaient été réalisées ces cinq dernières années dans la cause du PCC et du pays. Une semaine avant l’ouverture de ce grand événement national chinois, Jean-Jacques de Dardel, l’ambassadeur de Suisse en Chine, a accordé une interview exclusive au journaliste du portail d’information de China.org.cn, lors de laquelle il n’a pas tari d’éloges sur les grands changements de la Chine au cours des dernières années.
La Chine est caractérisée par le changement
« Je vous dirais que la Chine est caractérisée par le changement. Tout change en Chine, et très vite », a déclaré Jean-Jacques de Dardel lors de l’interview.
La première visite en Chine de M. de Dardel remonte à 1986, moment où il a visité de nombreux lieux avec son épouse. Vingt-huit ans plus tard, il est nommé en février 2014 ambassadeur de Suisse en Chine. Depuis sa première visite, il a constaté un changement profond du pays. « La Chine a vraiment changé beaucoup. Elle a changé du tout au tout, du moins à l’œil. [...] Je ne connais pas d’autre exemple de progrès économique aussi fulgurant que celui qui a enrichi la Chine depuis une génération », a-t-il indiqué.
D’après l’ambassadeur de Suisse, cet écart de près de 30 ans lui a permis de mesurer l’évolution et le développement des villes, des infrastructures et des paysages même de la Chine. « C’est absolument remarquable! », s’est-il exclamé. Mais à part l’évolution économique, ce qui le frappe aussi beaucoup, c’est « une grande évolution de l’individualité chinoise, de la manière qu’ont les Chinois de s’exprimer et d’envisager leur vie propre. Là, je trouve qu’il y a un changement très fondamental, non pas du tout visuel, mais plus intellectuel. Ce qui enrichit la Chine d’autant. Et de ce point de vue là, je suis très satisfait de voir que cette évolution, à travers des réformes remarquables, a permis une amélioration de ce paysage humain que j’avais appris à aimer déjà à l’époque. »
Le paiement électronique, « Alipay, oui, je paie, mais plutôt par Wechat. »
En mai 2017, dans le cadre des discussions sur les Nouvelles Routes de la Soie, des jeunes de vingt pays riverains ont sélectionné les « quatre grandes nouvelles inventions » qui caractérisent la Chine, soit le réseau ferroviaire à grande vitesse, le paiement électronique, les vélos en partage et l’e-commerce.
Concernant ces quatre domaines d’évolution, M. l’Ambassadeur n’en est point étranger : « Oui, je les connais tous. Je les connais relativement bien, soit de l’intérieur, soit de l’extérieur. [...] Alipay, oui, je paie, mais plutôt par Wechat. Avec ça, il y a d’autres moyens de paiement en Chine aussi. […] Le commerce électronique, je voudrais m’y adonner un peu plus, mais pour des raisons linguistiques, et comme les plateformes de vente sont généralement en chinois uniquement, je ne peux pas m’y adonner, j’ai besoin d’aide des autres. Et […] les vélos en partage, oui je m’en suis servi, j’ai trouvé ça formidable. »
Interrogé sur ce qu’il préfère le plus, il a répondu avec franchise que c’est « probablement les trains à grande vitesse, parce que je les utilise le plus souvent possible ». D’après lui, bien que les trains à grande vitesse ne soient pas une invention chinoise, « le développement du réseau ferroviaire chinois, je le donne en exemple à tous, et je trouve que ce sont les meilleurs trains du monde ».
Quant au développement du paiement électronique, et en particulier Alipay, l’Ambassadeur a estimé que cela était bien une invention chinoise, et que « le monde financier et le monde des experts reconnaît que la Chine a acquis une véritable avance en matière de technologie financière ». Selon lui, les moyens de paiement électronique, comme moyens complémentaires dans la palette de moyens, sont tout à fait remarquables en Chine. Mais Alipay et ces moyens là, même Wechat, ne sont pas encore institutionnalisés en Suisse, contrairement à UnionPay, qui est « quelque chose qui fonctionne un peu partout » dans son pays. Pour l’instant, « il y a quelques grands magasins qui peuvent vous offrir cette possibilité, mais ça viendra, parce qu’on y songe, on en discute. Les progrès vont se faire sentir », a-t-il ajouté.
« Ce que je recommande aux touristes étrangers, c’est de ne pas venir qu’une seule fois en Chine »
L’année 2017 est l'Année touristique sino-suisse. Beaucoup d’activités et d’échanges ont eu lieu dans les deux pays. Pour l’Ambassadeur de Suisse en Chine, « le grand succès, d’après mon évaluation des choses, c’est la visite de votre président Xi Jinping en Suisse, en partie dans des zones touristiques, dont les paysages ont marqué les esprits des Chinois qui ont pu suivre cette visite de leur président à travers ces quatre jours de présence. [...] Après une certaine baisse du tourisme chinois en direction de l’Europe occidentale, je crois qu’il est reparti à la hausse et que la Suisse est une des destinations favorites des Chinois en Europe, et donc nous en sommes très heureux ».
Selon lui, il y a une espèce d’amitié, d’intérêt mutuel qui s’est établi, et qui fait que cette Année du tourisme « n’est qu’un début d’une activité soutenue dans le domaine du tourisme croisé ». Il a également indiqué souhaiter voir plus de Suisses venir découvrir la Chine. A cet effet, l’ambassadeur, qui est épris de la Chine depuis plus de trente ans, a donné quelques conseils aux touristes étrangers qui veulent découvrir ce pays :
« Il est plus difficile de découvrir la Chine, qui est un immense pays, malgré l’excellence de son réseau d’infrastructures de transport, que la Suisse, qui est très dense mais beaucoup plus petite. Alors je dirais que les touristes suisses, ou étrangers, peuvent se concentrer sur ce qui les intéresse le plus. Les grandes villes, ouvertes sur le monde : Canton, Shanghaï, Pékin, pour aller du sud au nord. Les villes mondialement connues à travers l’attraction touristique qui a fait leur réputation : Xi’an et son armée de guerriers en terre cuite. Ou alors, quant à moi ce qui m’attire le plus, les beautés naturelles du Guizhou, du Yunnan, du Sichuan, ou alors de l’intérieur des terres, le Tibet, le Xinjiang. Mais vous ne pouvez pas tout faire, parce que le circuit serait beaucoup trop grand. Donc ce que je recommande aux touristes étrangers, c’est de ne pas venir qu’une seule fois en Chine, mais de se promettre d’y venir plusieurs fois avec et à travers des voyages thématiques », a-t-il précisé.
« Nous sommes très différents tout en étant finalement semblables, nos objectifs sont les mêmes. »
Les relations entre la Chine et la Suisse se distinguent par leur densification, surtout depuis ces dernières années. Ces treize derniers mois, trois rencontres présidentielles, dont deux visites d’Etat ont été tenues. Le président suisse est venu en Chine l’année dernière et le président chinois s’est rendu en Suisse au début de cette année.
« C’est absolument remarquable comme densification de nos relations et comme marque d’estime mutuelle, dans ce monde où la Chine est devenue une très grande puissance, où tout le monde veut développer ses liens avec la Chine et où la Chine s’est ouverte au monde d’une manière toute aussi remarquable que ce que je vous disais au sujet de son évolution économique. Alors évidemment, nous avons là un approfondissement des échanges qui se retrouve à tous les autres niveaux, parce que l’influence de ce rapprochement politique se fait sentir au niveau économique, culturel, social, sociétal, et nous ne pouvons que nous en féliciter. Ça s’est passé sous mon mandat et donc ça m’a tout a fait frappé », a déclaré Jean-Jacques de Dardel.
Aux yeux de l’Ambassadeur, « cette densité est telle, maintenant, que nous n’avons pas à espérer une percée particulière ou un développement particulier. C’est dans l’ensemble d’une relation très mûre que je m’attends à une construction toujours accélérée de nos échanges, de nos complémentarités, et de ce que nous pouvons nous apporter à travers nos avantages comparatifs. Et de ce point de vue là, je dirais que la Chine a de plus en plus d’avantages comparatifs elle-même. [...] Il y a une certaine image de la Chine qui est en train de changer rapidement, et j’en suis très content, parce que d’“ usine du monde et productrice de biens bon marché ”, elle est devenue aussi un pays d’excellence dans bien des domaines ».
« Nous avons beaucoup de choses à échanger parce que nous sommes très différents tout en étant finalement semblables, puisque nos objectifs sont les mêmes : la préservation de la planète, un développement harmonieux, et nous constatons avec grand plaisir que les orientations de la diplomatie chinoise, des relations internationales de la Chine, correspondent toujours plus aux nôtres. Donc nous nous sentons là appelés aussi à développer de réelles collaborations dans des domaines qui devraient concerner l’ensemble de la planète », a conclu M. l’Ambassadeur.
Source:french.china.org.cn |