Le feu a englouti un immeuble d'habitation de 24 étages dans l'ouest de Londres hier, faisant au moins douze morts et 70 blessés, a déclaré la police. En essayant désespérément de les sauver des flammes, plusieurs résidents ont jeté des bébés et de jeunes enfants des fenêtres vers les gens placés en bas de l'immeuble, ont rapporté des témoins.

Les flammes ont illuminé le ciel nocturne et dégagé une épaisse fumée noire des fenêtres de la tour Grenfell dans le quartier de North Kensington, où plus de 200 pompiers étaient mobilisés pour maîtriser l'incendie.

La fumée s'échappait encore vers le ciel à l'aube, révélant le bâtiment noirci par l'incendie, plus de douze heures après le début du drame.

Des gens piégés par les flammes et la fumée épaisse ont frappé sur les fenêtres et criaient à l'aide, ont raconté des témoins et des survivants. Un résident a déclaré que l'alarme incendie ne s'était pas déclenchée. Il y a quelques mois déjà, des membres de la communauté avaient exprimé leur préoccupation quant au risque d'incendie de ce bâtiment de logements populaires.

« Je n'ai jamais vu rien de tel, de telles flammes, cela m'a rappelé le 11 septembre », a déclaré Muna Ali, une femme âgée de 45 ans. « L'incendie s'est déclaré dans les étages supérieurs … oh mon Dieu, il s'est propagé si rapidement. En une demi-heure, l'immeuble entier était en feu. »

« C'est un incident sans précédent », a estimé le chef des pompiers Dany Cotton. « En vingt-neuf ans de carrière, je n'avais rien vu de cette ampleur ».

Elle a dit qu'elle craignait que d'autres victimes soient encore à l'intérieur du bâtiment. 600 personnes y vivaient dans 120 appartements.

Au milieu de l'après-midi, les pompiers effectuaient des recherches dans le bâtiment carbonisé, tentant de trouver des survivants.

La cause de l'incendie n'a pas été annoncée, mais les résidents ont rappelé avec colère qu'ils avaient averti les autorités locales au sujet du risque d'incendie dans la tour Grenfell.

Ce bâtiment résidentiel construit en 1974 a récemment été rénové avec un budget de 8,6 millions de livres (11 millions de dollars). Les travaux ont été achevés en mai 2016, a indiqué le Royal Borough de Kensington et Chelsea.

Samira Lamrani, témoin de l'incendie, a vu une femme jeter son bébé d'une fenêtre au neuvième ou dixième étage vers des gens réunis sur le trottoir pour l'attraper.

« Des gens sont apparus aux fenêtres en hurlant » et une femme a crié qu'elle allait faire tomber son bébé, a-t-elle déclaré aux journalistes. « Un homme est arrivé en courant et a réussi à attraper le bébé. »

Joe Walsh, un homme âgé de 58 ans, a déclaré qu'il a vu quelqu'un jeter deux enfants par la fenêtre du cinquième ou sixième étage.

Tiago Etienne, âgé de 17 ans, a déclaré avoir repéré environ trois enfants âgés de 4 à 8 ans dans un appartement situé au quinzième étage.

Le chef de la police Stuart Cundy a déclaré que le bilan des décès allait probablement s'alourdir « pendant notre opération de sauvetage qui s'annonce complexe au cours des jours à venir ».

Paul Woodrow, responsable exécutif du Service des ambulances du Londres, a rapporté que vingt des blessés étaient dans un état critique.

La brigade de pompiers de Londres a été prévenue de l'incendie à 12 h 54 et les premiers pompiers sont arrivés sur place en six minutes, a indiqué Dany Cotton.

Les témoins ont décrit qu'un matériau blanc ressemblant à du polystyrène tombait comme de la neige du bâtiment pendant l'incendie.

Certains craignaient l'effondrement du bâtiment, mais un ingénieur de structure a déclaré que cela ne se produirait pas. Les pompiers ont déclaré que la sécurité de l'équipe avait été confirmée à ce niveau.

Ruks Mamudu, âgée de 69 ans, s'est échappée de son appartement du premier étage en portant seulement son pyjama et son peignoir.

Son petit-fils et elle étaient assis devant le bâtiment, et ont vu avec impuissance ceux qui étaient piégés dans les étages supérieurs.

« Je me suis assise là, j'ai regardé ma maison brûler et les gens qui demandaient de l'aide et qui ne pouvaient pas descendre », a-t-elle déclaré.

Sur place, certains ont dit qu'ils ne parvenaient pas à joindre leurs amis ou des membres de leur famille dans le bâtiment. D'autres ont vu des gens utiliser des lampes de poche et des téléphones mobiles dans l'espoir d'être secourus.

Nassima Boutrig, qui vit en face du bâtiment, a déclaré que la fumée était si épaisse qu'elle avait rempli sa maison.

« Nous avons entendu les gens crier », a-t-elle déclaré. « Beaucoup demandaient de l'aide. La brigade des pompiers n'a pu qu'aider ceux qui étaient en bas. Tout le haut du bâtiment était en feu, ils ne pouvaient pas l'arrêter. »

Certains habitants ont d'abord pensé à une attaque terroriste, mais les autorités pensent que cela est improbable.

Edward Daffarn, un résident du 16e étage âgé de 55 ans, a déclaré que l'alarme incendie ne s'était pas déclenchée. Il a ajouté que les résidents se plaignaient depuis des années aux conseils d'administration des logements de Kensington et Chelsea au sujet du risque d'incendie, en vain.

« J'ai de la chance d'être en vie. L'alarme d'un voisin s'est déclenchée et un autre m'a téléphoné pour me dire de sortir », a-t-il déclaré. « Je considère qu'il s'agit d'un meurtre de masse. »

Le groupe d'action de Grenfell, une organisation communautaire formée pour s'opposer à un projet de réaménagement à proximité, avait déjà prévenu les autorités du risque d'incendie en 2013.

Le groupe a soulevé des inquiétudes au sujet du test et de la maintenance des équipements de lutte contre l'incendie et de l'accès d'urgence bloqué au site.

Le 20 novembre, le groupe avait publié un message en ligne prédisant que seul « un événement catastrophique » entraînant de « graves pertes humaines » amènerait les autorités à prendre les mesures nécessaires à assurer les conditions sécuritaires.

« Nos avertissements n'ont pas été pris en compte, nous avions dit qu'une catastrophe comme celle-ci était inévitable », a déclaré le groupe hier.

Le Conseil de Kensington et Chelsea, qui supervise la région et qui est propriétaire de la tour Grenfell, a déclaré que son objectif immédiat était d'aider les victimes et leurs familles. Il a déclaré que la cause du drame serait « pleinement étudiée ».

Une lettre d'information datant de juillet 2014 affirmait aux résidents que le bâtiment était conçu selon les normes rigoureuses de sécurité et recommandait en cas d'incendie de rester dans les appartements.

La société britannique qui a effectué la rénovation de la tour en 2016, Rydon, a déclaré que son travail « répond à tous les contrôles de construction requis, à la réglementation des incendies et aux normes de santé et de sécurité ».

Le maire de Londres Sadiq Khan a déclaré qu'il faudrait résoudre plusieurs questions sur la sécurité concernant des dizaines de tours dans la capitale britannique.

« Il y aura beaucoup de questions au cours des prochains jours sur la cause de cette tragédie, et je veux rassurer les Londoniens en leur affirmant que nous obtiendrons toutes les réponses », a déclaré M. Khan.

Le bureau de la première ministre Theresa May a déclaré qu'elle était profondément attristée par les décès tragiques dans la tour Grenfell et qu'elle était informée de la situation en continu.