Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a déclaré dimanche au président chinois Xi Jinping que les Etats-Unis aimeraient développer la relation avec la Chine, basée sur les esprits de "respect mutuel" et de "coopération gagnant-gagnant". Des analystes estiment ainsi que M. Tillerson a implicitement approuvé le nouveau modèle de relations entre grandes puissances.

Lors de sa rencontre avec le secrétaire d'Etat en visite, M. Xi a souligné que la coopération est la seule voie à suivre pour les deux parties.

« Vous avez déclaré que les relations entre la Chine et les Etats-Unis ne peuvent être qu'amicales. Je vous en suis reconnaissant », a indiqué le président Xi.

Il a également fait savoir qu'il avait communiqué à plusieurs reprises avec le président Donald Trump par téléphone et via des messages. « Nous estimons tous les deux que la coopération sino-américaine est désormais la voie que nous souhaitons tous les deux emprunter. Nous nous attendons tous les deux à une nouvelle ère de développement constructif ».

« Les intérêts communs de la Chine et des Etats-Unis l'emportent de loin sur les différends, et la coopération est le seul choix valide pour nous deux », a ajouté M. Xi.

Rex Tillerson a affirmé que le président Trump était impatient de rencontrer le président Xi et d'avoir l'occasion de se rendre en Chine.

M. Tillerson a ajouté que le sommet entre les deux dirigeants confirmera la direction des relations sino-américaines pour les 50 prochaines années. Les Etats-Unis aimeraient développer les relations bilatérales avec la Chine basées sur « l'esprit de zéro conflit, zéro confrontation, de respect mutuel et de coopération gagnant-gagnant », a rapporté l'agence de presse officielle chinoise Xinhua.

Une nouvelle expression

En 2010, la Chine a présenté un nouveau modèle de relations entre grandes puissances, dans lequel les concepts de base sont « zéro conflit, zéro confrontation, le respect mutuel et la coopération gagnant-gagnant ». Beijing s'était dit espérer que Washington accepterait ces principes afin de développer la relation sino-américaine de la bonne manière pour éviter le piège de Thucydide, théorie selon laquelle une puissance montante et une superpuissance établie sont tenues de s'engager dans des conflits.

Alors que la Chine se félicite de l'adoption de son modèle, ce que l'administration précédente de Barack Obama avait refusé de faire, nous devons étudier les mots et les actes des Etats-Unis afin voir s'ils sont crédibles, a déclaré Shi Yinhong, directeur du Centre des études américaines à l'Université Renmin de Chine.

« Tillerson a tenu ces propos parce que Trump veut créer une atmosphère amicale et un bon environnement pour le prochain sommet », a affirmé M. Shi.

Pendant l'ère Obama, la Chine a toujours mis en avant ces principes, mais rien n'indique que la partie américaine ait fait la même chose.

« A cette époque, les Etats-Unis ont refusé d'accepter le concept de "respect mutuel", car ils ont refusé d'accepter la définition chinoise des "intérêts fondamentaux" », a fait savoir M. Shi.

« Le "respect mutuel" donnera aux alliés américains dans la région Asie-Pacifique l'impression que la Chine et les Etats-Unis sont égaux dans la région, donc accepter le "respect mutuel" minera l'autorité américaine parmi ses alliés. C'est ce que l'administration Obama pensait », a déclaré An Gang, expert en études américaines et membre du comité académique de l'Institution Pangoal, un groupe de réflexion basé à Beijing.

M. Tillerson ne parlait pas à titre personnel, mais en accord avec une décision sérieuse prise par les Etats-Unis, alors que Donald Trump souhaite entamer une relation avec la Chine différente de celle de son prédécesseur. La Chine devrait ainsi accueillir avec prudence les paroles de M. Tillerson. C'est toutefois un pas en avant et un résultat des efforts diplomatiques de la Chine, a affirmé M. An.

« Nous devrions apprendre des leçons de l'ère Obama, à savoir que tout peut sembler heureux et amical pendant le sommet, mais qu'en réalité, les Etats-Unis font peu de compromis ou agissent même de manière plus agressive », a noté Shi Yinhong.

Depuis que M. Trump a pris ses fonctions, sa reconnaissance de la « politique d'une seule Chine » est la plus grande réussite à ce jour, mais dans beaucoup d'autres domaines, comme la question de Taiwan, la mer de Chine méridionale et la péninsule coréenne, nous devons encore attendre et voir, a indiqué M. Shi.

Les mots ne suffisent pas

« Les deux pays s'accordent sur le "zéro conflit et zéro confrontation". Pour ce qui est de la "coopération gagnant-gagnant", nous pourrons voir comment les deux pays coopèrent face aux défis mondiaux. La partie la plus difficile est le "respect mutuel", car il couvre de nombreux domaines sensibles, tels que les droits de l'Homme, Taiwan, la mer de Chine méridionale, et ainsi de suite », a déclaré Diao Daming, chercheur à l'Institut des études américaines de l'Académie chinoise des sciences sociales.

La secrétaire d'Etat adjointe américaine, Susan Thornton, avait précédemment déclaré aux journalistes que les Etats-Unis « poursuivaient une relation avec la Chine axée sur les résultats ».

Le concept de relation « axée sur les résultats » pourrait refléter la compréhension américaine du « respect mutuel », a indiqué M. An. « Une relation axée sur les résultats signifie que les Etats-Unis vont pousser la relation sino-américaine en se basant sur les résultats ou les effets de chaque cas de coopération sino-américaine ».

« Actuellement, les Etats-Unis ont besoin de la coopération et du respect de la Chine sur des sujets tels que le commerce et la péninsule coréenne. La Chine doit ainsi considérer dans quelle mesure elle peut fournir ce que les Etats-Unis souhaitent obtenir en ce moment », a ajouté M. An.