Election présidentielle française : qui sera capable d'affronter Marine Le Pen ?

Par : Vivienne |  Mots clés : Marine Le Pen,François Fillon
French.china.org.cn | Mis à jour le 03-02-2017

De novembre à janvier, les grands partis de droite et de gauche, Les Républicains et le Parti socialiste, ont tenu des primaires en prélude à l'élection présidentielle quinquennale. Le schéma classique des élections en France voit un affrontement entre les deux candidats de ces principaux partis, l'un prenant le dessus sur l'autre à tour de rôle. Cette fois, l'élection pourrait bien rompre avec ce modèle : Marine Le Pen, la candidate du parti d'extrême droite le Front National, est attendue au second tour, et les candidats des grands partis ne concourent plus que pour se qualifier en finale. Cependant, il est pour l'heure impossible de prédire quel candidat l'emportera au premier tour de scrutin pour affronter Marine Le Pen.

Un ancien président et un ancien premier ministre jettent l'éponge

L'an dernier, les sondeurs prédisaient une élection sans grand suspense en 2017. Toutefois, les résultats des primaires à gauche comme à droite ont bouleversé ces prévisions avec la victoire inattendue de Benoît Hamon et François Fillon. A droite, peu s'attendaient à la défaite de l'ancien président Nicolas Sarkozy et de l'ancien premier ministre Alain Juppé. A gauche, l'ancien premier ministre et poids lourd du Parti socialiste Manuel Valls a été éliminé à la surprise générale.

En raison des nombreuses factions au sein des partis, le dispersement des votes a été un phénomène important. Les deux grands partis de gauche et de droite organisent depuis quelques années des primaires pour choisir un candidat unique derrière lequel tous les membres du parti doivent se rallier. En novembre dernier, le parti Les Républicains a organisé ses primaires. Les voix les plus fortes étaient celles de Nicolas Sarkozy, président de la République de 2007 à 2012, et d'Alain Juppé, premier ministre sous Jacques Chirac. Malgré sa défaite faite à François Hollande en 2012, l'ancien président Nicolas Sarkozy gardait une ambition intacte, qui l'a poussé en 2015 à créer le parti Les Républicains sur la base de l'UMP, et à se lancer une nouvelle fois dans la course vers l'Elysée. Toutefois, dès le premier tour de scrutin des primaires, il a été éliminé au profit de son ancien premier ministre François Fillon et d'Alain Juppé. A 71 ans, Juppé est un vétéran de la politique, et les sondages le donnaient vainqueur de l'élection présidentielle à 60 ou 70 % s'il était candidat. Cependant, au second tour des primaires, il a été vaincu par son adversaire François Fillon. A 62 ans, François Fillon a remporté une victoire surprenante au vu de sa place d'arrière-plan au classement politique, et a émergé comme cheval noir de son parti en récoltant 66 % des suffrages.

A la fin du mois de janvier, le Parti socialiste a tenu ses primaires, le président en exercice François Hollande ayant annoncé sa décision de renoncer à se présenter pour un deuxième mandat. Son bilan médiocre ne laissait en effet aucune chance de réélection à l'horizon. Depuis la fondation de la Ve République en 1958, il est le premier président à renoncer à une tentative de réélection après un premier mandat.

Le retrait volontaire du président a ouvert la voie électorale à son premier ministre sortant Manuel Valls. Ce dernier a annoncé le 5 décembre sa participation à la campagne, puis a démissionné de son poste de premier ministre. Cet homme politique de 54 ans appartient à la nouvelle génération du Parti socialiste. En mars 2014, alors qu'il était ministre de l'Intérieur, il a été promu à la tête du gouvernement par François Hollande. Ses idées et mesures politiques sont fortement inspirées par le libéralisme, une voie acceptée par le président Hollande. Le retrait de ce dernier ouvrait donc tout à fait la voie à son premier ministre. Cependant, au second tour des primaires le 29 janvier, c'est l'ancien ministre de l'Education nationale Benoit Hamon qui l'a emporté, créant là encore la surprise.

La désunion du Parti socialiste

A 49 ans, Benoît Hamon est un membre « junior » du Parti socialiste. Nommé porte-parole du parti en 2008, puis ministre en 2012, il a dirigé le ministère de l'Education nationale. Son mécontentement ouvertement exprimé à l'égard des réformes menées par le premier ministre Manuel Valls lui a valu d'être licencié par le président Hollande. Depuis, il est l'une des figures de l'opposition au sein du Parti socialiste. Il a fait campagne sur une plateforme d'idées très différentes de celles de l'ancien premier ministre. Dans sa vision sociétale, les riches doivent aider les pauvres, il a proposé la mise en œuvre d'un revenu de base universel qui devrait venir en aide aux plus pauvres et stimuler la consommation, ainsi qu'une approche ouverte et tolérante vis-à-vis des réfugiés. Son programme s'inscrit davantage dans la ligne traditionnelle de gauche du Parti socialiste, tandis que le courant libéral de Manuel Valls incarne la faction plus à droite du parti. Selon ce dernier, les deux factions sont « irréconciliables ». Au second tour des primaires, Benoît Hamon a vaincu Manuel Valls avec 58,88 % des suffrages, ce qui suggère que les conservateurs au sein du Parti socialiste restent forts, et qu'ils refusent la ligne libérale de Manuel Valls. Après les primaires, l'ancienne première secrétaire du Parti socialiste Martine Aubry et un certain nombre d'anciens du parti ont exprimé un soutien fort envers Benoît Hamon, tandis que les partisans de Manuel Valls se tournent pour certains vers le centriste Emmanuel Macron, qui se présente à l'élection présidentielle hors du Parti socialiste. Les primaires ont rendu évidentes les fractures profondes au sein du Parti socialiste, et cela est généralement admis comme un obstacle de taille à la victoire finale de Hamon.

L'autre cheval noir créant la surprise est l'ancien ministre de l'Economie Emmanuel Macron. A seulement 39 ans, il a déjà été ministre de l'Economie du gouvernement Valls, a passé une loi portant son nom visant à stimuler vigoureusement la croissance, ce qui lui a remporté des commentaires admiratifs à gauche comme à droite, notamment de la part d'Alain Juppé. L'an dernier, il a démissionné de son poste pour créer le mouvement « En marche ! » et a annoncé sa décision de se présenter à l'élection présidentielle. Il a défini son orientation politique comme « ni à gauche, ni à droite », et a refusé de participer aux primaires du Parti socialiste pour se présenter comme candidat indépendant. Sa popularité est forte, et les sondages le placent juste derrière Marine Le Pen et François Fillon au premier tour. En remportant les voix de ceux qui défendaient Manuel Valls au sein du Parti socialiste, il augmente ses chances d'arriver au second tour.

En se proclamant « ni à gauche, ni à droite », Emmanuel Macron occupe l'espace du centre. François Bayrou, président du principal parti centriste le Mouvement démocratique, a participé à trois reprises aux élections présidentielles, et est aujourd'hui un vétéran de la politique âgé de 65 ans. En 2007, il a remporté 18,57 % des suffrages, se classant au troisième rang. François Bayrou n'a pas encore révélé s'il participera à l'élection de cette année, mais s'il le fait, les chances de victoire d'Emmanuel Macron seront réduites.

François Fillon dans la tourmente

L'éclatement d'un scandale concernant le « candidat surprise » François Fillon vient de bouleverser la campagne. Le 25 janvier, le Canard enchaîné a dévoilé que François Fillon avait employé sa femme Penelope comme assistante parlementaire pendant huit ans, pour une rémunération totale de 500 000, alors que celle-ci n'avait jamais effectué ce travail. Le parquet a ouvert une enquête au vu de ces révélations. S'il est reconnu coupable des faits, Fillon n'aura d'autre choix que de se retirer de la course. Dans ce cas, Les Républicains devront trouver un remplaçant. L'ancien premier ministre Alain Juppé et l'ancien président Nicolas Sarkozy ont déjà exclu dans les médias la possibilité de prendre le relai. François Fillon a catégoriquement nié les allégations, et a annoncé avoir fourni des « preuves solides » de son innocence. Pour l'instant, le parti continue de lui apporter son soutien.

Néanmoins, quelle que soit la résolution du scandale, l'affaire a déjà égratigné Fillon et perturbé les pronostics de l'ensemble de la campagne. La grande bénéficiaire de cette affaire est « l'ennemie commune » de la gauche et de la droite, Marine Le Pen. Dans le cas d'une désintégration du Parti socialiste, la majorité soucieuse de barrer la route à la « Trump française » devra se reposer sur Fillon. Si celui-ci n'inspire plus confiance, la voie sera libre pour Marine Le Pen, qui fera un pas de plus vers la victoire finale.

Alors, qui sera capable d'affronter Marine Le Pen ? Il y a quelques mois, on s'attendait à une élection sans suspense, et aujourd'hui, le risque semble plus grand que jamais. Deux mois et demi nous séparent encore du premier tour du 23 avril. Les aléas de la campagne porteront peut-être de nouveaux retournements de situation.

 

(Traduction d'un article en chinois rédigé par Shen Xiaoquan, maître de recherche au Centre de recherche sur les problématiques mondiales de l'agence de presse Xinhua.)


 

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