Le Forum économique mondial de Davos 2017 qui se tiendra du 17 au 20 janvier dans cette petite station de sports d'hiver des Grisons en Suisse sera un point d'inflexion historique dans la gouvernance mondiale et la redistribution des rôles sur l'échiquier international. La Chine va en effet prendre une place centrale dans les discussions et l'allocution du président chinois Xi Jinping sera le point d'orgue de ce forum exceptionnel.

La Chine a fait son entrée à l'OMC en 2001 et a connu un développement socioéconomique fulgurant. Mais c'est surtout son statut international qui s'est accru dans des proportions jamais vues. La crise financière internationale de 2008 a accentué ce phénomène. La Chine a pris les devants en proposant des initiatives pour la croissance économique, mas aussi pour la paix et le développement. En prenant la présidence tournante du G20 et après le Sommet de Hangzhou en septembre dernier, la Chine est maintenant devenue une force d'action et de propositions cruciale.

Mais parallèlement, les bienfaits de la mondialisation et du libre-échange ont laissé la place au doute, voire à leur remise en cause. Le Brexit et l'élection de Donald Trump ne sont que la partie visible d'un vaste phénomène de désaffection. Par ailleurs, le fonctionnement et l'efficacité des institutions internationales de gouvernance ont montré leurs limites. C'est dans ce contexte que 3 000 leaders politiques et économiques mondiaux vont se réunir au forum de Davos, dont le thème est « Un leadership réactif et responsable ».

Les médias chinois et internationaux se focalisent principalement sur la présence de Xi Jinping. « L'intérêt principal [du forum) sera probablement la présence unique de la délégation chinoise conduite par le président Xi Jinping », a d'ailleurs reconnu Klaus Schwab, fondateur du Forum de Davos, le 10 janvier.

« Cette année, grâce à la taille et à l'envergure de la délégation chinoise, nous avons des voix chinoises dans la plupart des débats », a indiqué le représentant en Chine du Forum économique mondial David Aikman. Des thèmes spécifiques porteront ainsi sur la Chine, notamment « Le recentrage de la Chine vers les marchés étrangers ». Le débat sur le « rôle de la Chine dans la prospérité mondiale » le 18 janvier sera la plateforme idéale pour mettre en avant les propositions de Xi Jinping.

Parmi les dirigeants d'entreprises chinois, on notera la présence de la médiatique troïka d'affaires composée de Jack Ma (Alibaba), Wang Jianlin (groupe immobilier Wanda) et Zhang Yaqin (Baidu), qui exprimeront leurs perspectives lors de rencontres.

Jiang Jianguo, directeur du Bureau d'information du Conseil des Affaires d'Etat de Chine, expliquait à quelques jours du forum comment la Chine peut influer sur l'économie mondiale. « D'après les estimations du FMI, la Chine a contribué à hauteur de 39% à la croissance de l'économie mondiale, soit 14,2 points de pourcentage de plus qu'en 2015. Le 11ème Sommet du G20 à Hangzhou a une fois de plus mis en exergue les efforts incessants de la Chine pour une croissance forte, durable, équilibrée et inclusive. »

« La présence du président Xi Jinping va inévitablement permettre à la Chine de travailler avec les autres pays pour promouvoir l'établissement d'une communauté de destin partagé et la reprise de l'économie mondiale, afin que les fruits du développement puissent bénéficier aux populations de tous les pays, » a souligné M. Jiang.

Cette 47ème édition du forum sera aussi une opportunité pour la Chine de participer à la redéfinition du paysage économique mondial face aux États-Unis du président élu Donald Trump, qui entrera en fonction le 20 janvier.

« Nous aurons la participation de l'équipe de transition américaine. J'ai personnellement rencontré la plupart des membres de l'équipe de M. Trump fin décembre, mais nous aurons aussi l'administration américaine sortante qui sera représentée par le vice-président [Joe Biden]et le secrétaire d'Etat américain John Kerry, » a annoncé M. Schwab. Antony Scaramucci, de l'équipe de transition de Donald Trump, sera aussi présent.

La Chine possède des atouts maîtres en cette période qui suscite doute et incertitude. Beijing entend redessiner et donner un cap au commerce mondial comme le montrent en l'espace de moins de deux ans les plans diplomatiques tous azimuts comme l'initiative « Ceinture et route », la création de la Banque asiatique pour les investissements dans les infrastructures, le nombre d'accords de libre-échange en vigueur et la Déclaration de Johannesburg du Forum sur la Coopération sino-africaine.

Jacques Fourrier, journaliste et commentateur français basé à Beijing