En surface, le déploiement vise à dissuader une menace nucléaire de la part de la Corée du Nord. Cependant, avec une capacité d'interception à des altitudes bien supérieures à l'atmosphère terrestre, l'utilisation du THAAD comme moyen de dissuasion des missiles de courte portée de la Corée du Nord revient à « tuer un moustique avec une batterie anti-aérienne ». L'intention cachée des Etats-Unis est de surveiller et de dissuader les pays comme la Chine et la Russie.

Pour les Etats-Unis, le déploiement du THAAD est une part essentielle de sa politique de rééquilibrage vers l'Asie-Pacifique, qui sert à consolider sa suprématie militaire dans la région, voire dans l'ensemble du monde. Mais pour la Corée du Sud, cette mesure constitue une grossière erreur, qui place le pays dans une situation d'autant plus périlleuse.

Depuis l'entrée en fonctions du président chinois, Xi Jinping, et de son homologue coréenne, Park Geun-hye, les échanges de haut niveau entre la Chine et la Corée du Sud sont devenus de plus en plus fréquents, engendrant une amélioration rapide de leurs relations économiques et commerciales.

En 2015, la Corée du Sud a surpassé le Japon pour devenir le deuxième plus grand partenaire commercial de la Chine, après les Etats-Unis. Selon la chaîne de télévision chinoise CCTV, près de 6,11 millions de Chinois se sont rendus en Corée du Sud en 2015, représentant plus de 40 % de l'ensemble des voyageurs entrants dans le pays, avec une dépense moyenne de 14 000 yuans (1900 €) par personne et par séjour.

Cependant, le déploiement du THAAD aura inévitablement des répercussions sur ces avancées et endommagera la coopération économique et commerciale future, ainsi que le tourisme.

Il sera également vu comme une forte provocation envers la Corée du Nord et pourrait entraîner la péninsule coréenne dans le cercle vicieux d'une course à l'armement.

De nombreuses parties souhaiteraient voir la dénucléarisation de la péninsule coréenne et tentent de maintenir les négociations en cours, malgré les difficultés. Le déploiement du système THAAD risque cependant de rendre vains tous les efforts passés et de réduire la possibilité de résoudre un jour ce problème de manière pacifique.

Au lendemain de l'annonce du déploiement du THAAD en juillet, la Corée du Nord a lancé de nombreux missiles balistiques dans un étalage de force et averti qu'elle riposterait contre le nouveau système par une « réponse physique ».

Le système THAAD n'est rien de plus qu'un baril de poudre dans l'arrière-cour de la Corée du Sud. Si cette guerre potentielle venait à se réaliser, la Corée du Sud deviendrait inévitablement un champ de bataille. Sa population en souffrirait le plus, transformant sa « nouvelle ère d'espoir et de bonheur » en une « ère de misère ».

Les Etats-Unis, de leur côté, ont plus de choix. Ils peuvent soit s'engager activement dans la guerre, se tenir à l'écart en simple observateur ou encore - plus vraisemblablement - s'en laver les mains comme lors de la guerre du Vietnam, laissant derrière eux les cadavres, les blessures et les débris à la péninsule coréenne.

En Corée du Sud, certaines personnes éclairées ont déjà souligné les erreurs de ce déploiement irrationnel. Sang-Man Lee, un professeur à l'Institut d'études extrême-orientales de l'Université Kyungnam, a déclaré que le déploiement du système THAAD était une décision non-stratégique, qui servait principalement les intérêts des Etats-Unis, tout en nuisant à l'unification pacifique de la péninsule coréenne et en mettant en danger la sécurité de la population.

Le 21 juillet, plus de 2000 Coréens se sont rassemblés sur une place devant la gare principale de Séoul pour protester contre ce déploiement.

Espérons que l'administration sud-coréenne réfléchira à deux fois, voire trois, pour le bien-être de la péninsule coréenne, de l'Asie et plus encore, de son propre peuple.