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Les négociations ont formellement débuté le 1er décembre à la Conférence sur le climat de Paris, sur laquelle l'attention du monde entier est tournée. La COP21, présidée par Laurent Fabius et la secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques Christiana Figueres, est un événement auquel plus de 150 chefs d'Etat et de gouvernement assistent, et qui démontre leur volonté politique de faire avancer la conférence. Toutefois, les négociations comprennent encore certains problèmes et obstacles.
Le 3 décembre à midi, heure de Paris, l'envoyé spécial de la Chine pour les négociations sur le changement climatique Xie Zhenhua a déclaré que pour l'instant, les progrès des négociations sont lents et les divergences restent élevées, en particulier sur les quatre points suivants : le caractère contraignant du futur accord, l'ampleur des réductions d'émissions de gaz à effet de serre, les fonds de soutien et l'orientation du futur accord.
Vers un accord juridiquement contraignant ?
Beaucoup de pays estiment qu'un échec à former un accord juridiquement contraignant après de si longues négociations serait une issue inacceptable. En 2011, la décision de Durban précisait déjà que le but des conférences des parties (COP) était de parvenir à un accord contraignant. Toutefois, certains pays souhaitent que tous les engagements soient écrits dans le futur accord, pour assurer leur caractère contraignant. D'autres, pour des raisons de politique intérieure, préfèrent une approche séparée, avec seulement une partie des engagements inscrite dans l'accord.
Pour résoudre ce problème, la Chine a suggéré la signature d'un accord, ainsi que la prise de décisions nationales. L'accord devrait expliciter la réponse globale au changement climatique après 2020 dans les grandes lignes, et devenir contraignant après son adoption. Les points sur lesquels il n'y a pas de consensus en raison des difficultés de certains pays peuvent relever tout simplement de décisions politiques internes. La Chine espère ainsi éviter une répétition des erreurs du Protocole de Kyoto.
Réduction des émissions : incitations plutôt que sanctions
Les engagements de contribution nationale soumis par 180 pays ne suffiront pas à limiter l'élévation de la température en deçà de 2 degrés Celsius ; des efforts supplémentaires seront nécessaires. Il a été proposé de procéder à un examen des promesses de réduction (en anglais Intended Nationally Determined Contributions, ou INDC), et de demander à chaque nation d'aller plus loin dans ses engagements. D'autres estiment que les INDC sont faites à titre autonome selon les conditions nationales et les capacités différentes de chacun, et qu'il doit être permis à chaque pays de renforcer volontairement ses efforts. Certains s'opposent également à l'examen régulier de la progression des engagements, et qu'en l'absence d'un soutien financier et de transferts de technologie de la part des pays développés qui exigent cette mesure, les pays en développement ne seront pas en mesure d'augmenter leurs INDC.
La Chine estime que chaque pays a déjà annoncé l'effort maximum qu'il peut faire dans ses INDC, et que la confiance politique est donc de mise. La Chine soutient l'idée d'un inventaire global régulier, qui déterminera si la « cible des 2 degrés Celsius » est encore loin. Cet inventaire devrait comprendre des incitations, pour permettre à chaque pays de décider s'il peut augmenter ses INDC et s'engager à réduire encore ses émissions de gaz à effet de serre. En d'autres termes, la Chine reconnaît qu'il est nécessaire de prendre des mesures, mais il faut aussi fournir une assistance technique et financière aux pays en développement, et propose un mécanisme qui comprendra une évaluation globale des INDC et des incitations, plutôt que des interventions ou sanctions en cas d'engagements non tenus. La Chine souhaite également que les pays apprennent des expériences les uns des autres et renforcent leur coopération. Les pays développés devront remplir leurs obligations en fournissant un soutien financier et technique, afin d'aider chaque pays à accélérer sa transition vers une économie verte.
Fonds de soutien : pour un calendrier et une feuille de route précis
La question des fonds de soutien est la plus grande préoccupation des pays en développement, et nécessite une explication très claire dans les conventions et protocoles. Durant la Conférence de Copenhague, les pays développés ont promis d'augmenter leur soutien financier à 100 milliards de dollars par an. Cela est également une manifestation importante de la confiance politique entre les pays. Avant l'horizon 2020, les pays développés devront fournir une base annuelle de 100 milliards de dollars en guise de soutien financier aux pays en développement ; sur ce point, le consensus est atteint. Cependant, le calendrier des versements, les sources de capitaux et la composition du fonds font encore débat. Les pays en développement attendent de la COP21 un calendrier clair et une feuille de route. En outre, la question du soutien financier après 2020 reste à résoudre : faut-il continuer sur la même base ou augmenter le soutien des pays développés ?
La Chine estime que les pays développés doivent honorer leurs engagements avant 2020, et qu'ils devront continuer à augmenter leur soutien après cette date pour aider les pays en développement à améliorer leur capacité à s'adapter. Compte tenu du fait que tous les pays devront prendre des mesures après 2020, la demande de capital sera très importante, la Chine suggère l'ouverture de plusieurs canaux, notamment avec la participation du secteur privé et des fondations.
Certains pays en développement sont également disposés à fournir un soutien financier de coopération Sud-Sud. Au cours des trois dernières années, la Chine a mis en place un fonds multilatéral de coopération Sud-Sud pour aider les pays en développement à atténuer les effets du changement climatique et à s'adapter. A la différence des pays développés qui ont une responsabilité et une obligation à apporter un soutien financier aux pays en développement, la Chine a fourni un soutien volontaire.
L'orientation d'un nouvel accord
La signature d'un nouvel accord qui remplacera les engagements pris jusqu'ici sous l'égide de la Convention-cadre est l'objectif de la Conférence de Paris, et du point de vue de la Chine, la COP21 est un moment clé du processus de réponse mondiale au changement climatique. La conférence doit atteindre des jalons tout en suivant les principes et le cadre de la Convention des Nations Unies, en respectant notamment le principe des responsabilités communes mais différenciées, les principes d'équité et de contribution de chaque pays selon ses capacités respectives. « Nous ne pourrons pas accepter que les principes de la Convention-cadre soient mis de côté », a déclaré Xie Zhenhua.
Le nouvel accord devra respecter le principe des responsabilités communes mais différenciées et les capacités de chaque pays selon ses circonstances nationales. Aucun pays ne s'est exprimé contre ce principe, ce qui est un très bon signe. Ceci est également écrit dans la Déclaration commune sino-américaine de l'an dernier et dans la Décision de Lima. La Chine et les Etats-Unis défendent ce principe d'une même voix. Cette différentiation n'empêchera pas les pays en développement de faire de plus en plus pour lutter contre le changement climatique, comme l'exemple de la Chine la montre. Dans la Déclaration commune sino-française, les efforts pour l'atténuation, l'adaptation, le financement, les technologies, le renforcement des capacités et autres reflètent cette distinction. « Ceci est la manière souhaitable de procéder », estime M. Xie, qui croit en une attitude positive et constructive pour répondre au défi du changement climatique.
« Notre position est très claire, et nous souhaitons que tout le monde bénéficie » d'un accord, a souligné M. Xie, en ajoutant qu'il faut mettre l'accent sur l'entraide, la coopération renforcée et mutuellement bénéfique.
(Reportage de Paris de Zhao Lisha, membre du groupe de journalistes du Bureau des langues étrangères)
Source: french.china.org.cn |
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