Envoyer [A A]

Un risque de conflit élargi après la décision turque d'abattre un avion russe

French.china.org.cn | Mis à jour le 25. 11. 2015 | Mots clés : conflit,turque,avion russe

L'inquiétude grandit sur l'éventualité d'un élargissement du conflit après que la Turquie a abattu un avion de combat russe mardi dans une zone proche de la frontière avec la Syrie.

Dans des discours prononcés avant sa rencontre avec le roi de Jordanie Abdallah II dans la station balnéaire russe de Sotchi, le président russe Vladimir Poutine a qualifié la décision turque de « coup de poignard dans le dos de la part de ceux qui soutiennent le terrorisme », et a annoncé que cela aurait « de sérieuses conséquences sur les relations russo-turques ».

Dans un dernier signe d'indignation, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a annulé la réunion prévue mercredi à Istanbul avec son homologue turc.

Les relations entre la Turquie et la Russie sont tendues depuis que Moscou a commencé ses bombardements visant l'Etat islamique (EI) en Syrie à la fin du mois de septembre. Ankara a décrit ces actions comme des opérations essentiellement de soutien du président syrien Bachar el-Assad.

Ankara fait pression pour que Bachar el-Assad soit évincé du pouvoir depuis que la Syrie a plongé dans le chaos en mars 2011.

La participation de Moscou dans le conflit syrien a donné lieu selon la Turquie à des violations répétées de son espace aérien et à des bombardements de villages turkmènes dans le nord de la Syrie, des actes qui ont incité Ankara à convoquer l'ambassadeur russe pour faire connaître ses protestations.

La décision d'abattre un avion russe intervient au moment critique où Moscou est davantage perçu comme un partenaire potentiel dans la guerre contre l'Etat islamique, menée en particulier par les Etats-Unis et la France, en réponse à une série d'attaques terroristes visant des cibles russes, libanaises et françaises.

Si Moscou choisit une riposte militaire, Washington et ses alliés européens sont tenus de venir à la rescousse de la Turquie, un Etat membre de l'OTAN. Ceci est le scénario catastrophe que Washington et ses partenaires veulent à tout prix éviter.

Les analystes ont décrit ce dernier incident en date comme un « élément très dangereux » ayant le potentiel de propager le conflit à une zone plus large. Ils ont appelé la Turquie et la Russie à davantage d'efforts pour sortir de cette crise par la voie diplomatique.

« Les deux parties doivent éviter de nouveaux affrontements et tenter d'apaiser les tensions », a déclaré Oytun Orhan, expert de la Syrie au Centre d'études stratégiques du Moyen-Orient.

« Ankara et Moscou doivent se concentrer sur leurs efforts diplomatiques pour améliorer leurs relations », a-t-il souligné.

Mesut Hakki Casin, de l'Université Ozyegin, a estimé que cet incident devrait être discuté au Conseil de sécurité des Nations unies.

Notant que les chasseurs russes Su-24, comme celui qui a été abattu, ont la capacité de transporter 8000 tonnes de bombes, il a suggéré que « ces avions ne devraient pas voler au-dessus des zones frontalières ».

Ismail Hakki Pekin, ancien chef de l'unité de renseignement du chef d'état-major turc, a exhorté la Turquie et la Russie à établir une commission militaire pour mener l'enquête sur les accusations de violation de l'espace aérien et sur la décision d'abattre l'avion russe.

« Une enquête menée de manière juste donnerait une chance à chaque partie de faire valoir ses droits dans le cadre de la loi », a-t-il souligné.

Selon lui, la décision turque d'abattre l'avion russe était une énorme erreur, l'avion n'ayant effectué aucune autre action à l'encontre de la Turquie que d'enfreindre son espace aérien.

« Les responsables militaires turcs auraient dû rappeler l'avion russe à l'ordre d'une autre manière, pas abattre l'avion », a-t-il observé.

M. Orhan a noté, cependant, que la décision turque respecte les règles militaires d'engagement, puisqu'Ankara avait averti à plusieurs reprises Moscou sur les conséquences des violations de son espace aérien.

Il est d'avis que l'intervention de la Russie en Syrie est destinée à nettoyer la zone des forces d'opposition syrienne, et non pas de cibler l'Etat islamique.

La Turquie et la Russie ont été en guerre à plusieurs reprises durant deux siècles, mais leurs relations sont relativement apaisées depuis près de cent ans.

La volume total des échanges entre les deux pays a dépassé 50 milliards de dollars, et la Turquie obtient 75 % de ses besoins nationaux en gaz naturel auprès de la Russie.

Beijing a déclaré que la Turquie est susceptible de souffrir le plus d'une détérioration des relations avec la Russie, au moment où Ankara vise à accroître sa coopération avec les pays d'Asie et à adhérer à l'Organisation de coopération de Shanghai, à laquelle Moscou participe aussi.

« Le plus important ici est de noter que la Turquie et la Russie ne sont pas des pays ennemis », a rappelé M. Casin.

Il a souligné l'importance de la coopération entre la Russie et la Turquie dans la lutte contre l'Etat islamique et pour mettre fin à la guerre en Syrie.

Sans la coopération des deux pays, le conflit pourrait se propager encore plus dans la région, a-t-il déclaré.

« Les crises de réfugiés continueraient d'occuper l'ordre du jour dans le monde et les militants de l'Etat islamique poursuivraient leurs attaques terroristes à travers le monde », a-t-il ajouté.

Ce dernier incident en date entre Ankara et Moscou a suscité l'inquiétude dans le monde entier, y compris sur les marchés boursiers, et donnera sans doute naissance à une nouvelle vague d'initiatives diplomatiques pour trouver une solution pacifique.

Suivez China.org.cn sur Twitter et Facebook pour rejoindre la conversation.
Source: french.china.org.cn

Réagir à cet article

Votre commentaire
Pseudonyme
Anonyme
Les dernières réactions (0)

Les articles les plus lus