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Après les attaques terroristes qui ont frappé Paris vendredi, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a appelé à la « dissolution des mosquées où l'on prêche la haine ». Il y a quelques mois déjà, les autorités françaises avaient annoncé que les étrangers qui prêchent la haine seraient expulsés et que leurs mosquées seraient fermées. Cette réitération est vue par beaucoup comme une démonstration renouvelée de la réponse ferme de la France.
Plus la position du gouvernement français sera ferme, plus elle sera soutenue par l'opinion publique. De même, après les attentats du 11 septembre, le Congrès américain avait rapidement adopté un projet de loi pour partir en guerre en Afghanistan et, plus tard, l'éviction de Saddam Hussein a remporté un soutien bipartisan. Mais la réalité montre qu'après des attaques terroristes, les sociétés occidentales ont tendance à surestimer les effets des représailles et à sous-estimer la complexité des origines du terrorisme.
La fermeture des mosquées où la haine est prêchée peut être interprétée par les musulmans d'une manière à laquelle la France ne s'attend pas. Si le gouvernement français a le courage de prendre une telle mesure, il sera moins exposé au risque d'une opposition de l'opinion publique que si la Chine ou la Russie faisaient de même. Les pays avec lesquels l'Occident entretient des opinions subjectives doivent envisager non seulement la réponse des musulmans, mais aussi et surtout les critiques occidentales.
Les frappes aériennes lancées par la France contre l'Etat islamique (EI) avec ses alliés occidentaux peuvent avoir un certain effet, mais l'EI ne pourra pas être éliminé sans que l'Occident n'envoie des troupes au sol en grand nombre, ou sans soutenir le régime d'Assad.
Même si l'EI pouvait être éliminé en grande partie, cela ne ferait pas une grande différence. Au Moyen-Orient, il n'y a plus d'hommes politiques forts, et les structures politiques et sociales ont été brisées. L'exemple de l'EI, qui s'est construit avec des forces extrémistes profitant d'une faille politique, peut facilement se produire à nouveau.
De manière plus importante encore, les bombes lancées par les pays occidentaux peuvent détruire les campements et les dépôts de munitions, mais elles ne pourront pas régler des questions comme celles du voile. Les pays occidentaux ne peuvent pas non plus empêcher les enfants d'être envoyés dans des écoles religieuses extrémistes ou de côtoyer un islam conservateur.
Jusqu'à aujourd'hui, Oussama ben Laden est vu par beaucoup dans le monde arabe comme un grand personnage de la lutte contre l'Occident, ce qui reflète les limites de la guerre contre le terrorisme.
Le terrorisme en provenance du Moyen-Orient est empreint d'un fort degré de haine. L'Occident n'a pas de moyens pour contrer ce phénomène, et il ne parvient
pas à former une organisation cohérente pour prendre des mesures. Les conséquences du printemps arabe ont été une mauvaise surprise pour les pays occidentaux.
Dans le monde islamique, il n'y a pas de personnage ou d'autorité en mesure de faire avancer des réformes régionales, et de toute évidence ce manque ne peut pas être comblé de l'extérieur. Le monde islamique a peut-être urgemment besoin d'exemples qui voient certains de ses pays se moderniser complètement pour gagner un peu d'inspiration.
Mais un tel scénario n'est pas réaliste dans le contexte actuel. En ce sens, une grande partie de la rhétorique radicale de l'Occident ne fonctionne que pour montrer ses émotions en ce qui concerne des problèmes qui restent à résoudre. Les mesures prises sont simplement une réponse aux attentes de l'opinion publique.
Source: french.china.org.cn |
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