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Des citoyens français en pleurs devant l'ambassade française à Bogota (Colombie), où plusieurs personnes ont rendu hommage aux victimes des attentats de Paris (photo prise le 15 novembre 2015).
Tenez-vous prêts. Une nouvelle vague de terrorisme, comme celle des terribles attentats qui ont frappé Paris vendredi, s'apprête à déferler dans plusieurs pays du G20. La cause principale : l'attitude des grandes puissances en Syrie. Mais l'impunité avec laquelle l'Etat islamique opère actuellement, et la confusion morale en Occident sur le rôle de l'Etat dans le maintien du bien ou du mal, constituent également des facteurs clés.
Maintenant que certains de ces gouvernements semblent avoir perdu une boussole morale claire, les extrémistes de tous bords n'hésiteront pas à attaquer.
La plupart des terroristes suivent un concept très simplifié de la morale. Les actes terroristes qu'ont connus les Etats-Unis et l'Europe dans les années 60 et les années 70 constituaient une vague à eux seuls : peu importe leurs différentes motivations – nationales ou internationales – chaque groupe terroriste était enhardi par le succès des autres. Leur conviction était renforcée par la croyance commune que notre système international est non seulement corrompu et immoral, mais également impuissant et vulnérable.
Un des symboles d'indignation morale qui a rassemblé divers groupes terroristes il y a plusieurs décennies est la campagne américaine de bombardements aériens au Vietnam (opération Rolling Thunder, 1965-1968), et le bombardement du Cambodge, en 1970. L'usage de défoliants, tel que l'agent orange au Vietnam, a encouragé les extrémistes à croire que l'apocalypse était proche.
Citons une déclaration du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, et du président de la Croix-Rouge Peter Maurer : « Face à tant d'inhumanité, le monde entre dans une paralysie inquiétante ». Leur déclaration, qui revêt plusieurs sens, doit ici être vue comme un avertissement. Les gens sont actuellement retournés dans la configuration du milieu des années 60, lorsqu'une paralysie morale semblait régner sur les gouvernements au pouvoir.
Cette situation favorise l'apparition d'une nouvelle vague de terrorisme, semblable à celle que les gens ont connu il y a quatre à cinq décennies.
Nous devons bien évidemment garder à l'esprit que le terrorisme n'a pas magiquement cessé entre 1975 et 2015, comme en témoigne la lutte anti-terrorisme engagée depuis le 11 septembre 2001. Pourtant, tous les éléments indiquent que le terrorisme est en train de gagner : nombreux sont ceux qui commettent leurs actions en toute impunité, comme le groupe Boko Haram, et face au problème, l'Occident a trop souvent eu recours aux bombardements, ou supporté des régimes autoritaires.
Malgré toutes les attaques des Etats-Unis, de leurs alliés et de la Russie après l'Afghanistan (1979-1988), Grozny, en Tchétchénie (1999) et la violence persistante en Palestine (sur une plus petite échelle), les terroristes ne cessent gagner du terrain, sans compter le fait que la nouvelle génération est composée de loups solitaires : ces derniers ne sont pas reconnus en tant que terroristes aux Etats-Unis ou en Europe, car ils ne sont affiliés à aucun groupe et préfèrent opérer seuls.
Si la loi sur les armes aux Etats-Unis ou les maladies mentales sont généralement évoquées pour expliquer les fréquentes fusillades qui se produisent dans le pays, il pourrait s'agir en réalité d'une forme décentralisée de terrorisme.
Alors que la nouvelle vague de terrorisme est en train de prendre forme, les actes de générosité ou d'humanitarisme des populations et de leur gouvernement ne serviront à rien aussi longtemps que la paralysie morale décrite par Ban et Maurer sera en place.
La morale est une question de perception : malgré toutes les mesures mises en œuvre par les gouvernements, il y aura toujours des terroristes potentiels. Mais notre crise morale, notre paralysie éthique et le perpétuel recours aux bombardements des grandes puissances nous mettent gravement en danger.
Source: french.china.org.cn |
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