Une solution politique est l'élément fondamental pour résoudre la crise syrienne

Par : Vivienne |  Mots clés : crise syrienne,France
French.china.org.cn | Mis à jour le 23-10-2015

Ces derniers temps, la crise syrienne se trouve de nouveau au coeur des préoccupations de la communauté internationale. Certains pays, sous le prétexte de la lutte anti-terroriste, sont intervenus, ou ont renforcé leur intervention, notamment militaire, dans la crise syrienne. Comme l'ont montré maintes fois l'histoire et l'actualité de l'Afrique du Nord et du Moyen et proche Orient, l'intervention militaire étrangère dans les conflits régionaux donne des résultats à court terme, mais ne peut permettre de parvenir à une stabilité de longue durée. C'est pourquoi, au fond, il importe de trouver une solution politique pour résoudre la crise syrienne.

Le 30 septembre dernier, la Russie a commencé son intervention militaire directe en Syrie. Selon Moscou, ayant pour objectif de combattre toutes les organisations terroristes armées, y compris l'« Etat islamique », les bombardements dureront plusieurs mois. Durant la première semaine de ses opérations, l'armée russe a lancé au total 120 raids aériens et détruit 80 installations d'organisations extrémistes. Selon des sources d'information, la Russie a déployé en Syrie plus de 50 avions de combat et hélicoptères de différents types, avec quelque 2 000 militaires cantonnés dans le pays. Il s'agit des premières attaques aériennes d'envergure menées par la Russie dans un pays étranger après la dissolution de l'ancienne URSS.

Le 27 septembre, juste trois jours avant l'intervention russe, la France a également procédé à des bombardements contre l'« Etat islamique » sur le territoire de la Syrie. Le président François Hollande a insisté sur « la nécessité absolue » de combattre l'« Etat islamique ». En septembre 2014, la France avait rejoint l'alliance anti-terroriste internationale conduite par les Etats-Unis et destinée à combattre l'« Etat islamique ». Depuis plus d'un an, la France a surtout procédé à des bombardements à l'intérieur de l'Irak, refusant toujours de les étendre jusqu'en Syrie, comme l'avaient demandé les Etats-Unis. Le président Hollande a expliqué que si le déploiement des opérations en Syrie est objectivement favorable au régime de Bashar Al-Assad, la chute de ce dernier sera alors la condition préalable à la résolution de la crise syrienne. Les opérations du 27 septembre dernier montrent que la France a procédé à un réajustement important de sa politique à l'égard de la lutte contre l'« Etat islamique ».

Lors de leurs attaques aériennes contre Rakka, en Syrie, les forces aériennes britanniques ont abattu plusieurs extrémistes armés le 21 août. Le premier ministre britannique David Cameron a annoncé, dans sa déclaration faite après les attaques aériennes, qu'il s'agissait des premières attaques ciblées conduites par des drones et lancées par les forces armées britanniques sans que le Royaume-Uni soit impliqué dans la guerre. Il a affirmé explicitement que les forces armées britanniques étaient prêtes à lancer davantage de frappes ciblées en Syrie, en Irak et en Libye. Il a insisté sur la nécessité de mener des opérations en Syrie pour arrêter l'aggravation de la crise des migrants.

La Turquie, qui s'est toujours montrée réticente, a changé de position récemment. Le 24 juillet dernier dans la matinée, trois avions F-16, partis de Diyabakir, ville située dans le Sud de la Turquie, ont largué quatre bombes à guidage sur trois cibles de l'« Etat islamique ». Avant cela, la Turquie et l'« Etat islamique » avaient eu des échanges de coups de feu de grande envergure sur leurs frontières, faisant éclater un conflit ouvert entre les deux parties. En menant des bombardements contre l'« Etat islamique », la Turquie a décidé d'ouvrir plusieurs bases de ses forces aériennes à l'alliance anti-terroriste internationale conduite par les Etats-Unis. Les premiers groupes d'avions F-16 des Etats-Unis et 600 militaires américains sont actuellement déployés sur la base militaire aérienne d'Incirlik, en Turquie, d'où les avions de combat américains ont décollé le 12 août dernier pour lancer des raids aériens contre l'« Etat islamique ».

Le véritable but de la « lutte anti-terroriste »

Quelle est alors le véritable but de la « lutte anti-terroriste » ? L'analyse de la France est la plus pénétrante. Selon des analystes stratégiques de Paris, les actions françaises sont uniquement « symboliques » dans la lutte contre le terrorisme car, compte tenu des capacités militaires françaises, les opérations contre les organisations terroristes extrémistes ne serviront pas à grand-chose. Evidemment, la France compte occuper une place dans le futur processus de résolution de la crise syrienne à travers son intervention militaire tandis que les médias russes estiment que la France et le Royaume-Uni ne participent aux frappes aériennes que pour obtenir des gains en Syrie. En conséquence, « la lutte anti-terroriste » n'est qu'un prétexte apparent, le véritable objectif étant d'avoir davantage voix au chapitre et une plus grande influence dans le règlement de la crise syrienne.

A la différence des pays occidentaux, la Russie a lancé son intervention militaire à la demande du gouvernement légitime de la Syrie, d'où sa légitimité. Et de la part de la Russie, elle mène le combat contre l'« Etat islamique » en tenant compte de multiples intérêts stratégiques, le plus important étant la prise en considération du futur échiquier politique de la Syrie. La Russie et la Syrie sont liées par un partenariat spécial de longue date, la Syrie demeure « l'allié naturel » de l'ancienne URSS au Moyen-Orient après la Seconde Guerre mondiale. Après la fin de la guerre froide, la Russie a vu sa place stratégique en Syrie sans cesse réduite par les Etats-Unis. Il est évident que la Russie essuiera d'importants échecs si jamais le régime de Bashar Al-Assad est renversé. Par conséquent, les opérations actuelles de la Russie n'ont pas manqué de porter les premiers coups pour avoir le dessus. Les opérations militaires menées par la Russie depuis deux demaines ont obtenu des résultats largement supérieurs par rapport à ceux de l'alliance anti-terroriste occidentale, ce qui montre pleinement la puissance militaire de la Russie et la détermination à agir de Vladimir Poutine. Quel que soit le destin du régime de Bashar Al-Assad, la Russie maintiendra et élargira son avantage politique et son influence en Syrie.

Une solution politique est l'élément fondamental

Une intervention militaire directe de l'extérieur dans la crise syrienne pourra-t-elle obtenir les résultats escomptés ? L'opinion internationale nourrit des doutes à ce sujet.

Après les attentats terroristes du 11 septembre, les Etats-Unis ont lancé en Afghanistan une guerre anti-terroriste visant à frapper Al-Qaïda ; en 2003, ils ont déclenché une autre guerre en Irak sous le prétexte de l'élimination des armes de destruction massive ; en 2011, l'OTAN a déchaîné la guerre en Libye sous couvert de l'opposition à la dictature et de la promotion de la démocratie. Et ces trois guerres ont fini par la mise à mort d'Oussama Ben Laden, chef d'Al-Qaïda, l'exécution capitale de Saddam Hussein et le renversement de son régime, ainsi que la mort de Mouammar Kadhafi et la chute de son pouvoir. Or, aujourd'hui encore, la situation sécuritaire demeure toujours agitée dans ces trois pays. Plus grave encore, c'est que des organisations terroristes internationales se développent dans ces pays, gagnent du terrain à l'extérieur et menacent le monde entier.

De même, les opérations militaires russes en Syrie font également face à de multiples incertitudes. L'« Etat islamique » montre déjà une tendance à « l'internationalisation » qui se propage vers différentes régions. Si la Russie peut maintenir sa forte pression militaire sur l'« Etat islamique », il lui sera tout de même difficile de l'anéantir. D'autant plus que les représailles de cette organisation terroriste extrémiste menacent sérieusement les intérêts de la Russie à l'intérieur du pays comme à l'extérieur.

La crise syrienne est au fond une question politique et une illustration des contradictions et des conflits entre les différentes factions du monde arabe. L'« Etat islamique » est un représentant des forces politiques du monde islamique, et non de simples forces armées extrémistes. Une intervention militaire extérieure aura du mal à résoudre les conflits politiques qui se trouvent derrière la crise syrienne. Les sunnites et les chiites sont catégoriquement opposés vis-à-vis du régime de Bashar Al-Assad, tandis que les pays occidentaux et la Russie se disputent au sujet de l'avenir du pouvoir de ce dernier. Dans un contexte si compliqué, le seul choix est de chercher des arrangements politiques acceptables pour tous à travers des négociations, de manière à trouver un nouvel équilibre politique entre les différentes parties syriennes. Il s'agit là de l'élément fondamental pour résoudre la crise syrienne et de la position constante du gouvernement chinois.

 

(Traduction d'un article en chinois rédigé par M. Shen Xiaoquan, maître de recherches au Centre d'Etude des problèmes mondiaux, de l'agence de presse Xinhua.)

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