La France étend ses frappes contre l'Etat islamique jusqu'en Syrie

Par : Vivienne |  Mots clés : France,Syrie,Etat islamique,terrorisme
French.china.org.cn | Mis à jour le 15-09-2015

Le 8 septembre, deux chasseurs Rafale ont décollé de la base militaire française de Dubaï, aux Emirats Arabes Unis, en direction de la Syrie pour une mission de reconnaissance aérienne. Cela signalait la décision de la France de lancer des frappes sur les territoires passés sous contrôle des militants de l'Etat islamique. L'extension des cibles militaires antiterroristes, de l'Irak vers la Syrie, est l'une des mesures adoptées par la France en réponse à la menace croissante perçue en Syrie.

Le 7 septembre, le président François Hollande a annoncé durant sa conférence de presse à Paris que des avions français effectueraient des « vols de reconnaissance » dans l'espace aérien de la Syrie, et que la France participera à l'action militaire prévue contre l'organisation terroriste qui se fait appeler l'Etat islamique. Toutefois, la France n'enverra pas de troupes au sol.

En juin 2014, après l'émergence de l'Etat islamique en Irak et en Syrie, qui s'est emparé de plusieurs villes des deux pays, ses militants se sont dirigés vers la capitale irakienne Bagdad. Le 8 août, les Etats-Unis ont lancé des frappes aériennes contre l'Etat islamique, et ont mis en place une coalition internationale de lutte contre l'organisation terroriste. La France est un membre important de cette alliance, et a été la première à participer directement aux opérations militaires. Dès la mi-septembre, des avions français décollaient de la base militaire de Dubaï pour des missions de reconnaissance au-dessus de l'Irak et des frappes aériennes ciblant les fiefs de l'Etat islamique. A la fin de l'année, la France déploie en Jordanie des avions de combat pour se rapprocher des zones cibles. En janvier 2015, elle envoie le porte-avions Charles de Gaulle dans la région du Golfe Persique, consolidant encore l'ampleur de sa participation aux frappes aériennes.

Jusque-là, les opérations militaires français restent concentrées au-dessus de l'Irak, le pays refusant d'accéder à la demande des Etats-Unis sur l'extension des cibles de bombardement vers la Syrie. François Hollande explique que de tels bombardements serviraient les intérêts du régime de Bachar el-Assad, alors que le départ de celui-ci est une condition préalable à la résolution de la crise en Syrie.

La nouvelle décision de la France indique un revirement de position, qui signifie que les actions militaires menées depuis plus d'un an par la coalition internationale contre l'Etat islamique ont eu un effet limité. Il s'est avéré difficile de freiner l'élan effréné et l'expansion de l'organisation terroriste, à tel point qu'il est nécessaire d'intensifier le périmètre et l'intensité des frappes.

Une succession d'attaques terroristes

Pour la France, le réajustement et le renforcement des opérations militaires ont aussi une cause plus profonde : le défi croissant de la menace terroriste en provenance de la Syrie. Cela découle de deux observations.

Premièrement, la France est devenue une cible majeure d'attaques terroristes internationales.

Entre le 7 et le 9 janvier, trois fusillades consécutives et une prise d'otage meurtrière ont eu lieu à Paris, faisant un total de 17 victimes. Ces événements ont marqué le pire épisode de violence terroriste en France en un demi-siècle. Les enquêtes policières ont révélé que l'attaque avait été planifiée de longue date, et que la rédaction du magazine Charlie Hebdo avait été choisie méticuleusement comme cible. Les trois assassins avaient des liens directs avec Al-Qaida dans la péninsule arabe et l'Etat islamique. Tout indique que Paris est désormais pris pour cible des actions d'intimidation et de représailles par les organisations terroristes internationales.

Le 26 juin, un attentat terroriste s'est produit dans une usine de la petite ville d'Isère Saint-Quentin-Fallavier, faisant un mort et deux blessés. Un véhicule est entré dans l'usine qui stockait des produits chimiques, et causé l'explosion du réservoir de gaz. Sur la scène, les policiers ont trouvé une tête décapitée, accrochée aux portes de l'usine, à côté d'une bannière extrémiste écrite en arabe. Les autorités ont annoncé qu'il s'agissait d'une attaque du « terrorisme islamique ».

Le 21 août, un homme armé d'un fusil automatique Kalachnikov, d'un pistolet et d'un poignard a tenté d'ouvrir le feu sur les passagers du train Thalys entre Amsterdam à Paris. Heureusement, il a rapidement été intercepté par des passagers et soldats à bord du train, évitant de justesse un nouvel incident terroriste sanglant. L'attaquant était un Marocain de 26 ans, qui avait fait l'objet d'une fiche de surveillance pour extrémisme, et qui s'était rendu en Syrie avant de retourner en France.

Au cours des derniers mois, plusieurs incidents semblables ont été évités de justesse en France. Un fonctionnaire français a révélé en avril que depuis le début de l'année 2015, la police a déjoué au moins cinq attaques terroristes. Les résultats des enquêtes montrent que ces plans sont liés à l'Etat islamique, et que les terroristes qui les préparent sont pour la plupart des individus étant allés en Syrie pour faire le Jihad. Selon les données des autorités de surveillance, le réseau de l'islamisme extrémiste en France pourrait comprendre 1570 personnes, dont plus de 440 se trouvant actuellement en Syrie.

Ces faits et chiffres montrent que les activités en Syrie et en Irak de l'Etat islamique constituent une menace de sécurité directe pour la France. Pour éliminer cette menace, il faut combattre les forces internationales terroristes à la source. C'est pourquoi le bombardement des forces armées de l'Etat islamique, plus seulement en Irak, mais aussi désormais en Syrie, s'est imposé comme un choix nécessaire pour le gouvernement français.

La bombe à retardement des réfugiés

En deuxième lieu, la grande vague de réfugiés menace la stabilité politique et sociale de la France.

Les conflits qui déchirent la Syrie depuis cinq ans ont causé le déplacement d'un grand nombre de civils. Selon les statistiques, dans un pays qui comptait 20 millions d'habitants, la population déplacée représente aujourd'hui plus de 8 millions de personnes. Ces réfugiés ont d'abord afflué vers les pays voisins comme le Liban, la Jordanie et la Turquie, dont les capacités d'accueil sont désormais à saturation. Ils ont ainsi commencé à traverser la Méditerranée et à affluer vers l'Europe par voie terrestre. Or, selon le département de coopération extérieure de l'UE, sur les 340 000 réfugiés qui sont arrivés en Europe cette année, seulement 85 000 sont syriens. L'Europe assiste à la plus grande vague de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale, et ce mouvement migratoire a créé une crise d'une ampleur inattendue dans l'Union. Pour la France qui est encore en situation de crise économique, avec une longue récession, il est impossible d'accueillir et d'installer sur son territoire un si grand nombre d'immigrants. D'autre part, cet afflux pourrait conduire à une montée du sentiment xénophobe dans la population, voire au déclenchement d'actes de violence contre les étrangers. Troisièmement, le parti d'extrême droite, le Front national, a saisi cette occasion pour séduire de nouveaux électeurs opposés à une vague d'immigration. L'opinion publique est de plus en plus inquiète de l'éventualité d'une victoire du Front national aux élections présidentielles de 2017.

Certains commentateurs estiment la vague de réfugiés qui balaie l'Europe est en pratique une mesure de représailles de l'Etat islamique contre les pays européens. Le journal français Le Figaro a écrit que l'Etat islamique menace depuis le début de l'année d'utiliser « la bombe à retardement » des réfugiés en Europe pour créer des troubles. Les Français s'inquiètent que des éléments de l'Etat islamique se cachent dans la masse de réfugiés qui arrivent en Europe, avec l'objectif d'organiser des attaques terroristes. Pour un pays comme la France qui a déjà été la cible d'organisations terroristes internationales, le risque d'une nouvelle détérioration de la sécurité est une catastrophe.

La France voit désormais dans la vague de réfugiés et les attentats qui frappent son sol deux graves menaces en provenance de Syrie. En plus des mesures prises sur le territoire pour éviter de nouveaux actes terroristes et pour résoudre la crise des populations déplacées, l'élimination des causes profondes de ces menaces est une priorité. C'est pourquoi l'extension des bombardements visant l'Etat islamique est la conclusion logique de cette pensée. Reste à savoir si cette stratégie sera efficace.

 

(Traduction d'un article en chinois rédigé par M. Shen Xiaoquan, maître de recherches au Centre d'Etude des problèmes mondiaux, de l'agence de presse Xinhua.)

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