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La France confrontée au défi de l'extrémisme religieux

French.china.org.cn | Mis à jour le 09. 01. 2015 | Mots clés : Charlie Hebdo,France,terrorisme

Quelques jours seulement après le Nouvel An 2015, un massacre s'est produit dans le centre de Paris, tuant 12 personnes. L'enquête judiciaire est en cours, mais les premières indications montrent qu'il ne s'agit pas d'un acte criminel ordinaire, ni d'un tueur isolé cherchant à exprimer sa frustration. Pourtant, ce drame diffère également des actes de terreur aveugle. Il s'agissait de toute évidence d'assassinats terroristes ciblés pour des motifs politiques. Les forces religieuses extrémistes qui ont inspiré le massacre de Paris constituent un défi direct à la sécurité nationale française.

Les détails révélés par les médias nous apprennent que l'attaque terroriste du 7 janvier avait un objectif clair. La cible était le magazine Charlie Hebdo, et plus particulièrement son rédacteur en chef, ses dessinateurs et ses éditeurs. Deux agents de police et d'autres employés ont également été tués durant cette attaque, dont l'intention était sans équivoque.

Un acte terroriste prémédité

Fondé en 1970, Charlie Hebdo est un magazine politique satirique célèbre pour ses caricatures. L'hebdomadaire est vu en France comme un magazine d'extrême gauche, qui prend souvent pour cible en couverture les dirigeants politiques, comme l'actuel président François Hollande ou son prédécesseur Nicolas Sarkozy, fréquemment tournés en dérision, sans que cela crée de problèmes dans un pays qui tient à son principe de liberté. Mais lorsque le magazine a publié des dessins satiriques sur l'Islam, les ennuis ont commencé. En 2006, Charlie Hebdo a réimprimé une série de caricatures du prophète Mahomet d'abord publiées par un journal danois, suscitant de vives protestations de la communauté musulmane française et provoquant un procès. En 2011, après qu'un numéro de la revue soit accusé de contenu blasphématoire, les bureaux du magazine ont été incendiés et son site officiel a été la cible de pirates. En septembre 2012, Charlie Hebdo a publié une nouvelle fois des dessins représentant Mahomet, provoquant une vague de colère dans le monde musulman, et contraignant le gouvernement français à fermer temporairement ses consulats dans plus de vingt pays par mesure de précaution.

C'est ainsi que le magazine a été accusé d'islamophobie et est devenu la cible d'attaques terroristes. Le directeur de la rédaction, Stéphane Charbonnier (Charb), a été directement menacé. Pendant des mois, les mesures de sécurité ont été renforcées autour des bureaux du magazine, et Charb est placé sous protection policière rapprochée. Mais tout cela n'a pas suffi à prévenir son assassinat, ainsi que celui de son garde du corps. Parmi les douze victimes figurent quatre célèbres dessinateurs français dont Wolinsky et Cabu, tués pour leurs dessins satiriques. Selon des témoins, les tireurs ont crié « Dieu est grand ! » en arabe, et « Nous avons vengé le prophète ». Ils étaient armés de Kalachnikov et d'un lance-roquettes. Il ne s'agissait pas d'un « loup solitaire », mais bien d'un acte prémédité par des extrémistes religieux.

Ce massacre a provoqué un choc sans précédent en France. Après l'attaque, le président François Hollande s'est immédiatement rendu sur les lieux et a prononcé un discours très ferme de condamnation. Le 8 janvier, la France a décrété une journée de deuil national, avec les drapeaux en berne, et tous les organismes administratifs de l'État ont marqué un temps de recueillement. Il est très rare en France qu'un deuil national soit déclaré ; depuis l'établissement de la Ve République en 1958, les quelques jours de deuil national ont été déclarés après le décès de présidents, comme Charles de Gaulle.

La décision de François Hollande de déclarer un deuil national reflète donc l'ampleur du choc après cet acte de brutalité. Les médias ont dit qu'il s'agissait du pire massacre en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cet événement a rappelé à certains la série d'attentats terroristes pour l'indépendance de l'Algérie dans les années 1960.

Entre septembre 1961 et août 1962, le président Charles de Gaulle a été la cible de quatre tentatives d'assassinat. La plus spectaculaire a eu lieu le 22 août 1962, lorsque le véhicule du président a été pris en embuscade par deux voitures de terroristes, qui ont tiré simultanément sur le véhicule, le criblant de balles. De Gaulle avait évité la mort de justesse.

La France, cible privilégiée des extrémistes religieux

La gravité du massacre de Paris ne choque pas seulement en raison du nombre de victimes, mais parce qu'il révèle la grande menace qui pèse sur la sécurité nationale. Ces dernières années, la France a été la cible d'actes terroristes motivés par l'extrémisme religieux.

L'an dernier à la veille de Noël, les villes de Dijon et de Joué-les-Tours ont connu deux attaques terroristes. À Dijon, un homme a foncé en voiture sur un trottoir, blessant treize piétons, en criant « Dieu est grand ! » en arabe. À Joué-les-Tours, un homme a blessé trois policiers en criant « Dieu est grand ! » avant d'être abattu. En mars 2012, un jeune homme franco-algérien, Mohamed Merah, a tué sept personnes à Toulouse, après s'être rendu en Afghanistan pour être formé au combat par Al-Qaida. En mai, une fusillade au Musée juif de Bruxelles a fait quatre morts. Quelques jours plus tard, le suspect, Mehdi Nemmouche, a été arrêté à Marseille. Ce jeune homme de 29 ans avait participé à des opérations de jihad en Syrie. Il avait un jour menacé de poser une bombe lors du défilé du 14 juillet sur les Champs-Élysées à Paris.

Tandis que la France métropolitaine était confrontée aux menaces et attaques terroristes, plusieurs Français ont été enlevés à l'étranger. La France garde de nombreux intérêts en Afrique du Nord et au Sahel, et les forces religieuses extrémistes voient les Français comme des cibles prioritaires. Depuis 2010, la région a connu de nombreuses attaques et des enlèvements visant des Français. En septembre 2010, cinq Français ont été pris en otage à Arlit, dans le nord du Niger. En janvier 2011, deux Français ont été pris en otage par des hommes armés dans la capitale du Niger, Niamey, avant d'être exécutés. En janvier 2013, 600 personnes ont été prises en otage à 1 300 km au sud de la capitale algérienne, sur le site d'exploitation gazière d'In Amenas, en réaction à la guerre contre le terrorisme déclarée par la France la même année au Mali. En mai 2013, un nouvel attentat à Arlit visant l'entreprise française Areva a fait un mort et 14 blessés. Presque au même moment, une explosion s'est produite dans un camp militaire d'Agadez, en représailles de la participation française aux opérations militaires dans le nord du Niger et au Mali.

Les attentats survenus en France et à l'étranger au cours des dernières années montrent que les forces extrémistes religieuses sont une dure réalité que la sécurité nationale devra adresser. Le massacre de Paris n'est que le drame le plus récent et le plus grave de la menace terroriste.

 

(Traduction d'un article en chinois rédigé par M. Shen Xiaoquan, maître de recherches au Centre d'étude des problèmes mondiaux, de l'agence de presse Xinhua.)

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Source: french.china.org.cn

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