Soucieux de suivre les traces de la Chine, Washington a tenu son premier Sommet des dirigeants États-Unis-Afrique de lundi à mercredi. La Chine est heureuse de voir le président américain Barack Obama s'asseoir avec les dirigeants et les représentants du gouvernement d'environ 50 pays africains, et ne se sent pas menacée par la possibilité que le réchauffement des liens américano-africains mettent en péril ses intérêts sur ce continent.

Cependant, les remarques d'Obama durant le sommet ont montré sa mesquinerie. Il a souligné que les Etats-Unis ne voulaient pas seulement coopérer avec les pays africains pour leurs ressources, ce qui, selon de nombreux médias, était une critique visant la Chine. La semaine dernière, dans un entretien avec le magazine The Economist, il a même conseillé aux pays africains de s'assurer que « les routes [construites par des entreprises chinoises] ne vous conduisent pas de la mine au port de Shanghai ».

Les États-Unis ont une présence de longue date en Afrique, et leur influence reste profonde. Mais récemment la Chine, un nouvel acteur sur le continent, les a dépassés en termes de coopération bilatérale. Le volume du commerce sino-africain a bondi de 100 milliards de dollars en 2009 à 200 milliards de dollars en 2013, tandis que les échanges entre les Etats-Unis et l'Afrique sont passés de 100 milliards de dollars en 2008 à seulement 60 milliards de dollars en 2013.

La coopération croissante entre la Chine et l'Afrique a mis en évidence le dynamisme et l'avenir de ce modèle de coopération. Elle a également montré le grand potentiel de l'économie chinoise. Dans le même temps, l'approche dominée par l'Occident de « transformer l'Afrique » est devenue beaucoup moins populaire.

Les dirigeants chinois se concentrent sur les relations bilatérales, et discutent avec les dirigeants africains sans attaquer de pays tiers. À l'inverse, les chefs d'État américains n'ont jamais cessé de cibler la Chine.

Les Américains savent que le succès de la Chine en Afrique n'est pas dû à la chance. La coopération de la Chine avec l'Afrique est fondée sur une base globale et sur la bonne entente. Les pays occidentaux, et en particulier les États-Unis, ont maladroitement gaspillé leurs avantages traditionnels sur cette terre. Ils parlent des langues similaires et ont des systèmes politiques semblables, mais bien souvent, ils ne se comprennent pas.

La Chine n'a pas d'ambitions sauvages sur le continent africain, et Beijing n'a jamais eu l'intention de l'inclure dans sa « sphère d'influence ». L'Afrique a le choix de coopérer ou non avec tout pays, et l'idée d'un jeu à somme nulle ne s'y applique plus. De nombreuses entreprises chinoises sont prêtes à coopérer avec leurs homologues européennes et américaines, car ces dernières ont plus d'expérience en Afrique.

Le monde entier doit admettre que la Chine a permis de déplacer l'attention mondiale vers l'Afrique. Sans la croissance rapide de la coopération entre la Chine et l'Afrique, de nombreux pays occidentaux rejetteraient encore probablement l'énorme potentiel de l'Afrique.

Au sujet de ce continent plein de potentiel, la Chine est beaucoup plus ouverte et coopérative que les États-Unis, qui font preuve d'une grande anxiété et d'un manque de confiance. Washington devrait réfléchir à cette situation. Tenir sa langue quand il s'agit de faire des commentaires sur la Chine l'aidera à garder son sang-froid.