Le Brésil, la Russie, l' Inde, la
Chine et l' Afrique du Sud, classés cinq plus grandes économies
émergentes réunies au sein d' un groupe baptisé BRICS, ont confirmé
leur ambition de jouer pleinement leur rôle de moteur de la
croissance mondiale en concrétisant lors de leur
5e sommet annuel à Durban, en
Afrique du Sud, la création fortement attendue d' une banque de
développement.
En attendant sa phase en mise en
place effective par la désignation du siège et la détermination des
modalités de fonctionnement, les cinq pays seront également
soutenus par une réserve pour éventualités dont le capital initial
s'élevera à 100 milliards de dollars.
Des projections de constitution des
réserves de 4,5 milliards de milliards de dollars au cours des cinq
prochaines années lui sont également créditées, a fait savoir le
président sud-africain Jacob Zuma mercredi en compagnie de ses
homologues chinois Xi Jinping, brésilienne Dilma Rousseff, russe
Vladimir Poutine, et du Premier ministre indien Manmohan Singh.
De l' avis des observateurs, cet
acte marque une étape décisive dans la dynamique insufflée par les
BRICS de favoriser l' avènement d' un nouvel ordre économique
mondial soucieux d' établir un équilibre dans la distribution des
rôles en prenant surtout en compte les intérêts des plus faibles,
que sont notamment les pays en développement, parent pauvre de la
gestion des affaires du monde.
Promoteur de l' organisme Afrikaans
Handels Instituut (AHI), le Sud-Africain Christo Owen van der
Rheede salue un engagement pragmatique à matérialiser par un
programme d' action crédible.
"La banque de développement en
création a l' avantage de s' intéresser au financement des
infrastructures, en l' occurrence en Afrique. Reste maintenant à
rendre le projet opérationnel", a-t-il observé à Xinhua.
Cette question était justement au
coeur des réflexions menées lors du sommet tenu mardi et mercredi à
Durban (Sud-Est), sous le thème "les BRICS et l' Afrique :
partenariat pour le développement,
l'intégration et l'
industrialisation" et avec un forum de dialogue réunissant les
dirigeants des BRICS et une quinzaine de chefs d' Etat africains
conduits par leur porte-parole désigné, l' Angolais José Eduardo
dos Santos.
Comme avec la coopération que la
Chine entretient avec ses partenaires du continent, les attentes
exprimées par la partie africaine sont celles d' un partenariat
"gagnant-gagnant".
Parmi les avis recueillis, le
président guinéen Alpha Condé s' est prononcé, dans un entretien à
Xinhua, pour une collaboration entre la future banque de
développement des BRICS et la Banque africaine de développement
(BAD).
"Le président équato-guinéen,
a-t-il confié au sortir d' une concertation à huis clos mercredi
soir entre la délégation des leaders africains qui le comptait
parmi ses membres et les dirigeants des BRICS, a demandé que ce que
les Etats-Unis ont fait pour l' Europe avec le plan Marshall, les
BRICS réfléchissent comment ils peuvent nous aider avec une sorte
de plan Marshall pour l' Afrique".
Pour van der Rheede, "je suis
conforté par ce qui est en train de se passer. Mais, le plus
important pour une telle banque, c' est d' être suffisamment
flexible pour l' octroi des crédits et de rendre l' argent
disponible pour le développement des infrastructures, spécialement
à l' endroit des partenaires des BRICS dont nécessairement les pays
en développement. Je voudrais à ce propos insister sur l' appui
à
l'Afrique".
Selon lui, les BRICS, à travers
leur banque de développement, offrent l' opportunité à l' Afrique
et aux autres pays en développement d' obtenir leur indépendance
vis-à-vis des institutions mondiales actuelles qualifiés d'
instruments coloniaux, à commencer par la Banque mondiale. C' est
dire le degré important de la responsabilité attribuée aux cinq
puissances économiques émergentes.
Reste cependant que même si le pari
d' une mise en place sans anicroches de cette institution que
certains perçoivent déjà comme un pied de nez à la Banque mondiale,
au Fonds monétaire international (FMI), à l' Organisation mondiale
du commerce (OMC), etc., pour la régulation du système économique,
financier et commercial mondial, venait à être gagné, les défis à
relever par ces pays sont immenses.
Tout d' abord, la taille variée de
leurs économies engendre des disparités qui ne militent pas
toujours en faveur d' une prise des décisions harmonieuse et
rapide. L' Afrique du Sud a beau se vanter de tirer des bénéfices
de sa présence au sein de ce groupe grâce à l' attrait des
investissements directs étrangers, elle en est l' économie la moins
robuste et sa balance commerciale est globalement déficitaire.
Le pays annonce un accroissement de
ses échanges avec les autres BRICS de 11,6% à 27% en un an, depuis
son admission en 2011 dans le groupe. Il déclare 31 projets menés
par 25 compagnies pour un total de 12,6 milliards de rands (environ
1,7 milliard de dollars).
En 2012, ses exportations vers la
Chine s' établissaient à 89 milliards de rands (près de 12,8
milliards de dollars) et les importations à 112 milliards de rands
(16 milliards de dollars).
Avec la Chine, l' Afrique du Sud
célèbre son premier partenaire commercial au sein des BRICS, une
relation que la visite effectuée cette semaine par le nouveau
président chinois Xi Jinping auprès de son homologue Jacob Zuma s'
est chargée de renforcer.
Pour Kuseni Dlamini, chef d'
entreprise de presse à Johannesburg, la Chine a un rôle capital
dans le groupe pour lui permettre d' être plus performant et plus
disposé à répondre aux préoccupations de
l'Afrique.
"Deuxième puissance économique
mondiale, la Chine occupe une position de leader. Elle doit
s'employer à promouvoir une
dynamique de démocratie et une coopération mutuellement bénéfique
pour tous pour la réussite des BRICS et le partenariat avec l'
Afrique", suggère-t-il. Fin
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