L'élection présidentielle française est entrée officiellement dans sa deuxième phase de « combat en duel », après le premier tour du 22 avril et la qualification de François Hollande, candidat de gauche du PS, et de Nicolas Sarkozy, président sortant et candidat de droite de l'UMP. Comment ce bras de fer des deux candidats, de gauche et de droite, va-t-il décider de l'évolution des relations extérieures de la France, et en particulier des relations sino-françaises ? Des experts français ont donné leurs avis.
Pour Monsieur Chauprade, docteur en sciences politiques et expert en relations internationales, ce qui décide de l'évolution des relations extérieures de la France, ce sont le style des deux candidats et leurs expériences du gouvernement. Selon lui, « Hollande n'a pas beaucoup d'expérience de la diplomatie. D'abord, il n'a été dans aucun gouvernement, et il a encore moins d'expérience quant à la gestion des relations internationales. Dans le cas où Hollande serait élu, comme il représente la gauche qui est plus attachée aux droits de l'Homme que la droite, je crains qu'il puisse ajouter un peu de tension aux relations sino-françaises. Du côté de Sarkozy, comme la droite attache plus d'importance aux relations économiques, et que Sarkozy lui-même est pragmatique, il est souhaitable, pour les relations sino-françaises, que l'élu soit Sarkozy et non le candidat de gauche. »
Monsieur Chauprade pense qu'actuellement, dans la prise de décisions politiques, pour les affaires intérieures comme extérieures, il semble que la France n'ait que des plans « à court terme » pour ses « intérêts immédiats », sans avoir une vision stratégique de long terme. Les relations extérieures de la France pourraient souffrir de ce fait. Comparativement, le gouvernement chinois, dans la gouvernance du pays, agit toujours selon des plans à long terme. C'est la vision stratégique des dirigeants chinois qui a permis à l'économie chinoise de se développer de façon ordonnée.
Monsieur Eric de la Maisonneuve, président de la Société de Stratégie de France et général de division, est lui aussi un spécialiste des questions chinoises. Il a fait plusieurs voyages en Chine et a un nom chinois, Ma Yike. Selon lui, si Sarkozy est réélu, les relations Chine-France continueront à se développer et à s'améliorer. Quant à Hollande, pour gérer les relations sino-françaises, il devra consacrer du temps à comprendre un pays qu'il ne connaît pas. Ses conseillers doivent lui donner des informations exactes et les relations entre les deux pays connaîtront une assez longue période de transition.
Mais Monsieur Emmanuel Lincot, Vice-Doyen chargé des Relations internationales de l'Institut catholique de Paris et directeur de la Chaire des études chinoises contemporaines, est d'un autre avis. Il est optimiste envers l'avenir des relations sino-françaises, quel que soit le vainqueur du duel : « Quel que soit le nouveau président français, il y aura une continuité des relations entre les deux pays. La France restera fidèle à ses engagements au sujet du respect de la souveraineté et du territoire de la Chine. Que ce soit Hollande ou Sarkozy, la France ne changera pas ses relations avec la Chine, établies depuis le général De Gaulle. C'est vrai que Hollande manque d'expérience, mais les temps font les héros, et il acquerra l'habileté avec le temps. Je suis sûr que si Hollande est élu, il pourra bien représenter la France pour développer les relations avec les différents pays, notamment avec la Chine. »
Il reste maintenant moins d'une semaine avant le second tour du 6 mai. Les sondages montrent une forte avance pour Hollande. Les spécialistes français sont généralement d'avis que les résultats des sondages sont crédibles, sauf cas exceptionnels. Cela veut dire que sur le plan diplomatique, le nouveau président français aura à établir, à partir de zéro, des relations de confiance avec les dirigeants des divers pays, et les relations extérieures de la France devront traverser une période d'adaptation. |