La Chine est un partenaire mondial de premier plan dans la crise de la dette européenne
Avec son grand nombre de réserves en euro et ses investissements en Europe, la Chine est un acteur important de la situation économique européenne. « Tous les interlocuteurs chinois que j'ai rencontrés depuis mon arrivée expriment leurs préoccupations, mais aussi leurs dispositifs », a dit l'ancien Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin, en répondant à une question sur le rôle joué par la Chine dans le sauvetage de la crise de la dette en Europe, lors d'une rencontre avec les médias le 14 octobre à Beijing. « On verra à l'occasion du sommet du G20 à Cannes, qui aura lieu le 3 novembre, que la France et la Chine ont une vision internationale, dans laquelle, au fond, la Chine a des positions qui sont voisines de celles de la France ». Les deux pays croient que la maitrise de l'endettement ne peut passer que par des réformes. Selon M. Raffarin, durant les précédents sommets de Pittsburgh et Londres, la Chine a démontré sa détermination et sa capacité à faire face à la crise. Le prochain sommet à Cannes devrait donc être un laboratoire, tant pour la crise actuelle que pour la Chine. « Nous comptons sur ce sommet pour que les grands acteurs de l'économie mondiale envoient un message de nature à rassurer les acteurs économiques et financiers », a-t-il ajouté.
Les barrières du commerce sont des drogues douces
M. Raffarin a également partagé ses idées sur la récente adoption du projet de loi du Sénat américain sur la réforme du taux de change. « Dans la conception parlementaire française, le rôle des parlements n'est pas de fixer la parité monétaire des autres monnaies, notamment des monnaies étrangères. Les États-Unis, envers lesquels nous sommes reconnaissants de nous avoir appris quelques principes du libéralisme économique et politique, sur ce sujet, ne sont pas très libéraux », a souligné M. Raffarin. Depuis 2008, les États sont revenus au premier plan parmi les acteurs économiques, après une période de dérégulation et de dérèglementation. Selon lui, il faut faire attention à la tentation du protectionnisme. « L'intervention de l'État avait un aspect très positif, qui est de corriger les erreurs qu'un certain nombre d'acteurs privés avaient développées. Pour la défense des citoyens, l'intervention des États est un élément important. Mais il ne faut pas passer de cette intervention de l'État à un excès de nationalisation qui débouche sur le protectionnisme ». Il considère que le protectionnisme accélérerait aujourd'hui la crise et que les barrières sont des drogues douces qui peuvent donner une satisfaction de court terme, mais fragilise les échanges à moyen terme. « C'est par la régulation que nous pourrons équilibrer les échanges et non pas par le protectionnisme ».
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