Le Monde analyse les enjeux de la prise de commandement des opérations en Libye par l’OTAN. L’Alliance atlantique sera ainsi chargée de la protection des populations civiles et de la neutralisation des infrastructures militaires des forces de Kadhafi, tout en faisant respecter la zone d’exclusion aérienne et l’embargo sur les livraisons d’armes.
Cette prise en charge par l’Alliance est à la fois due à la pression interne de plus en plus forte des Américains sur leur gouvernement pour passer le commandement, et à la réticence de certains pays membres (Canada, Italie, Norvège) à s’engager si l’OTAN n’était pas impliquée. L’Alliance est également la seule structure militaire réellement capable de prendre en charge ce genre d’engagements.
« L'OTAN a une culture du travail en commun, explique Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l'Institut de relations internationales et stratégiques. Elle possède des moyens de communication sécurisés et un accès aux renseignements qui devraient faciliter les missions. Aussi bien en matière de commandement que de contrôle et de planification, c'est la seule organisation au monde capable de chapeauter ce type d'intervention. »
Du point de vue du suivi, Paris a obtenu la création d’un « groupe de contact » regroupant les pays et organisations internationales impliqués dans le dossier pour en assumer le pilotage politique.
« Concrètement, l'OTAN deviendra une sorte de prestataire de service militaire, à disposition des pays de la coalition, estime Jean-Pierre Maulny. C'est au "groupe de contact" que devraient revenir la décision politique et la réflexion sur le processus de sortie de crise. Son rôle sera de fixer les limites de l'application de la résolution 1973. »
La partie française craint cependant de perdre le soutien de la Ligue arabe. « Pour beaucoup de pays, l'OTAN a partie liée avec les intérêts américains, reconnaît le général Perruche. La réputation de l'Alliance a souffert des guerres des années 2000, mais je crois qu'il ne faut pas exagérer la portée de ces interprétations. Il semble que la partie la plus dure des opérations en Libye soit passée. On s'achemine vers une gestion normalisée, avec des opérations ponctuelles de protection des populations. » |