À la fin du mois de février, la France a été le premier pays à reconnaître le statut des militants anti-gouvernementaux pendant les manifestations en Libye. Le 18 mars, après la résolution 1973 adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU, la France a pris l'initiative d'annoncer que « les frappes militaires interviendront dans quelques heures ». Le 19 mars, l'armée de l'air française a effectué sa première mission en Libye.
Auparavant, les États-Unis ont souvent joué le rôle leader des guerres du monde, mais cette fois, pourquoi la France devient-elle si active pour rester en première ligne dans les frappes en Libye ?
Selon Ma Xiaolin, spécialiste des affaires du Moyen-Orient, d'un point de vue historique, la France possédait beaucoup de colonies africaines, et considère toujours le continent comme une zone d'influence. Elle est intervenue sans cesse dans les affaires internationales, y compris avec l'établissement de l'Organisation internationale de la Francophonie et la promotion du dialogue entre les dirigeants français et africains. La France attache une grande importance à l'Afrique et cherche activement à y garder son empreinte.
« La France et la Libye sont deux territoires méditerranéens, il existe donc une raison géopolitique. En 2008, Nicolas Sarkozy a proposé de fonder l'Union pour la Méditerranée (UPM) à Barcelone, ce qui montre son intention de diriger cette région », estime M. Ma.
« Dans le cadre de l'OTAN et de l'Union européenne, la France se dispute le pouvoir dans les domaines militaire, politique et économique avec les États-Unis et le Royaume-Uni. Cette fois, les États-Unis sont passifs sur la situation libyenne, donc la France pense que c'est une occasion de prendre le pas », explique-t-il.
M. Ma indique que « l'Europe est un territoire traditionnel où la doctrine est suprême. La France est également un lieu où l'on vénère les droits de l'homme, la liberté et la démocratie. Il lui semble naturel de protéger ces droits en Libye, de défendre la liberté du peuple libyen et de lutter contre le pouvoir dictatorial de Mouammar Kadhafi ».
La France s'est ainsi empressée de reconnaître les rebelles pendant les manifestations en Libye. Cela a provoqué de grands troubles et controverses à l'intérieur de l'Europe. Cette action impétueuse a fait l'objet de critiques de l'UE et le ministère français des Affaires étrangères s'est vu contraint d'expliquer que cela ne signifiait pas la rupture des relations diplomatiques entre la France et la Libye.
Dans ce contexte, quand le Conseil de sécurité de l'ONU a discuté la résolution 1973, seul le ministre français des AE était présent pour promouvoir l'adoption de cette résolution. Le pays avait bien préparé une attaque et a jeté la première bombe en Libye.
« Toutes ces actions ont permis à la France d'obtenir une prédominance incontestable dans les affaires libyennes », conclut-il. |