Les dirigeants asiatiques et européens, qui vont se réunir lundi à Bruxelles, sont disposés à renforcer les relations commerciales et économiques existant depuis des siècles entre les deux continents.
Accueillant plus d'une douzaine de dirigeants asiatiques au coeur de l'Europe, l'Union européenne (UE) est à la recherche, à l'Est, d'une augmentation du commerce pour soutenir sa reprise économique fragile et accepte avec prudence le renforcement de ses partenaires de l'Est.
APPOFONDISSSEMENT DES RELAITONS
La Réunion Asie-Europe (ASEM), une plateforme de dialogue informelle lancée en 1996, aura 48 partenaires, avec la Russie, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, qui la rejoindront cette année. En collaboration avec la Commission européenne (CE) et le Secrétariat de l'ASEAN, 28 pays européens, dont 27 Etats membres de l'UE, et 18 pays asiatiques seront présents à Bruxelles.
Les 48 partenaires de l'ASEM représentent maintenant environ la moitié de la production économique dans le monde, près de 60% de la population mondiale et 60% du commerce mondial, selon les statistiques de l'UE.
La coopération commerciale et économique entre les pays européens et asiatiques s'est rapidement élargie ces dernières années. Les chiffres de l'UE montrent que ses échanges de marchandises entre 2000 et 2008 avec les 18 pays asiatiques de l'ASEM et la Russie, ont presque doublé, passant de 54,6 milliards d'euros (74,8 milliards de dollars américains) à 104 milliards d'euros (142,5 milliards de dollars américains).
Bien que la crise financière ait porté un rude coup aux échanges entre l'UE et ses partenaires de l'ASEM, avec le total des importations et des exportations en baisse de 20% en 2009, il y avait une reprise de la croissance cette année.
Dans la première moitié de cette année, les partenaires de l'ASEM ont représenté 29% des exportations de l'UE et 45% des importations. L'UE est également devenue le plus important marché pour de nombreux pays asiatiques, comme la Chine et la Corée du Sud.
"La grande tendance est sans doute que l'intégration économique entre les deux est en train de s'approfondir et de s'élargir. Elle est également de plus en plus maturée, avec une intégration beaucoup plus savoureuse que la version brute, avec les exportations asiatiques vers l'Europe et les investissements européens vers l'Asie, qui ont dominé pendant une longue période ", a déclaré Fredrik Erixon, directeur du Centre européen pour l'économie politique internationale, un think tank basé à Bruxelles.
L'EUROPE TOURNE VERS L'EST
Dans les 14 ans d'histoire de l'ASEM, l'économie mondiale a traversé un changement fondamental. Comme un résultat de la croissance rapide de ces récentes années dans des économies émergentes de l'Asie, l'équilibre global de la force économique se déplace de l'Ouest vers l'Est, et la crise financière a accéléré le processus.
L'UE, durement touchée par la crise financière et encore aux prises avec un problème de la dette souveraine, a pris du retard avec ses partenaires d'Asie dans la reprise économique.
"L'Asie est un géant émergent dans l'économie mondiale alors que l'Europe est un géant en diminution. Ce n'est pas un effet de la crise. Il est le reflet du boom de deux dernières décennies en Asie, mais la crise a accéléré le changement", a dit M. Erixon.
Face à un marché nerveux financier, au ralentissement des investissments et à l'affaiblissement de la consommation privée, l'UE a mis tous ses espoirs de croissance économique sur la demande extérieure.
Les chiffres officiels ont montré que qu'il était largement attribuable à la vigueur des exportations que l'UE a réussi à maintenir une croissance positive cette année. La demande des économies émergentes de l'Asie a été particulièrement forte.
"L'Asie sera au coeur de la croissance des ventes pour les entreprises multinationales de l'Europe dans l'avenir", a déclaré M. Erixon. "D'autres marchés resteront importantes aussi, mais l'expansion du marché au cours des 10 prochaines années sera en grande partie une histoire de l'Asie comme l'Europe et les Etats- Unis souffrent d'une reprise anémique."
En essayant de saisir les marchés asiatiques, l'UE signeront officiellement un accord de libre-échange avec la Corée du Sud lors d'un sommet bilatéral séparé mercredi. Un accord similaire devrait être signé par l'UE et l'Inde dans le courant de l'année. En marge de la réunion de l'ASEM, l'UE va également lancer des négociations de libre-échange avec la Malaisie.
REFONTE DE LA GOUVERNANCE GLOBALE
Le développement rapide des pays en développement de l'Asie appelle à une refonte de la structure globale de la gouvernance économique, qui a été dominée par les pays riches dont les pays européens.
Etablir une gouvernance financière et économique mondiale plus efficace a été considéré comme l'une des priorités pour les dirigeants européens et asiatiques. Une déclaration séparée intitulée "Vers une gouvernance économique mondiale" devait être adoptée à la fin du sommet, a fait savoir l'UE.
La crise financière et économique donne un nouvel élan à la réforme de la gouvernance économique mondiale. Profitant du G20 comme une importante plateforme, les dirigeants mondiaux se sont mis d'accord sur plus de droit à la parole et de représentation pour les écomonies émergentes et en développement dans les institutions internationales, telles que le Fonds monétaire international (FMI).
A la veille du sommet de l'ASEM, les ministres des Finances de l'UE ont déclaré à l'issue de leur session de vendredi que l'UE était prête à céder deux de ses sièges au sein du Conseil d'administration du FMI aux marchés émergents sous-représentés et à faire pression pour l'achèvement de la réforme des quotas du FMI avant la fin de cette année. Mais la concession de l'UE a été critiquée par des analystes, qui la considérent comme étant insuffisante.
Les Européens comptent actuellement un tiers des 24 sièges au Conseil d'administration du FMI.
En plus de la gouvernance économique, les dirigeants européens et asiatiques examineront aussi le développement durable, l'autre question clé de l'économie, lors de leur sommet de deux jours. Ils envisagent de publier un appel conjoint pour un accord " obligatoire" sur le changement climatique, selon un projet de document qui sera adopté à la fin du sommet. |