Le combat que mènent les Japonais pour éviter une catastrophe à la centrale nucléaire Daiichi Fukushima suite au tremblement de terre dévastateur de magnitude 9,0, doit servir d'avertissement à la Chine et la pousser à redoubler de vigilance dans les décennies à venir, en ce qui concerne son ambitieux programme d'énergie nucléaire.
Dimanche, Xie Zhenhua, directeur adjoint de la Commission nationale de réforme et de développement a déclaré que le pays renforcera la surveillance et le contrôle de ses centrales nucléaires. C'était après que le vice-ministre de la Protection environnementale ne déclare samedi que la Chine tirerait les leçons de l'expérience japonaise en mettant à plat sa stratégie de développement nucléaire. Ce dernier a néanmoins réaffirmé l'engagement irréversible du pays en faveur du développement de son énergie nucléaire.
Afin de satisfaire la forte demande en énergie qui s'exprime dans le pays et réduire sa dépendance aux énergies fossiles, la Chine a développé un plan de développement de l'énergie nucléaire qui sera sans doute le plus ambitieux du monde au cours des prochaines décennies.
Selon ce plan, la Chine portera la part d'électricité d'origine nucléaire de 1 % actuellement à 6 % d'ici 2020. Aux États-Unis, cette proportion est d'environ 20 % avec 104 centrales nucléaires réparties dans 31 états. La moyenne mondiale se situait en 2009 entre 13 et 14 %.
L'énergie nucléaire demeure sans aucun doute l'une des énergies les plus propres, puisqu'elle ne produit pas de dioxyde de carbone, de dioxyde de soufre ou d'oxydes d'azote.
Néanmoins, cela n'a pas suffi à convaincre tout le monde de son bien-fondé, notamment après les accidents tragiques de Three Mile Island aux États-Unis en 1979 et de Tchernobyl dans l'ex-URSS en 1986. La situation que l'on observe au Japon est un autre rappel des conséquences éventuelles d'une catastrophe quelle qu'elle soit, frappant une centrale nucléaire.
C'est particulièrement le cas en Chine avec sa très forte densité de population. De nombreuses centrales nucléaires, telles que Qinshan dans la baie de Hangzhou et Daya Bay, située entre Shenzhen et Hong Kong, se trouvent dans des zones peuplées de dizaines de millions d'habitants.
La Chine a la chance de n'avoir connu aucune fuite radioactive sur ses 13 unités aujourd'hui en service. Ces derniers jours, les responsables et experts ont insisté sur le haut niveau de sécurité qui sera adopté au sein des centrales de troisième génération que la Chine a l'intention de construire.
Mais ce qui se passe au Japon montre qu'une catastrophe n'est pas impossible, même dans le pays réputé comme le mieux préparé aux tremblements de terre et adoptant les critères de sécurité les plus stricts.
Selon l'autorité internationale de l'énergie atomique (AIEA), un cinquième des 443 centrales nucléaires existant dans le monde est situé dans des zones où une activité sismique « significative » a été relevée. La construction de quelque 350 nouveaux réacteurs au cours des 20 prochaines années accroîtra donc sensiblement le risque d'un désastre lié à une catastrophe naturelle.
La Chine aura donc la difficile tâche de s'assurer qu'aucune des dizaines de centrales qu'elle a l'intention de construire ne se situera dans une zone sismique. Les conséquences seraient inimaginables si un accident nucléaire venait s'ajouter à un tremblement de terre comme celui qui a frappé le Sichuan le 12 mai 2008.
Ainsi que certains l'ont déjà souligné, évaluation et surveillance sont des aspects essentiels dans tout projet de construction entrepris par la Chine depuis que la corruption s'est fortement développée dans ce domaine au cours des dernières décennies. Des négligences dans la construction d'une centrale nucléaire sont mille fois plus graves que celles affectant la construction d'un pont ou d'immeubles d'habitation en ce qu'elles pourraient avoir pour conséquence de rayer une ville entière de la carte.
Toutes nos pensées vont vers les Japonais et nous espérons qu'une catastrophe à la centrale de Daiichi Fukushima pourra être évitée. Mais cela doit également nous pousser à faire de chacune de nos centrales nucléaires la centrale la plus sûre du monde pour les siècles à venir. Il ne devra y avoir aucune tolérance en cas de négligence. |