TANG SHUBIAO
C'est un reportage remontant à quelques années : « Le 16 février 2005, le Protocole de Kyoto, une convention internationale pour contrôler les émissions des gaz à effet de serre, est entré en vigueur. Le soir même, une célébration solennelle a eu lieu à Kyoto, au Japon.»
Signé sur son sol, le Japon considérait alors le Protocole de Kyoto comme un honneur. Rien que cinq ans plus tard, cet honneur s'est transformé en fardeau. Le 30 novembre dernier, à Cancún, l'ONG Climate Action Network (CAN) a conféré le prix Fossile au Japon en raison de son refus à proroger ce Protocole.
Durant la conférence de Cancún sur le climat, pour manifester, auprès des délégations gouvernementales, la surveillance propre à une société civique qui suit de près la protection de l'environnement, le CAN choisit chaque jour les trois pires pays aux négociations du jour. À 18 h, après les réunions, il confère le prix Fossile. C'est un événement très attendu de la part des journalistes à la conférence.
En effet, ce n'est pas la première fois que le Japon remporte ce prix. À la conférence de Copenhague, en 2009, le Japon avait gagné ce prix plus d'une fois. L'une de ces fois, c'était aussi son refus de proroger le Protocole de Kyoto.
Cette année, pendant les deux premiers jours de la conférence, les représentants japonais ont déclaré à plusieurs reprises: « Le Japon ne fera aucune promesse pour la deuxième phase du Protocole de Kyoto. » Pour se justifier, le Japon dit que le protocole n'a couvert que les pays qui représentent 27 % des émissions mondiales, et que de plus, les deux plus gros pollueurs, la Chine et les États-Unis, ne se sont pas engagés à des objectifs de réduction d'émissions en vertu du Protocole.
Mme Yang Ailun, directrice de la campagne sur le climat et l'énergie de Greenpeace Chine, commente : « Le Japon est le berceau du Protocole de Kyoto, mais il s'oppose fermement à sa prorogation. Sa position destructive lors des négociations jette une ombre sur la conférence de Cancún. Le Protocole de Kyoto est la seule convention légalement contraignante sur la protection du climat. C'est un résultat important des efforts de la communauté internationale pour lutter contre les changements climatiques. »
Le Japon et les États-Unis sont des pays développés. En vertu du Protocole, ils ont l'obligation de prendre l'initiative de diminuer un gros volume de leurs émissions. Pour se soustraire à ses propres obligations, le Japon prend prétexte des États-Unis qui ne diminuent pas suffisamment leurs émissions. C'est une attitude irresponsable. Selon Mme Yang, en raison du danger que posent les changements climatiques, tous les pays doivent agir de manière positive. Tous les actes qui prennent les États-Unis comme excuse mèneront les négociations sur le climat dans un cercle vicieux. C'est catastrophique pour le climat de la planète.
Selon le principe de la responsabilité commune, mais différenciée, pour la Chine, un pays en développement, la tâche de réduction des émissions doit être différente de celle des pays développés, bien qu'elle ait déjà diminué efficacement et de manière indépendante ses émissions dans l'intérêt de la Terre. Il est inéquitable que le Japon prenne la Chine comme exemple pour se soustraire à son obligation de pays développé.
En réalité, avant la conférence de Cancún, neuf grandes associations industrielles japonaises avaient fait pression sur le gouvernement japonais pour qu'il refuse de proroger le Protocole de Kyoto au-delà de 2012. Voilà la raison importante de la volte-face du Japon.
À ce propos, Mme Yang révèle : « La position du Japon aux négociations est le résultat du “kidnapping” effectué par les groupes industriels de ce pays qui ont des considérations à court terme. Ces entreprises japonaises n'ont pas réalisé les opportunités commerciales qu'offre la tendance mondiale vers la réduction des émissions aux techniques japonaises avancées et efficaces. Leurs actions feront perdre peu à peu l'avantage qu'avait le Japon dans la concurrence internationale. » |