Compte tenu de son développement rapide, "la Chine a besoin de l'énergie", a indiqué mardi à Paris Fatih Birol, l'économiste en chef de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), estimant que cette demande est "légistime".
Dans un rapport publié la semaine dernière, l'AIE a classé la Chine à la place du premier consommateur d'énergie du monde, ce qui a provoqué une inquiétude au niveau international vis-à-vis de l'influence chinoise sur les marchés de l'énergie.
"Il y a un an, la Chine a un écart très serré derrière les Etats-Unis, il est normal que la demande énergétique des Etats- Unis, un pays développé, n'est pas aussi forte que celle de la Chine", a indiqué M. Birol, dans une interview exclusive à Xinhua.
L'expansion économique chinoise est à l'origine de la croissance de la demande énergétique, a dit l'économiste turc. "Il est légitime, il s'agit d'un développement très normal. Il n'a y rien de surprenant."
"Quand on jette un regard rétrospectif sur le développement des Etats-Unis ou de l'Europe, ils avaient besoin eux-même de beaucoup d'énergie. Il est à tour de la Chine d'agrandir (ses demandes)", a relevé M. Birol.
Dans le siècle passé, les Etats-Unis avaient été le premier consommateur d'énergie, et la consommation des Américains avaient été le double de celle des Chinois en 2000.
Et la consommation d'énergie chinoise par habitant est un tiers de la moyenne des pays membres de l'OCDE (regroupe une treintaine de pays) et loin derrière le niveau américain, précise le rapport de l'AIE.
M. Birol a préféré une consommation "appropriée" et "durable" d'énergie, plutôt qu'un classement des consommateurs. "Recourir à des sources propres d'énergie" est beaucoup plus important, a-t-il souligné.
Pour l'économiste turc, la croissance économique de la Chine bénéficie non seulement à elle-même, mais également au "bien-être économique mondial".
Il a salué les "bonnes démarches" du gouvernement chinois pour améliorer l'efficacité énergétique, et le recours à l'énergie renouvelable et à l'énergie nucléaire.
"Une autre chose que j'apprécie dans la politique énergétique du gouvernement chinois, c'est...l'option pour le véhicule électrique (...) Parce qu'elle aidera à réduire le système de transport basé sur la consommation pétrolière", a ajouté M. Birol.
D'après lui, la Chine sera très bientôt "la championne de la consommation de l'énergie renouvelable".
Dans le prochain rapport Perspecitve d'énergie mondiale 2010, a- t-il révélé, "nous avons des messages surprenants et positifs vis- à-vis du rôle que la Chine jouera dans le domaine de l'énergie renouvelable". Mais il refusait de fournir d'autres détails concernant ce rapport qui sera publié en novembre prochain.
"La hausse des importations pétrolières et les effets de sa consommation sur l'environnement sont deux défis auxquels est confrontée la Chine aujourd'hui", a observé M. Birol.
"Jusqu'à présent, nous ne voyons pas de chose extraordinaire sur le marché, mais la demande pétrolière venant de la Chine est très forte", a prédit M. Birol, qui a proposé aux pays producteurs d'investir en temps opportun pour exploiter les champs pétrolifères et gaziers.
S'agissant de l'énergie nucléaire, la Chine est loin d'être un leader, étant donné le nombre limité des centrales nucléaires construites, a-t-il dit.
Mais "la construction de centrales nucléaires (...) montre que la Chine est déterminée (...) à réduire la proportion du charbon dans la production d'électricité, ce qui est bénéfique pour réduire la pollution locale et lutter contre le changement climatique", a ajouté M. Birol. |