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Toiles croisées

French.china.org.cn | Mis à jour le 05. 06. 2024 | Mots clés :
Chinafrique | 05. 06. 2024

En tant que premier représentant en Asie de l’Association du cinéma africain, Luc Bendza s’est dévoué à promouvoir le dynamisme du cinéma africain auprès des cinéastes chinois. Ainsi, à l’occasion du 14e Festival international du film de Beijing, il a réussi à organiser, le 22 avril à Beijing, la Conférence de promotion du cinéma africain. Cet événement a réuni des producteurs et réalisateurs africains ainsi que chinois, qui ont présenté leurs projets cinématographiques prévus pour les deux prochaines années. Ces films illustrent la collaboration sino-africaine, intégrant des éléments allant des personnages et acteurs aux lieux de tournage, sans oublier les langues utilisées. Ce faisant, M. Bendza cherche à promouvoir la coopération et les échanges cinématographiques sino-africains, notamment à travers les coproductions qu’il estime mutuellement bénéfiques pour les deux parties.

L’Afrique, un attrait notable

Ayant tourné dans plus de 30 pays, la réalisatrice chinoise Lu Qingying est profondément impressionnée par les nations africaines pour leur beauté naturelle et leur richesse culturelle. Ces sources d’inspiration sont à l’origine de son prochain film, Love in Mauritius. Pour elle, ce pays insulaire possède un paysage naturel époustouflant et une culture maritime singulière, qui fournissent une toile de fond idéale pour le cinéma.

Les spectateurs auront l’opportunité de découvrir, à travers un voyage fantastique en compagnie des protagonistes, le Parc naturel de Casela, le marché central de Port-Louis, le Musée d’histoire naturelle et le quartier chinois de l’île. Le film proposera également un aperçu des spécialités locales, incluant les savoureuses crêpes salées mauriciennes.

Au-delà des attraits visuels et culturels, Mme Lu apprécie également les incitations fiscales de l’île Maurice, avec des déductions pouvant atteindre 40 % pour les productions étrangères. L’ambassade de Maurice en Chine souligne que le pays a mis en place un modèle économique durable pour le cinéma et l’industrie culturelle grâce à des politiques préférentielles. Cela en fait une destination attrayante pour l’industrie cinématographique internationale.

L’île Maurice n’est pas la seule nation africaine attractive pour les cinéastes chinois. L’Afrique du Sud offre également des déductions fiscales de 25 % aux films étrangers tournés sur son territoire, à condition que leurs dépenses totales dépassent 1,5 million de rands (81 690 dollars). Son industrie cinématographique prospère, illustrée par le succès international de Tsotsi, qui a remporté l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2006. Cela a capté l’intérêt du réalisateur chinois Yuan Weijie, qui a choisi ce pays pour son prochain film, Above the Clouds. Il est par ailleurs impressionné par les compétences professionnelles des équipes de tournage locales, qui apporteront un soutien essentiel à sa production, que ce soit en termes d’équipement technique ou d’aménagement des lieux de tournage.

La Chine, un pilier solide

Au-delà des cinéastes chinois, leurs homologues africains sont également attirés par le fort potentiel de la coopération cinématographique sino-africaine, comme en témoigne l’exemple de Joseph Kumbela. Le cinéaste suisse d’origine congolaise est persuadé que la Chine peut jouer un rôle majeur dans le développement du cinéma en Afrique. En 1998, il a réalisé le premier film africain tourné en Chine, L’étranger venu d’Afrique, un court métrage qui porte un regard comique sur la confrontation de cultures entre une jeune Chinoise et son fiancé africain.

Lors de la Conférence de promotion du cinéma africain à Beijing, il a présenté son nouveau projet, Terres d’acier, âmes de cristal. Le film dépeint la lutte du peuple congolais contre l’exploitation minière par les multinationales occidentales. Le réalisateur, issu d’un bidonville congolais, raconte une histoire inspirée de faits réels et de souvenirs d’enfance. « À travers ce drame, je rends hommage au peuple congolais indomptable et donne une voix aux opprimés. »

« Je suis venu ici avec mon projet car je pense avoir plus de chances de trouver des partenaires financiers en Chine que dans le reste du monde », partage M. Kumbela avec CHINAFRIQUE. Il se sent encouragé par l’intérêt potentiel des investisseurs chinois. « Il est essentiel que cette coopération perdure, il ne faut pas que cela s’arrête juste là. »

Dans cette même veine, la réalisatrice gabonaise Matamba Kombila s’engage dans la coproduction sino-africaine avec son projet Kingdown. L’histoire se déroule dans un futur lointain où les civilisations africaine et chinoise se disputent une pierre précieuse dans un monde aux ressources épuisées. Elles finissent par unir leurs forces pour assurer la survie de l’humanité. Le film, qui sera tourné dans la province chinoise du Yunnan et dans le Parc national de la Lopé au Gabon, célèbre la beauté naturelle des deux pays et met en avant l’amour du peuple chinois et africain pour la paix et la recherche de l’harmonie. Mme Kombila voit cela comme une fusion créative de cultures, d’art et de technologie, qui renforce l’amitié sino-africaine et ouvre la voie à une coopération future.

La coproduction, un long chemin à parcourir

M. Bendza relève que les cinéastes africains cherchent souvent des financements en Occident en raison du manque de ressources locales. « La création d’un fonds d’investissement cinématographique commun ou d’un fonds lié à l’initiative “la Ceinture et la Route” pourra certainement stimuler la coopération sino-africaine dans le domaine du septième art », suggère-t-il.

Il indique que le taux de pénétration du cinéma chez les spectateurs africains est le plus bas au monde, avec un écran pour 787 402 habitants en moyenne. L’Afrique souffre d’un manque cruel de financement substantiel pour moderniser les installations et les équipements afin de répondre à la demande croissante de consommation audiovisuelle de sa population. Dans cette optique, il recommande aux entrepreneurs chinois d’investir dans la gestion des salles de cinéma africaines, qui représentent un marché énorme. Selon lui, cela pourrait non seulement stimuler l’emploi, mais aussi permettre au public africain de mieux comprendre la culture chinoise à travers le cinéma.

M. Bendza souhaite donner un nouvel élan à la coopération cinématographique sino-africaine en encourageant davantage d’acteurs, réalisateurs, producteurs et investisseurs africains à participer activement aux festivals de cinéma en Chine, tels que les Festivals internationaux du film de Beijing, de Shanghai et de la Route de la soie. Il espère que plus de projets africains seront présentés lors de ces événements, qui devraient inclure diverses activités comme des projections de films, des tables rondes et des discussions sur la manière dont les deux parties pourront collaborer pour réaliser des films ensemble.

« Nous voulons sincèrement que, dans un avenir proche, des festivals de cinéma africain soient organisés en Chine et de cinéma chinois en Afrique, comme prévu dans le Plan d’action de Dakar (2022-2024), ce qui favorisera une meilleure compréhension de nos cultures respectives », conclut-il.


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Source:Chinafrique