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Un pont entre la France et la Chine sur des pointes

French.china.org.cn | Mis à jour le 08. 06. 2023 | Mots clés :

«Fondu, fondu à la seconde, et tournez, bon allez... » Au son de la voix de M. Interlandi et de l’accompagnement mélodieux au piano, des étudiants enthousiastes et en sueur pratiquent des pas du ballet dans une grande salle de danse à l’Institut central d’Art dramatique. Du 24 au 28 avril, une série de cours de ballet dirigés par un professeur français s’y sont déroulés.

Un cours énergique et impressionnant

Antonio Interlandi, célèbre acteur de théâtre et maître de ballet français, est actuellement professeur au Centre national de danse et au Conservatoire à rayonnement régional de Paris. Près de 40 ans de carrière lui ont procuré une riche expérience dans les arts scéniques, la chorégraphie et l’enseignement. Cette année, il a été invité en Chine par l’Association pour les échanges culturels et artistiques franco-chinois (AEAFC) pour participer à un projet d’échange en donnant des cours de ballet aux étudiants en danse de plusieurs écoles d’art publiques chinoises.

Il s’agit déjà de la seizième visite en Chine organisée par l’AEAFC. Enregistrée et créée à Paris en 2013, l’association a organisé pendant ces dix dernières années de nombreuses activités d’échange entre les deux pays. « Chaque année, nous organisons deux visites en Chine, et les cours d’experts en ballet sont l’un des projets importants lors des visites », explique Gao Lei, vice-président de l’AEAFC, ajoutant que des échanges ont lieu entre une vingtaine d’écoles françaises et près de 70 écoles chinoises, impliquant la musique, la danse, le théâtre et les beaux-arts, les professeurs et les étudiants chinois et français interagissant lors des visites mutuelles.

À Beijing, M. Interlandi a donné des cours à l’Institut central d’Art dramatique, l’Institut de danses de Beijing, l’Université centrale des Ethnies et l’École professionnelle du théâtre de Beijing. Le cours était divisé en deux parties : une formation de base guidée par les concepts pédagogiques traditionnels du ballet français et l’exécution d’une chorégraphie originale ou d’une variation classique. La chorégraphie est conçue avec des idées audacieuses et créatives, outre les changements flexibles de formation, la narration et les changements émotionnels sont également traités avec délicatesse, tandis que de nombreux éléments théâtraux sont intégrés pour rendre l’œuvre plus artistique. La méthode d’enseignement à la française a été très appréciée et saluée par les étudiants.

« Avant, lors des entraînements, je me concentrais plutôt sur les mouvements ou sur la façon dont j’appliquais la force, mais sans vraiment avoir une compréhension et une interprétation des mouvements », se souvient Deng Jingyi, étudiante de l’Université centrale des Ethnies. « M. Interlandi nous a cependant invités à faire de la salle de classe une scène, à interpréter chaque mouvement comme si nous étions de vrais acteurs, et à libérer au maximum nos émotions et notre énergie. Ses mouvements ont dégagé une énergie calme mais majestueuse, ce qui nous a permis de nous détendre. »

Mlle Deng, un peu nerveuse au début du cours face à un professeur inconnu et à la barrière de la langue, a réussi petit à petit à s’immerger dans les sensations physiques. Elle a confié que le style esthétique du ballet français avait enrichi sa compréhension de la diversité du langage corporel et renforcé sa volonté de continuer à explorer le fascinant art de la danse.

L’inspiration mutuelle fait revivre les arts

Malgré un emploi du temps chargé, assistant parfois à quatre cours d’affilée six heures par jour, et ne pouvant même pas changer ses vêtements imprégnés de sueur avant de passer au cours suivant, M. Interlandi était ravi de voir les progrès des étudiants chinois. « Chaque étudiant a travaillé très dur, même si quelques-uns étaient malades, ils ont persisté. J’ai été très impressionné par leur enthousiasme. Par ailleurs, l’inspiration qui a jailli au cours du processus de création de la danse, à laquelle tout le monde a contribué, a vraiment été inestimable », se souvient-il.

Après avoir quitté Beijing, M. Interlandi s’est rendu à Zhuhai pour la finale de la division chinoise pour la saison 2022-2023 du Concours international de danse Prix d’Europe (PDE). Créé en 2015, le concours s’est déroulé à Paris lors des cinq premières éditions, et à partir de 2022, le modèle de double scène (chinoise et européenne) a été instauré. Le concours est divisé en catégories professionnelle et amateur, et est ouvert aux danseurs de tous âges, les lauréats recevant une bourse pour étudier à l’étranger dans le cadre d’un programme d’échange.

« L’apprentissage et l’appréciation de la culture et de l’art doivent être réciproques », déclare M. Gao. « Au fil des ans, l’art du ballet occidental s’est largement répandu en Chine, mais chez nous il y a les danses classiques et folkloriques chinoises qui illustrent la profondeur et la richesse de la culture orientale, elles sont également dignes d’être reconnues et appréciées au niveau international. L’une des principales caractéristiques du concours PDE est d’avoir inclus des danses chinoises, ce qui constitue un précédent en termes d’établissement de normes d’évaluation et a créé une plateforme permettant aux danses chinoises de se montrer sur la scène européenne et internationale. »

« La danse traditionnelle chinoise est quelque chose de tout à fait méconnu en France et en Europe. Cette plateforme permet de faire découvrir non seulement aux Chinois les arts européens et la danse classique, mais aussi aux Européens les danses traditionnelles chinoises qui ont une énorme richesse et une très grande histoire, y compris les danses des minorités ethniques, qui sont toutes uniques. Ce n’est pas simplement du folklore, mais une véritable civilisation et la richesse de la Chine, qui peut montrer et rappeler aux Français et aux Européens que la Chine n’a pas qu’un visage, mais des milliers de facettes », a remarqué Hortense Halle-Yang, membre honoraire du Comité artistique de l’AEAFC, dans une interview.

M. Interlandi ne tarit pas d’éloges pour la danse chinoise, et en tant que membre du jury et remettant de prix de cette finale à Zhuhai, il a été impressionné par certaines représentations : « La danse chinoise se développe rapidement, ses propres caractéristiques méritent d’être apprises. En effet, un art devient souvent nouveau dans différents pays avec différentes formes d’intégration, et j’ai vu cette fois-ci certains éléments chinois se fondre bien dans le ballet classique et la danse moderne. Je pense qu’à l’avenir, on pourra peut-être aussi explorer davantage l’intégration d’éléments des danses traditionnelles chinoises dans le ballet d’origine européenne pour créer un nouvel art merveilleux. »

« Se voir » à travers l’art et la culture

La danse, en tant que forme d’art silencieuse, peut franchir la barrière de la langue et peut facilement devenir un pont pour la compréhension et la communication mutuelles. Mais les échanges culturels et artistiques entre la France et la Chine ne se sont jamais limités à une seule forme. Depuis l’établissement de leurs relations diplomatiques en 1964, les deux pays s’engagent dans des échanges culturels dans de nombreux domaines, et le cinéma en a été le pionnier. Le souvenir du film français La Grande vadrouille doublé en chinois est resté gravé dans la mémoire des jeunes des années 1980. Depuis lors, d’autres produits culturels français tels que les romans et les expositions se font connaître au public chinois.

En avril dernier, le président français Emmanuel Macron s’est rendu en Chine, et sa première étape a été d’assister à la cérémonie d’ouverture du 17e festival Croisements, un festival culturel franco-chinois. Il a ensuite signé la Déclaration conjointe entre la République française et la République populaire de Chine, qui énonce huit mesures spécifiques relatives au secteur culturel. La déclaration précise que les deux pays réaffirment leur volonté de renforcer leur coopération dans le secteur de la culture et de la création par le biais de coproductions, de coopérations en matière de droits d’auteur, de concours et d’échanges d’artistes, afin d’accroître le potentiel de communication pour le public le plus large possible. L’année 2024 marquera le 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine, ce qui signifie que les échanges culturels entre les deux pays sont sur le point d’entrer dans une nouvelle phase et que la coopération deviendra encore plus étroite.

La dernière étape du séjour de M. Interlandi en Chine a été un échange à l’Académie de danse du Conservatoire de musique de Xi’an. À la fin de sa visite, il a parlé de son « beau voyage » pour décrire sa première expérience en Chine sur Facebook (Meta). Il a également posté plusieurs photos de son voyage pour partager ses premières vues des siheyuan (maison traditionnelle chinoise à cour carrée), de la Grande Muraille et de l’Armée en terre cuite, parlant du patrimoine historique et culturel comme étant « magnifique » et « impressionnant ».

« La culture et l’art peuvent toucher le cœur et l’esprit, ils doivent être “vus” pour être compris, compris pour être reconnus, appréciés et aimés », déclare M. Gao, ajoutant qu’avec la reprise complète des échanges sino-français dans tous les domaines, l’AEAFC continuera d’organiser diverses activités, espérant utiliser les échanges artistiques pour promouvoir les contacts entre les peuples, pour que la Chine et la France puissent « se voir » davantage.


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Source:La Chine au Présent