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Faire jaillir l’étincelle des échanges sino-européens

French.china.org.cn | Mis à jour le 08. 06. 2023 | Mots clés : Université Tsinghua,patrimoine artistique,EuroSpark

En février 2023, en tant que participante au groupe de pratique sociale « EuroSpark » de l’Université Tsinghua, j’ai visité la France, la Suisse, l’Allemagne et d’autres pays européens avec mes camarades de classe pour des échanges approfondis avec des enseignants et des étudiants locaux ; notamment sur la transition industrielle et sur le patrimoine artistique.

Le programme « EuroSpark » adopte une approche personnalisée qui permet de développer des projets de recherche indépendants basés sur ses propres centres d’intérêt et ses orientations de recherche, et de se rendre dans les universités, laboratoires et entreprises technologiques en Europe pour échanger avec des scientifiques et entrepreneurs de premier plan dans le but de faire jaillir une étincelle pour les futurs échanges et coopérations internationaux en matière de technologie et d’innovation. Observer, accepter et comprendre les autres avec autant d’empathie et de tolérance que possible est un autre acquis de notre voyage artistique et historique.

De la Chine à Lyon

La France a été l’une des étapes les plus enrichissantes de notre voyage en Europe. À Lyon, nous avons rencontré Jean Ruffier, sociologue et professeur à l’Université Jean Moulin Lyon 3, et procédé aux échanges et aux recherches sur l’histoire de la révolution industrielle à Lyon et sur la manière dont Lyon a fait face à la contre-industrialisation.

Historiquement, Lyon était la capitale européenne de la soie, et ce statut s’est progressivement imposé à la Renaissance. Cependant, à l’époque, Lyon était plutôt une ville commerciale pour le transport et la commerce de la soie chinoise le long de la Route de la Soie. Plus tard, les ouvriers lyonnais ont appris les procédés de tissage chinois et la soie artisanale lyonnaise est devenue réputée. Afin d’améliorer les techniques de production à forte intensité de main-d’œuvre, Joseph Marie Jacquard (1752-1834), un tisserand lyonnais, a perfectionné le métier à tisser, une grande contribution dans l’histoire du tissage mondial. Le 12 avril 1804, moins d’un an après la proclamation de l’Empire, Napoléon s’est rendu à Lyon, qui ne s’était pas encore relevée des cendres de la Révolution. En voyant les machines textiles améliorées, Napoléon a pensé que l’industrie textile française pouvait se tailler une part dans le marché mondial.

Aujourd’hui, la machine Jacquard, qui a fait fureur sur le continent européen, est conservée dans un petit musée privé de Lyon. Cependant, lors de notre entretien avec le professeur Ruffier, nous avons appris que la mission historique de cette machine n’est pas encore terminée. Comme les décorations en soie des monuments historiques tels que Versailles et Fontainebleau proviennent principalement des manufactures lyonnaises d’il y a plusieurs siècles. Subissant les outrages du temps, elles sont généralement renvoyées à Lyon, où elles ont été produites, pour y être restaurées. L’art du tissage qui avait presque disparu peut ainsi revivre grâce au métier à tisser du musée.

L’architecture de Lyon est plus disparate que celle de Paris. Les Lyonnais d’aujourd’hui redonnent vie à cette ville qualifiée de « ville industrielle ».

Des liens historiques

Capitale européenne de la soie, Lyon est historiquement liée à la Chine par la Route de la Soie. Sur l’initiative de la Chambre de commerce et d’industrie de Lyon, l’Université de Lyon propose des cours de chinois depuis 1913, ce qui en fait la première université de France à le faire.

Au fur et à mesure que la politique de réforme et d’ouverture de la Chine avançait, la coopération entre Lyon et la ville de Guangzhou (Guangdong), une ville à l’avant-garde de la réforme et de l’ouverture de la Chine, s’est progressivement approfondie. Depuis leur jumelage en 1988, les deux villes ont mis en place un programme de coopération et des échanges internationaux dans l’investissement dans les infrastructures, le transfert de technologie, la recherche scientifique et l’enseignement supérieur. Le professeur Ruffier a été directeur du Centre d’études Chine-France de l’Université Sun Yat-sen dans les années 1990 et a beaucoup contribué à promouvoir la coopération académique entre la Chine et la France. Il a chéri son expérience à Guangzhou en matière de recherche sur les entreprises et les travailleurs. « La Chine s’industrialise très rapidement, ce qui est rare dans le monde », explique-t-il. « En même temps, les problèmes rencontrés par les travailleurs chinois sont très différents de ceux en France et dans d’autres pays d’Europe et d’Amérique. Nous voulions comprendre le modèle de développement de la Chine et, plus important encore, les difficultés et les exigences auxquelles les Chinois, en particulier les travailleurs chinois, ont été confrontés pendant la période d’industrialisation rapide de la Chine. » Le professeur Ruffier estime que les chercheurs chinois et français apprennent beaucoup les uns des autres et note qu’il a noué de solides amitiés avec de nombreux chercheurs chinois en sociologie.

Bien qu’il ne se soit pas rendu en Chine ces dernières années en raison de l’épidémie, le professeur Ruffier se préoccupe toujours de la situation récente en Chine et donne des cours en ligne à des étudiants de l’Université de Shanghai. Il a été impressionné par leur diligence et leur assiduité, souhaitant qu’ils soient plus confiants pour poser des questions librement que leurs homologues français. Il attend avec impatience de se rendre à nouveau en Chine et de renforcer la coopération académique et éducative entre les deux pays.

Une perspective académique internationale

Avec une curiosité pour la société, un amour pour les gens et un respect pour l’histoire que nous avons appris du professeur Ruffier, nous essayons, dans la mesure du possible, de regarder les choses nouvelles dans des environnements peu familiers avec un regard plus professionnel mais aussi plus inclusif. En Suisse, nous avons visité l’ETH Zurich et échangé avec des étudiants locaux et des étudiants chinois de la région. L’expérience des études, de la recherche et de la vie à l’étranger a largement élargi nos horizons académiques et nous a permis de voir les choses sous des angles différents.

En Allemagne, nous avons surtout appris à connaître le patrimoine artistique européen. Au Musée d’Art moderne, nous avons constaté que si de nombreuses formes d’art moderne et postmoderne expriment une rébellion contre le conformisme, elles s’inspirent de manières différentes, mais toutes avec respect, des classiques et des écoles qui ont existé tout au long de l’histoire, et elles restent enracinées dans l’histoire. En outre, la plupart des œuvres d’art postmoderne reflètent les problèmes sociaux de l’époque et constituent le reflet de la société. Ces œuvres d’art très créatives témoignent des expériences spécifiques et uniques de chaque artiste de l’époque dont la vision de la société est similaire à celle du professeur Ruffier. Personne n’est un simple « observateur » de l’histoire.

*JIN YINUO est étudiante à la Faculté des sciences humaines de l’Université Tsinghua. 

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Source:La Chine au Présent