​La céramique, un lien pluriséculaire entre la Chine et la France

Myrtille Bouvret, une designer céramiste française, a publié des photos d'une sculpture en porcelaine qu'elle a réalisée récemment et a partagé l'inspiration créative avec ses fans sur Instagram.

Cela fait six ans qu’elle a terminé ses études à l'Université de la céramique de Jingdezhen (JCU) et a commencé à diriger un studio de design dans la ville de Limoges, dans le sud-ouest de la France, renommée pour sa porcelaine. « Ce sont mes voyages dans les capitales de la porcelaine des deux pays qui m'inspirent continuellement », a-t-elle confié.

La ville de Jingdezhen, située dans la province du Jiangxi (est de la Chine), se consacre à cet artisanat depuis plus de 1 800 ans. En 2010, elle a établi une paire de villes sœurs avec Limoges, où les porcelaines qui y sont produites sont vendues dans toute l'Europe.

Myrtille Bouvret fait partie des très nombreux artistes céramistes et étudiants étrangers qui sont allés à Jingdezhen après qu'un studio international de céramique a été créé conjointement par la JCU et l'Ecole Nationale Supérieure d'Art de Limoges (ENSA Limoges) en 2011.

Photo prise le 13 janvier 2023 montrant le Musée national Adrien Dubouché à Limoges. (Xinhua)

« J'admire les artisans de Jingdezhen qui perpétuent des milliers d'années de technique de fabrication de la porcelaine », a-t-elle souligné.

Des centaines d'œuvres d'art en céramique ont été créées par le studio. Parmi elles, deux ensembles de lampadaires en céramique, conçus et fabriqués par des étudiants français et chinois fin 2018, sont les plus particuliers. Portant les mots « Merci Jingdezhen et j’aime Limoges », ces deux lampadaires témoignent des échanges culturels entre les deux pays. Désormais, l’un d’entre eux se dresse dans une rue de Limoges tandis que l'autre est exposé dans la salle d'exposition de l'atelier.

Zhou Lei, l'un des co-créateurs, a toujours réfléchi à la manière de combiner le concept de création occidentale moderne avec les compétences traditionnelles chinoises quand il a étudié dans les deux endroits, expliquant « je veux intégrer le charme ancien de la porcelaine bleue et blanche à l'esthétique occidentale, les laisser s’affranchir de la tradition et se mondialiser ».

Dès le XVIIIe siècle, la « double formule » du kaolin -un minéral blanc tendre qui tire son nom d’un village de Chine- et de la pierre de porcelaine a été transmise de Jingdezhen à la France, jouant un rôle clé dans le développement de l'industrie de la porcelaine en France.

Selon Weng Yanjun, directeur du Musée du four impérial de Jingdezhen, les échanges sur la céramique entre les deux pays sont mutuellement bénéfiques, notant que la porcelaine émaillée colorée est un type de porcelaine intégrant un matériau occidental et la technique traditionnelle chinoise.

Pendant ses études à la JCU, Myrtille Bouvret a effectué un stage chez Wanglong Ceramics Co.Ltd à Jingdezhen, où des designers étrangers sont impliqués dans la conception des produits. Une soucoupe qu'elle y a conçue a même été sélectionnée par un chef étoilé Michelin en France, puis utilisée comme ustensile pour contenir du foie gras.

« La coopération avec les artisans de Jingdezhen m'a beaucoup inspiré », a de son côté déclaré Norman Trapman, un designer français qui participe à des téléconférences avec les artisans une fois par semaine. Lors d'une exposition qui s'est tenue plus tôt cette année en Italie à Milan, un ensemble d'articles de spa en céladon, comprenant une baignoire et un lavabo et conçus par le designer, a apporté à l'entreprise des commandes internationales.

« Les échanges et la coopération transnationaux nous ont aidés à gagner du terrain sur le marché international », a pour sa part commenté Yu Wanglong, directeur général de la société.