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Guo Rui et Zhang Liping pour China.org.cn, le 21 août 2018 à Beijing
Guo Pei, qui fait partie de la première génération de créateurs de mode chinois, est aussi la première du pays à s’être lancée dans la haute couture. Elle a conçu la robe primée pour la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de 2008 à Beijing et a créé des robes pour les occasions importantes de femmes de tous horizons. Elle est non seulement devenue la reine incontestée des costumes portés par de nombreuses célébrités, mais aussi la grande créatrice de mode chinoise aux yeux des médias étrangers. À la tête d’un atelier qui réalise des rêves de haute couture, elle n’a de cesse de rechercher la perfection.
En 1982, Guo Pei a intégré la Deuxième école de l'industrie légère de Beijing en 1982 pour étudier le stylisme. Au début de l’ère de réforme et d’ouverture, la mode était un concept complètement nouveau pour la plupart des gens. Âgée de quinze ans à son arrivée à l’école, pourquoi a-t-elle choisi de s’orienter vers le design de mode ? « Cela ne s’explique pas, j’ai juste suivi mon cœur », dit-elle. Quand elle n’avait que deux ans, elle savait déjà aider sa mère à mettre un fil dans le chas de l’aiguille. Elle a toujours voulu savoir coudre comme elle et faire de beaux vêtements. Elle aimait dessiner, mais la plupart du temps elle dessinait des vêtements. Les professions dans la création de mode n'existaient pas encore en Chine, donc Guo Pei souhaitait faire une école d’art, pour choisir ensuite la discipline qui lui plairait le plus. Au rythme de la réforme et l'ouverture, une brise rafraîchissante de tendances a commencé à souffler sur la Chine. En remplissant un formulaire, Guo Pei a un jour eu l’agréable surprise de découvrir la case « création de mode » et a su immédiatement que c’était son chemin. « C’est comme si je l’avais toujours su au fond de moi, dit-elle. J’ai eu beaucoup de chance, j’ai pu faire ce que j’ai toujours aimé, et j’ai pu ainsi devenir créatrice. »
Après l'obtention de son diplôme, elle a choisi de travailler dans la conception de vêtements sur mesure, avec près d'une décennie d’inspiration à réaliser. Les « dix ans d’aiguisage de l’épée », l'expérience accumulée une décennie durant dans le secteur, ont jeté des bases solides pour son futur développement de carrière. Guo Pei est d’avis que tout ne réussit pas du premier coup, que l’on doit traverser un processus, accumuler, étudier et s’exercer avant d’espérer récolter les fruits de son travail. L’enfant prodige ne va pas loin s’il compte sur ses aptitudes de départ. Guo Pei avait fait trois plans de dix ans : une première décennie d’accumulation, une deuxième décennie de pratique extensive, et troisième décennie de résultats. Elle a toujours gardé à l'esprit les enseignements de son père : l’obtention d’un diplôme ne signifie pas la fin de l'apprentissage, au contraire, c’est en entrant dans la vie active que l'apprentissage réel commence. En 1989, elle a été nommée directrice de la conception de la marque Tianma. Son poste la rendait non seulement responsable de la conception, mais aussi de l’impression technique, des techniques et processus de production, de l'approvisionnement, du calcul du budget, de la sélection des tissus, des ventes sur le marché, et même de la disposition des mannequins dans les vitrines. Ces dix ans de travail pour la marque lui ont donné de l’expérience dans tous les domaines de l'industrie vestimentaire, et elle a appris suffisamment pour devenir chef de file de son secteur.
En 1997, Guo Pei a créé Rose Studio et s’est tournée vers la haute couture. Elle explique que lorsqu’elle a établi son studio, ses idées n’allaient pas encore très loin, elle souhaitait juste se donner un espace de liberté, réaliser des choses qu’elle ne pourrait pas faire pour la marque de quelqu’un d'autre. « Je veux des robes idéales, sans me préoccuper de savoir si elles pourraient devenir des marchandises susceptibles d’être vendues ». La maturation de toute chose nouvelle est longue, et la haute couture ne fait pas exception. Au début, les clients ne se bousculent pas chez Guo Pei, mais avec le temps, la demande d’individualité émerge sur le marché, et un nombre croissant de clients la sollicitent pour ses vêtements différents et personnalisés. On dit souvent que le moment fait le héros. Au moment de la réforme et de l'ouverture, les gens ont commencé à s’intéresser la mode et à rechercher l'individualité : c’est ainsi que Rose Studio est né.
En 2004, Guo Pei lance sa première collection de haute couture intitulée « Réincarnation », ce qui lui permet pour la première fois de sa carrière de présenter sa vision personnelle et ses œuvres de créatrice. « Réincarnation » a été inspirée par une visite au Musée de l’armée en France, où Guo Pei a vu l’uniforme de Napoléon, qui lui a évoqué la guerre, la vie et la mort, l'honneur, les valeurs… L’une des dernières robes de « Réincarnation », appelée « Dajin » illustrait une vision de soleil éblouissant. Cette œuvre est l’une des plus célèbres de Guo Pei. Il a fallu plus de 50 000 heures de travail pour la réaliser. Ce défilé a montré qu’elle s’était véritablement engagée dans la voie de la haute couture.
À la fin de l'année 2014, elle a été invitée par la Chambre syndicale de la haute couture de France à devenir la première créatrice chinoise présentée à la Semaine de la mode de Paris. Ce n’est pas seulement un moment important dans l’histoire chinoise de l’habillement, mais aussi une étape importante dans l’histoire du vêtement asiatique.
Guo Pei explique que la culture chinoise coule dans ses veines et que la passion qu’elle ressent pour elle est identique à l’amour qu’elle ressent pour la vie. Pour elle qui a grandi à Beijing, et qui se promenait dans les parcs de la capitale tous les soirs, les jardins impériaux et l’art architectural ont été une inspiration toujours présente, et ces éléments typiquement chinois sont devenus ce en quoi elle excelle. Quelques-unes de ses inspirations sont bien venues d’églises ou de l'architecture gothique, mais pour un observateur occidental, ses œuvres contiennent avant tout des éléments chinois et montrent le style distinct d’un créateur chinois. Guo Pei pense que chaque civilisation voit sa culture comme si elle lui appartenait, alors qu’elle est commune à l'humanité, et ajoute que « les nations sont mondiales ».
Elle attache une grande importance à la formation de nouveaux talents. Aujourd’hui, très occupée dans son entreprise de haute couture, absorbée par ses créations, elle a très peu de temps. Elle souligne que le travail d’un individu est d’avance limité dans le temps, et qu’elle espère pour sa part pouvoir consacrer du temps dans le futur à l'enseignement esthétique pour faire partager son expérience à la jeune génération.
Source:french.china.org.cn |