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Olivier de Spiegeleir a conquis le cœur des Chinois

French.china.org.cn | Mis à jour le 12. 01. 2018 | Mots clés : Olivier de Spiegeleir

PAULINE AIROLDI, membre de la rédaction

Depuis de nombreuses années, le pianiste belge Olivier de Spiegeleir sillonne le monde pour partager son amour de la musique et de la poésie avec des auditeurs de tous horizons. En novembre, nous avons croisé sa route à Beijing lors d'une masterclass et d'un concert organisés par l'Alliance française, pour le plus grand bonheur des étudiants en musique et des amateurs de musique classique de la capitale! A l'Université des langues et de la culture de Beijing le 10 novembre, il a ainsi raconté sa passion pour la musique et l'art, son amour de la poésie et de la langue française et son désir de les partager. Puis le 12 novembre, il a transporté le public pékinois au cœur d'une rêverie amoureuse en donnant au Théâtre du Musée national de Chine son récital commenté Mon cœur entre tes mains.

Le Théâtre du Musée national de Chine a accueilli le concert Mon cœur entre tes mains.


Créer un lien « de cœur à cœur »

Olivier de Spiegeleir est indéniablement un grand musicien ; de Bach à Chopin en passant par Schuman, Lutoslawski et Debussy, avec une prédilection pour Beethoven, peu de compositeurs semblent lui résister. Formé à Bruxelles, Paris et Louvain-la-Neuve (UCL), il a participé à de nombreux festivals internationaux et donné des récitals aux quatre coins du monde, de l'Amérique du Sud à la Russie en passant par le Canada, les États-Unis et bien sûr, la Chine. Mais c'est aussi un inconditionnel des Lettres et de la poésie, et particulièrement de la poésie française. Profondément touché tant par la musique que par la poésie et persuadé qu'il existe une symbiose entre ces deux arts, Olivier de Spiegeleir s'est spécialisé dans la composition de récitals commentés : avant ou après chacune des œuvres qu'il joue au cours du récital, il propose quelques mots, une histoire, une lettre, quelques vers en lien avec celles-ci.

Le pianiste évoque trois grandes raisons qui l'ont poussé à travailler ainsi : d'abord, selon lui, il est important de montrer que le musicien parle car cela permet de « créer un lien plus particulier de cœur à cœur » avec le public. Aussi talentueux qu'il soit, le musicien est un être humain « qui a une vie, un passé, une famille, des espoirs, des tristesses, des idéaux » et il est essentiel de partager cela avec le public car celui-ci « découvre alors la voix du pianiste, il découvre que c'est quelqu'un qui pense, qui parle, qui a une sensibilité, qui n'est pas seulement quelqu'un qui exécute un morceau, donc ça crée un lien, un lien personnel, une connexion entre le musicien et le public ». Ensuite, la poésie et la musique sont deux formes de langage artistique dont la complémentarité est comme une évidence. Le pianiste explique : « En mettant en parallèle la langue parlée, et de préférence la poésie, et la musique, je pense qu'on augmente le plaisir et qu'on augmente la sensation artistique globale. » Enfin, pour Olivier de Spiegeleir, le langage, comme la musique, est universel et le commentaire lui permet de créer un pont avec le public, quel que soit le pays où il se trouve. Il raconte d'ailleurs : « J'ai eu l'occasion de donner des récitals commentés un peu partout dans le monde, ici en Chine mais aussi dans les pays anglo-saxons, hispanophones, en Amérique du Sud, en Amérique centrale et toujours, ces commentaires sont accueillis avec beaucoup d'intérêt parce que la langue permet justement de relier ensemble des cultures qui sont parfois différentes. »

Olivier de Spiegeleir


Un échange enrichissant avec les étudiants en musique

Le partage est une valeur qui revient beaucoup dans les propos du pianiste belge et la masterclass a été l'illustration parfaite de ce plaisir de l'échange et de la rencontre. Le pianiste a commencé par expliquer son travail aux étudiants, mettant en évidence le lien entre poésie et musique à travers des exemples tirés de son récital Mon cœur entre tes mains. Ensuite, les étudiants ont eu l'occasion d'échanger en toute simplicité avec le musicien, de lui poser des questions, de solliciter ses conseils. Enfin, deux jeunes étudiantes ont échangé leur rôle avec le pianiste qui a rejoint l'auditoire pour les écouter présenter chacune leur instrument de musique : le pipa (un luth à quatre cordes) et le yang qin (un instrument appartenant à la famille des cithares et originaire de l'Ouest de l'Asie) avant d'exécuter un morceau.

Le pianiste, très impressionné par la virtuosité des musiciennes, n'a pas caché son émotion et les a vivement félicitées. Pour Olivier de Spiegeleir, elles ont montré à travers leurs magnifiques interprétations que la musique transcende les frontières. En effet, même si les musiciennes ont utilisé un langage musical complètement différent du langage musical européen classique, l'émotion est la même, « l'expressivité, le cœur, le drame » sont bien là. Or pour le pianiste, en musique, l'émotion est primordiale, la technique n'est jamais qu'un moyen pour exprimer, à travers un autre langage, ce que l'on a au fond du cœur.

On comprend mieux pourquoi l'artiste a choisi de nommer son récital Mon cœur entre tes mains, un titre qui fait également référence à un poème d'amour écrit par le célèbre poète français Louis Aragon et qui a inspiré le thème du récital. Lorsque les élèves lui demandent quels conseils le pianiste souhaiterait leurs donner pour les aider dans l'apprentissage de la musique, Olivier de Spiegeleir revient sur cette notion de partage et confie aux étudiants : « Ce que je me dis toujours, c'est que sur 1 000 personnes, il y en a une ou deux dans le monde qui peuvent jouer d'un instrument, et pour ces personnes, c'est un don extraordinaire puisqu'elles jouent et les 998 autres personnes écoutent ; donc c'est à ça qu'on sert, ce n'est pas pour faire le fier mais uniquement pour partager quelque chose ; parce que c'est un don, si on peut apprendre un instrument, c'est pour le donner avec tous les autres. »

Mon cœur entre tes mains

Le 12 novembre dernier, c'est à Beijing qu'il est venu faire part de son don pour le piano en donnant au Théâtre du Musée national de Chine un récital sur le thème de l'amour.

Olivier de Spiegeleir n'en est plus à son premier voyage en Chine et il y revient avec plaisir car on l'y reçoit avec beaucoup de gentillesse. Il connaît quelques mots de chinois, ce qui facilite sa relation avec le public, et s'il ne cache pas son attachement profond à la langue française, il est cependant loin d'être indifférent à la langue chinoise qu'il trouve simplement fascinante. Pour lui, cette langue est, à l'instar du français, d'une merveilleuse complexité et dotée d'une réelle dimension poétique. Il nous confie par ailleurs que le public chinois est particulièrement réceptif à ses récitals commentés. Rien d'étonnant, étant donné le véritable engouement que connaît la Chine pour la musique classique et qui n'est pas sans rapport avec le contexte économique et social actuel et l'émergence ces dernières décennies d'une classe moyenne aspirant désormais à une meilleure qualité de vie avec plus de temps libre et des loisirs culturels. Concrètement, cet engouement s'est traduit par la construction ces 20 dernières années de nombreuses salles de concert dotées d'une excellente acoustique dans toutes les grandes villes de Chine telles que le Grand Théâtre de Chine qui renferme une salle d'opéra de plus de

2 400 places ainsi que par l'émergence de prodiges de la musique comme les pianistes Lang Lang and Wang Yuja. En 2016, le Centre d'art oriental de Shanghai a signé un accord de coopération avec l'Orchestre philharmonique de Vienne, quant aux

3 800 billets des deux concerts de l'Orchestre philharmonique de Berlin au Centre d'art oriental de Shanghai en novembre, ils se sont vendus en 26 heures !

Sans surprise, les spectateurs venus assister au concert d'Olivier de Spiegeleir le 12 novembre ont donc rempli la salle du Théâtre du Musée national de Chine. Mon cœur entre tes mains est un récital sur le thème de l'amour ; le pianiste-poète a présenté des œuvres de Liszt, Debussy, Beethoven et Schuman, en résonnance avec des poèmes d'Aragon, d'Éluard, de Hesse et de Verlaine. De quoi réjouir les amoureux de la musique classique et des Belles Lettres. Et avant de quitter la scène, pour clore en beauté ce moment de lyrisme et de pure poésie, le pianiste avait réservé un petit hommage à son public chinois : il a entonné au piano la musique d'une chanson bien connue des spectateurs, You exist in my song, achevant de tisser avec le public ce lien « de cœur à cœur » qui fait de chaque représentation une rencontre exceptionnelle.

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Source:La Chine au Présent