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« Plus les clients sont nombreux, plus les thèmes sont variés ! »

French.china.org.cn | Mis à jour le 11. 08. 2017 | Mots clés : entrepreneur,BLCU

(France) CHRISTOPHE TRONTIN

Entre son job d'auto-entrepreneur, la maison qu'il retape pendant les week-ends, ses amis et sa famille, François vit à Lyon des journées bien remplies. « Tout mon cursus m'a finalement poussé vers la Chine : après mon bac, j'ai entamé des études de traducteur anglais-allemand-chinois. J'avais bien aimé le chinois, mais je comprenais que je n'arriverais pas à un niveau élevé sans un séjour sur place : alors, je me suis inscrit à un stage d'été de la BLCU (Université des langues étrangères de Beijing) pour deux mois d'études intensives. »

Écartelé entre son amoureuse restée à Lyon et la Chine aux alléchantes propositions d'emploi, François Goudard enchaîne depuis dix ans les aller-retours d'un bout à l'autre de l'Eurasie. Après un stage d'attaché de presse chez Peugeot-Citroën en 2006, il rentre à Lyon pour une licence anglais-chinois, puis retourne en Chine pour une année de perfectionnement à l'Université des études internationales de Beijing. De 2009 à 2011, c'est l'école de commerce à Lyon... Re-stage à Shanghai en seconde année, puis stage encore à Mangshi, dans le Yunnan, pour son mémoire de diplôme.

« Ces deux stages m'ont ouvert les yeux entre autres sur la gestion des équipes multiculturelles. À Shanghai, je travaillais pour la filiale de Biomérieux en tant qu'interface entre la direction française de l'entreprise et les ouvriers chinois. La directrice ne semblait pas franchement enthousiaste de se retrouver en fin de carrière en Chine et son style managérial s'en ressentait. Cassante, assez autoritaire, elle refusait de répéter ou d'expliquer, ce qui entraînait souvent des quiproquos et des conflits. » François explique que les employés chinois, par politesse ou par désir de bien faire, hochaient souvent la tête en disant « oui, oui » même s'ils n'avaient pas compris toutes les instructions... Lui-même se trouvait souvent pris entre le marteau et l'enclume puisqu'il était chargé d'expliquer les objectifs au personnel chinois. Sa seconde expérience a été beaucoup plus positive : en stage dans la fonderie de silicium de Ferropem à Mangshi, la « ville des mangues » dans le Yunnan, le patron français ne parlait pas non plus chinois, mais lui laissait une grande marge de manœuvre. Il a découvert des employés motivés, et surtout reconnaissants des améliorations en termes de sécurité et de bien-être du personnel soumis à des contraintes assez physiques.

« Plus les clients sont nombreux, plus les thèmes sont variés ! »

Rentré à Lyon pour sa soutenance de fin d'études, François se trouve confronté à un marché du travail peu porteur. Son diplôme d'ingénieur commercial en poche, il cherche à valoriser ses connaissances sans trouver réellement chaussure à son pied... Peut-être doute-t-il un peu de sa vocation aussi ? C'est en tout cas une rencontre qui va lui faire découvrir sa vocation : « L'amie d'une amie, traductrice, me parlait de son métier et je me disais ‘‘c'est ça, finalement, que j'aimerais faire ! Mais aurai-je encore le niveau en chinois, après toutes ces années ?'' »

Pour le savoir, il s'inscrit en licence anglais-chinois la Seconde Université des langues étrangères de Beijing pour un semestre d'études intensives. Ensuite, il décroche un emploi au sein de la rédaction francophone de Beijing Review. Il participe à de nombreux collectifs de traduction d'ouvrages chinois en français, comme celui du livre de Xi Jinping La gouvernance de la Chine ou de Saveurs de la Chine de Li Yuan. Après deux ans de ce régime, c'est finalement l'amour qui prend le dessus : François décide de poursuivre sa collaboration à distance avec divers organes de presse chinois francophones pour retrouver sa compagne lyonnaise. Il traduit pour les rédactions francophones du site China.org.cn, de Chinafrique et parfois pour d'autres organismes du groupe de presse pékinois CIPG. Par ailleurs, il lui arrive de travailler en free-lance pour divers cabinets de traducteurs lyonnais.

« J'adore mon travail. Évidemment, quand on est à son compte, on est libre de ses horaires : pas de pointeuse, pas de patron, on s'organise comme on veut. Comme ma compagne travaille à l'extérieur et est soumise à des horaires stricts, c'est un peu sur moi que retombent l'intendance et les tâches ménagères. Alors je dois m'imposer une certaine discipline. Comme la plupart de mes clients se trouvent en Chine, je démarre ma journée pour être synchro avec leurs horaires de bureau. En hiver, ça veut dire que je dois me lever à 5 h 30 tous les matins. En revanche, je m'accorde une longue balade quotidienne le long des quais en fin de matinée pour décompresser et prendre un peu le soleil... »

Comme la plupart des auto-entrepreneurs, François fait un travail qui lui plaît sans compter les heures. Il travaille beaucoup pour joindre les deux bouts : en plus du travail de traduction proprement dit, il faut aussi faire tout un boulot de prospection pour décrocher des contrats. « Je travaille en free-lance avec plusieurs instituts de traduction qui me proposent quelques piges par-ci par-là, mais les conditions sont souvent draconiennes, en tarif comme en temps... Lorsque je sens que je ne pourrai pas livrer un travail de qualité, je préfère refuser. »

« Je peux travailler de n'importe où »

Un traducteur est toujours un peu artiste. Comme un musicien, il interprète une partition écrite ou pensée par un autre. Comme un peintre, il doit restituer toute la palette des sens possibles... Comme un sculpteur, il doit ciseler avec précision et enlever tout le superflu. « Si j'aime la traduction, c'est qu'elle est une traque, une quête, du mot juste. Elle nous pousse à nous interroger sur ce que veut dire vraiment l'auteur, mais également à remettre toujours en question le sens que nous posons sur les mots. J'aime beaucoup cette phrase, piquée chez Bernard Werber : ‘‘Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez en comprendre, ce que vous voulez comprendre, et ce que vous comprenez, il y a au moins neuf possibilités de ne pas se comprendre.'' Ce risque d'incompréhension est au cœur du travail de traduction, laquelle agit comme intermédiaire de la communication. Pour éliminer au maximum ce risque, il est indispensable de toujours remettre en question ce que l'on croit savoir ou comprendre. En ce qui me concerne, mon travail me permet de découvrir et de mieux comprendre les problématiques internationales, les avancées scientifiques, les progrès médicaux, des périodes de l'histoire ou encore certains concepts politiques. C'est passionnant. » Ses yeux bleus scintillent de passion.

« Je suis curieux... j'aime découvrir des thématiques nouvelles, c'est pourquoi je suis content d'avoir de nombreux clients. Plus les clients sont nombreux, plus les thèmes sont variés ! Plus les thèmes sont variés et plus on comprend la Chine sous ses innombrables facettes. »

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Source:La Chine au Présent

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