Philippe Entremont : l'art de mener la baguette... chinoise !

Par : Yann |  Mots clés : Philippe Entremont, pianiste, croisement
French.china.org.cn | Mis à jour le 02-07-2014

Le chef d'orchestre Philippe Entremont et la soprano Julie Cherrier étudient le répertoire avant le grand soir. (YU JIE)

La musique classique résonne désormais dans les oreilles chinoises

Philippe Entremont est très fier d'avoir été invité par la Chine pour diriger cet évènement. Toutefois, ce n'est pas sa première expédition au pays du Milieu. Il fut l'un des premiers chefs d'orchestre à donner une représentation en Chine, à Beijing puis Tianjin. « J'étais accompagné de mon propre orchestre, l'orchestre de chambre de Vienne. Nous avons été le 2e orchestre à venir en Chine. » Par la suite, il a visité les villes de Shenzhen, Shanghai, Qingdao, Lanzhou... En 2008, il a eu l'honneur d'être désigné ambassadeur de la France pour le gala Olympic Games Piano Extravaganza, à Beijing. L'année suivante, il a réalisé un enregistrement avec l'orchestre de Shenzhen. C'était la première fois qu'un maestro occidental travaillait ainsi avec un orchestre chinois.

Ainsi, à travers ses divers voyages, il a vu la Chine se développer à plein régime. « Je me rappelle la première fois que je suis allé à Shenzhen, il y a 45 ans. C'était un village de pêcheurs abritant 70 000 habitants. Il n'y avait rien et puis, boom ! une magnifique salle de concert, un opéra, de gigantesques buildings... comme partout en Chine maintenant ! » Il ajoute : « Ce n'est plus le même pays. Il s'est totalement transformé, absorbant plusieurs siècles en quarante ans. C'est fou ! Je suis très admiratif. »

Avec la mondialisation, la Chine s'est ouverte à l'étranger, tant au niveau économique que culturel. Aujourd'hui, la musique classique, qui a connu son apogée au XIXe siècle en Europe, est parvenue jusqu'aux oreilles chinoises il y a quelques décennies seulement. Philippe se réjouit qu'un pays aussi peuplé et qui possède déjà son propre folklore réagisse aussi bien à la musique classique, à la différence de sa voisine l'Inde.

« Aujourd'hui, dans tous les orchestres, vous avez énormément d'Orientaux. 75 % des effectifs des grandes écoles de musique sont Chinois », précise-t-il. Il jubile devant cette extraordinaire réserve de talents que renferme le pays. Il a déjà travaillé avec le pianiste Lang Lang, qui s'est illustré internationalement ces dernières années, et prend aujourd'hui sous son aile, ou plutôt son « bras » de direction, la jeune Tian Jiaxin, qu'il surnomme affectueusement « ma petite pianiste chinoise » lors de cette interview. Parmi les chefs d'orchestre aussi, la relève sera peut-être du côté de la Chine. Il précise que cette profession y est encore très récente, mais qu'il attend « le grand chef d'orchestre ».

Au vu de l'ampleur que prend le phénomène en Chine, il est admis de se demander si musique classique européenne et musique traditionnelle chinoise se rejoignent sur certains terrains communs. Mais pour Philippe Entremont, on ne peut comparer les deux : elles se sont développées séparément, avec des instruments différents. D'ailleurs, dans les cas précis de Lang Lang et Tian Jiaxin, ils ont étudié le piano aux États-Unis, et leur jeu n'est en rien révélateur de leur origine.

Toutefois, Philippe loue le charme de la culture orientale. Les yeux pleins d'étoiles, il commence à nous parler d'un prodigieux orchestre de luths japonais qu'il avait un jour admiré... En ce sens, il concède que musique classique et musique traditionnelle chinoise peuvent interagir en complète harmonie. Il est audacieux d'interpréter des morceaux classiques européens au moyen d'instruments chinois. « La musique est grande. C'est le langage international idéal », résume-t-il. En outre, quand nous lui demandons comment s'est passée la coopération avec les musiciens chinois, il répond de but en blanc : « Très bien ! » Mais nous n'en saurons pas davantage... « Est-ce que vous demandez à un grand chef ce qu'il se passe dans les cuisines ? »

Selon le proverbe, la musique adoucit les mœurs, mais visiblement, elle conserve également la bonne humeur et la santé. Bien qu'il vienne de fêter ses 80 printemps (dont il ne veut pas entendre parler), Philippe Entremont continue de multiplier les projets. Mais chut ! Il est encore trop tôt pour en parler... Nous essayons de savoir tout de même s'il repassera prochainement par la case Chine. « Si vous êtes là, je reviens ! » lance-t-il. Note humoristique sur laquelle notre pianiste a conclu son interview.

 

ANAÏS CHAILLOLEAU

 

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