Philippe Entremont : l'art de mener la baguette... chinoise !

Par : Yann |  Mots clés : Philippe Entremont, pianiste, croisement
French.china.org.cn | Mis à jour le 02-07-2014

Le 28 avril 2014, au Théâtre national de Chine à Beijing, Philippe Entremont a dirigé le concert « Esprit français », ouvrant le festival Meet in Beijing. (CFP)

Dans le cadre du festival Croisements, le pianiste et chef d'orchestre français Philippe Entremont a été invité par la Chine à diriger, le temps d'une soirée, l'orchestre de l'Opéra national de Chine. L'occasion pour nous de l'interviewer sur sa carrière, ses impressions sur la Chine et son avis sur le développement de la musique classique dans ce pays.

« C'est très amusant, parce que quand j'étais petit, vers 3-4 ans, ça me disait bien d'être pianiste. J'hésitais entre devenir pianiste et devenir Pape. Après, j'ai revu mes désirs à la baisse. Je me suis dit : "Cardinal, ça suffit !" » blague Philippe Entremont.

Ce n'est pas un simple pianiste que nous avons rencontré dans le luxueux Swissôtel de Beijing, mais l'un des plus grands chefs d'orchestre de la planète. Une impressionnante carrière de plus de soixante ans qui ne se devine pas chez cet homme généreux, farceur et toujours plein d'entrain.

Un parcours ad libitum

Né en 1934 d'une mère pianiste et d'un père violoniste-chef d'orchestre, avait-il vraiment le choix d'une autre carrière ? Il affirme que ses parents l'ont poussé à devenir musicien, mais il précise tout de même qu'ils ont eu de la chance : « On ne peut pas choisir de devenir pianiste ou chef d'orchestre. Il faut quand même avoir un don. Sans cela, on ne peut rien faire. » Dès son plus jeune âge, il a appris le piano auprès de Marguerite Long et fréquenté le conservatoire de Paris. À 14 ans, il décroche un premier prix de musique de chambre. Les années suivantes, il participera à de nombreux concours internationaux, à savoir ceux de Marguerite-Long-Jacques-Thibaud, de la Reine-Élisabeth-de-Belgique, de la Harriet Cohen Piano, de l'Académie Charles-Cros ou encore de l'Edison Award, où il finira à chaque fois sur le podium.

Un jour, un musicien de l'orchestre de Philadelphie, l'un des plus grands au monde, a suggéré à la maison de disques de Philippe de laisser diriger ce dernier. Notre pianiste avait alors 38 ans. Et c'est avec brio que l'artiste a relevé le défi. Il commente : « Depuis le début, j'avais pris l'habitude dans ma tête d'orchestrer tout ce que j'interprétais au piano. Vous savez que le piano, c'est un instrument dont les possibilités sont énormes. C'est très près d'un orchestre finalement. » Il donne l'exemple de Ravel, qui a orchestré nombre de ses œuvres écrites à l'origine pour piano, telles que Ma mère l'Oye, Le Tombeau de Couperin, Alborada del gracioso...

Cette aventure a marqué un tournant dans sa vie. « Ma vie a été complètement ruinée, parce que maintenant j'ai deux carrières, et c'est vraiment beaucoup ! » ironise-t-il. Dans son cas, « beaucoup » n'est qu'un humble euphémisme. Philippe Entremont a dirigé les plus grands orchestres symphoniques à travers la planète.

Et le lendemain de notre interview, il s'apprêtait à « mener à la baguette » – un mot qui fait tout aussi bien référence à la France qu'à la Chine – l'orchestre de l'Opéra national de Chine. Une grande soirée lyrique sino-française, intitulée « Esprit français », dans le cadre des festivals Croisements et Meet in Beijing. Au programme, des classiques chinois et français joués par une centaine de musiciens et interprétés par un chœur mi-chinois (la mezzo Yang Guang et le ténor Fan Jingma) et mi-français (la soprano Julie Cherrier et le baryton François Le Roux). Des artistes sélectionnés par ses soins pour leur talent et dont il suit l'évolution, tel que le ferait un grand-père avec ses petits-enfants. La complicité entre lui et Julie, présente au moment de l'interview, apparaissait évidente, tant les taquineries allaient bon train.

Pas de stress avant le grand soir ? « Le stress, c'est l'ennemi numéro un », nous répond-il avant d'enchaîner sur une anecdote. « Je me souviens, c'était un dimanche. Ma fille avait invité des petites amies à venir à la maison. Donc je les ai accueillies gentiment : "Bonjour, comment ça va ?..." Puis elles ont dit à ma fille : "Dis donc, il est drôlement joyeux ton père aujourd'hui. Qu'est-ce qu'il a ?" Alors elle leur a répondu : "Oh, il est content parce qu'il dirige le requiem de Mozart cet après-midi." » Une histoire qui le rend encore hilare et qui montre bien à quel point son métier est avant tout une passion.

Suivez China.org.cn sur Twitter et Facebook pour rejoindre la conversation.
1   2    


Les dernières réactions            Nombre total de réactions: 0
Sans commentaire.
Voir les commentaires
Votre commentaire
Pseudonyme   Anonyme
Retournez en haut de la page