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« Ce n'est pas de la mode que je fais »
En 2007, Ma Ke avait déjà présenté son défilé intitulé « Terre » sur la scène consacrée au prêt-à-porter lors la Semaine de la mode à Paris. Elle était ainsi devenue la deuxième styliste chinoise à dévoiler sa collection sur cette scène à Paris, après Xie Feng, fondateur de la marque Jefen.
« Ma Ke désirait une corrélation entre les vêtements et la nature », explique Zhao Qian. Pour ce faire, elle avait enfoui les tenues dans la terre, de sorte à ce que celle-ci les retouche elle-même. « La styliste ne contrôle pas tous les effets et délègue le processus de création à la nature ». Par ce procédé, habits et nature interagissent, permettant l'élaboration de vêtements uniques empreints de la mémoire de la nature, impossibles à reproduire.
Le 25 février de cette année-là, Ma Ke avait organisé la première exposition personnelle de ces créations à l'occasion de la semaine du prêt-à-porter à Paris. « Cette présentation différait des autres défilés par son caractère immobile. Les mannequins avaient été maquillés à l'aide de boue et ressemblaient à des sculptures. Le décor rappelait un musée de nuit, se souvient Zhao Qian. Ces statues humaines n'étaient pas des mannequins à proprement parler : certaines exerçaient cette profession, mais d'autres étaient danseuses, actrices de théâtre, et même artistes de rue. »
Ce défilé « Terre » a suscité la vive admiration des Parisiens pour cette couturière chinoise. « Ces vêtements sculptés sont aussi émouvants que les objets d'art emplis à jamais d'une force créatrice », a décrit Le Monde. Vogue l'a désignée, dans un article titré Qui est Ma Ke ?, comme « première vraie styliste de Chine ».
En raison des bons échos qui ont fait suite au défilé de Ma Ke, la Chambre syndicale de la haute couture parisienne l'a inscrite au programme officiel de la Semaine de la haute couture quand elle l'a de nouveau invitée en 2008. « Nous pensons que ses méthodes et ses collections sont au plus proches du concept de personnalisation dans la haute couture. Ses vêtements ne collent pas l'étiquette de la mode et sont inimitables. Nous avons classé Ma Ke en tant qu'‘‘artiste se servant des vêtements comme support''. Pas vraiment une styliste, plutôt une artiste qui se démarque du fait que son travail prend l'habillement comme vecteur », explique Mme Zhao.
Certains ont contesté les créations de Ma Ke, considérant qu'elles ne ressemblaient pas à la « haute couture ». Mais Didier Grumbach, président de la Chambre syndicale de la haute couture parisienne a déclaré sur place que la Semaine de la haute couture visait justement à permettre aux stylistes de manifester leur créativité, inexprimable ailleurs. « Pour révéler ces œuvres expérimentales et fort introspectives, il n'y a pas meilleure scène que la Semaine de la mode ».
« Pour moi, il s'agit uniquement d'une plateforme pour m'exprimer. Je sais bien que ce que je fais, ce n'est pas de la mode, a livré Ma Ke à propos de ce défilé. J'ai à cœur de réveiller la conscience de davantage de gens sur la valeur sentimentale que renferment ces traditions et ces mémoires sur le point de disparaître. Les visiteurs se promènent autour des œuvres et les observent, tandis que les mannequins se tiennent immobiles. Une telle formule fait également part de mon point de vue : les gens naissent égaux. Depuis ses débuts, la mode constitue un symbole de haute classe sociale et de privilèges. Mais je pense que chacun est égal devant ces œuvres, qui renvoient au visage de la vraie terre et à celui des agriculteurs. Sans le travail de ces derniers, les urbains ne pourraient pas vivre sur ce sol. Il n'y a vraiment pas de quoi se sentir supérieur aux paysans. »
| Source: french.china.org.cn | ![]() |
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