Invitée du 10^e Panorama du cinéma français, Catherine Corsini a présenté en Chine son dernier film, Trois Mondes, qui avait fait partie de la sélection Un certain regard lors du Festival de Cannes 2012.

Comme son titre l'indique, le film raconte les mondes de trois hommes : le coupable en fuite d'un accident de la route, un témoin et l'épouse de la victime. Leurs mondes se croisent, et la tragédie de l'accident les frappe les uns après les autres. « Je voulais faire un film avec plusieurs points de vue, […] un film avec plusieurs protagonistes et une histoire qui ricoche des uns aux autres », a expliqué la réalisatrice à China.org lors d'une interview exclusive. Elle a ajouté s'être inspirée des films d'Alejandro Gonzalez Inárritu, tels que Babel et Amours chiennes.

Accident de la route : inspirée par son propre vécu

« Quand j'étais petite, à 13 ans, j'ai moi-même été renversée par une voiture devant ma famille. La voiture est partie et m'a laissé sur la route. Ma mère est venue vers moi, elle croyait que j'étais morte parce que j'avais fait un soleil, que je suis tombée « paf » par terre, comme ça. Je me suis réveillée dans le camion des policiers. Je crois que cette histoire a dû travailler dans ma tête pour que plus tard j'en fasse un scénario. »

Mais il semble que Catherine Corsini cherche à montrer la complexité du monde d'aujourd'hui, plutôt qu'un simple accident de la route, en construisant le caractère complexe du héro – Al. « Je pense qu'au départ c'est plutôt quelqu'un de bien, mais il est entraîné par le fait qu'il veut réussir dans sa vie. »

Quant au choix du jeune acteur Raphaël Personnaz pour le rôle principal, la réalisatrice nous a confié avoir recherché un nouveau visage. « J'ai voulu prendre de jeunes acteurs parce qu'il n'y a pas assez de renouveau en France. C'est toujours les mêmes acteurs qu'on voit et qui sont connus à l'étranger. »

Un regard sur la situation difficile des immigrés clandestins

Dans Trois mondes, la victime de l'accident est sans-papiers, un immigré moldave. « C'est un pays tout petit, qui a été occupé par la Russie. Ce petit pays est extrêmement pauvre, les gens sont obligés de partir à l'étranger pour travailler. On parle souvent des immigrés d'Afrique, mais on parle rarement des immigrés moldaves », a répondu la réalisatrice.

Le droit des immigrés clandestins est un sujet qui préoccupe Catherine Corsini depuis longtemps. « En 1995, je me suis engagée dans des actions politiques de soutien aux sans-papiers qui travaillent en France et qui vivent dans des conditions difficiles. »

« Je me suis rendue compte qu'en France, il existe une économie parallèle très importante générée par le travail des sans papiers, et que si cette économie n'était plus là, l'économie française chuterait beaucoup. Mais je trouve que la façon qu'on aborde le problème est mauvaise », a-t-elle commenté à propos du problème de société.

Il faut accroître les échanges entre la France et la Chine

Selon elle, les échanges entre la Chine et la France, qui sont deux grands pays dans le domaine du cinéma, ne sont pas suffisants. « Je vois qu'il y a des cinéastes chinois qui viennent en France pour faire des films, comme Lou Ye. C'est dommage que de notre côté, nous n'allions pas plus souvent en Chine pour faire des films. Il faudrait d'avantage d'échanges. »

Aux yeux de la réalisatrice, la Chine est un pays immense et formidable, doté d'une histoire incroyable. D'après elle, il y a beaucoup de choses qu'un cinéaste venant tourner en Chine peut y découvrir. « On peut imaginer par exemple un personnage français arrivant en Chine. On peut imaginer plein de choses qui se passeraient à des époques différentes, avec la découverte du monde. et plein de fictions. », a-t-elle affirmé.

par Vivienne ZHANG